(Ottawa) Le Canada annonce l’application de nouvelles sanctions contre le régime au pouvoir en Russie de même qu’un soutien supplémentaire à l’Ukraine.

Le premier ministre Justin Trudeau a aussi dévoilé mardi son intention de créer une équipe spéciale chargée de contrer la désinformation et la propagande russes, alors que les responsables soulignent cette semaine les six mois de l’invasion de l’Ukraine par Moscou.

Le premier ministre a annoncé l’initiative dans le cadre d’un ensemble de nouvelles mesures canadiennes conçues pour soutenir l’Ukraine et punir la Russie pour avoir lancé une guerre qui a tué des dizaines de milliers de personnes et dont les effets se font sentir dans le monde entier.

Lors du sommet virtuel des chefs d’État et de gouvernement de la Plateforme internationale pour la Crimée, le premier ministre Justin Trudeau a précisé que le Canada imposait de nouvelles mesures à 62 proches collaborateurs du régime russe et à une entité du secteur de la défense qui, dit-il, est complice de l’invasion de l’Ukraine menée par la Russie.

Parmi les personnes sanctionnées figurent de hauts fonctionnaires du gouvernement russe, notamment des gouverneurs fédéraux et des chefs régionaux, des membres de leur famille et de hauts responsables d’entités du secteur de la défense actuellement visées par des sanctions. Une entreprise russe dont les produits comprennent des équipements anti-drones est également visée.

Le premier ministre a également annoncé l’octroi d’un financement de 3,85 millions en appui à deux projets ukrainiens dans le cadre du Programme pour la stabilisation et les opérations de paix.

De cette somme, un total d’environ 2,9 millions de financement supplémentaire sera accordé au projet de perfectionnement de la police Canada-Ukraine, notamment une formation pour aider les policiers ukrainiens à mieux gérer les cas de traumatisme sexuel ainsi que des programmes de santé mentale. Et quelque 950 000 $ seront consacrés à l’avancement d’objectifs de réforme dans le cadre du projet d’échange de savoir-faire technique et de capacités.

M. Trudeau a dévoilé ce programme lors d’une réunion spéciale des dirigeants des pays qui soutiennent l’Ukraine depuis que les forces russes ont pénétré dans le pays le 24 février, déclenchant ainsi le plus grand conflit en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Théoriquement destinée à discuter de l’annexion illégale de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en 2014, la réunion a également eu lieu alors que les Ukrainiens se préparaient à marquer mercredi l’anniversaire de l’indépendance de leur pays vis-à-vis de l’Union soviétique en 1991.

S’exprimant par vidéoconférence depuis Toronto aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, qui effectue une visite de trois jours au Canada, M. Trudeau a accusé la Russie de blâmer à tort les sanctions occidentales pour l’escalade des prix des denrées alimentaires et les pénuries dans le monde.

Alors que les responsables russes ont attribué la crise alimentaire aux sanctions imposées en réponse à l’invasion de l’Ukraine, le Canada et ses alliés affirment que Moscou est responsable de l’interruption de la production et de l’exportation de produits alimentaires ukrainiens essentiels.

« Je tiens à répéter encore une fois qu’il n’y a pas de sanctions sur la nourriture. Lorsque le régime russe blâme les sanctions pour la crise alimentaire dans le monde, il se livre à la désinformation », a dénoncé M. Trudeau.

Le Canada entend poursuivre sa lutte contre ce qu’il appelle la désinformation parrainée par l’État russe en établissant une équipe spécialisée qui aidera à accroître sa capacité à comprendre, à surveiller et à détecter cette désinformation. L’initiative vise aussi à permettre une collaboration internationale plus étroite.

« Nous devons continuer à lutter contre la désinformation russe. C’est pourquoi le Canada créera une équipe dédiée pour aider à accroître notre capacité à surveiller et à détecter la désinformation russe et d’autres États », a dit M. Trudeau.

Il n’a pas fourni plus de détails dans son bref discours à la réunion, à laquelle participait notamment le président ukrainien Volodymyr Zelensky, et son cabinet a renvoyé les questions au bureau de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Le bureau de Mme Joly n’a pas immédiatement répondu aux demandes pour commenter la création de cette équipe.

Le gouvernement a déjà fait appel à différentes agences fédérales, dont le ministère de la Défense et le Centre de la sécurité des télécommunications, pour dénoncer publiquement ce qu’il considère comme de la désinformation et de la propagande russes.

Le chancelier Scholz a fait écho à l’affirmation de M. Trudeau selon laquelle l’invasion de la Russie « était responsable de la détérioration de la sécurité alimentaire, avec de graves implications pour les populations du monde entier ». Il a réitéré le soutien continu de son pays à l’Ukraine.

Pendant ce temps, un sentiment de crainte s’est intensifié mardi en Ukraine en raison des avertissements selon lesquels la Russie pourrait tenter de gâcher la fête de l’indépendance du pays et marquer le moment des six mois de la guerre avec des attaques intensifiées.

Les États-Unis ont renforcé cette inquiétude avec une alerte de sécurité indiquant qu’elle avait « des informations selon lesquelles la Russie intensifie ses efforts pour lancer des frappes contre les infrastructures civiles et les installations gouvernementales de l’Ukraine dans les prochains jours ».

Les autorités de Kyiv ont interdit les rassemblements de masse dans la capitale jusqu’à jeudi par crainte d’attaques de missiles à l’occasion du Jour de l’indépendance, et le président Zelensky a averti ce week-end que la Russie « pourrait essayer de faire quelque chose de particulièrement méchant, quelque chose de particulièrement cruel ».

Cependant M. Zelensky a mis l’accent sur le défi plutôt que sur l’inquiétude mardi lorsqu’il a hissé le drapeau national lors d’un mémorial la veille du Jour de l’indépendance.

Lors d’un évènement distinct, M. Zelensky a semblé minimiser les menaces, indiquant qu’il s’attendait tout au plus à une intensité accrue plutôt qu’à de nouvelles cibles, et il a ajouté : « personne ne veut mourir, mais personne n’a peur de la Russie, et c’est le signe le plus important. »