(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau dit avoir une « grande préoccupation » quant au recul du français au Québec qui se reflète dans les données récemment publiées par Statistique Canada, mais maintient qu’il a des réserves quant à la loi 96 modernisant la Charte québécoise de la langue française.

Questionné sur ce sujet vendredi au cours d’un point de presse aux Îles-de-la-Madeleine, il a fait un lien entre les droits de la minorité anglophone au Québec et ceux des minorités francophones dans les autres provinces.

« Le Québec prend sa responsabilité très au sérieux de protéger la langue française au Québec, mais ce n’est pas juste au Québec que les gens parlent français à travers le pays et il faudrait qu’on s’assure que la protection de la langue française au Québec ne nuise pas à la protection de la langue française en situation minoritaire à travers le pays », a soutenu M. Trudeau.

« La protection des minorités francophones à travers le pays, il y a des parallèles directs avec la protection des minorités anglophones au Québec qui sont très différentes […] dans les menaces auxquelles elles font face, mais les principes de protection […] tiennent et nous allons toujours être là pour ça », a-t-il ajouté.

Le premier ministre fédéral n’a pas précisé si son gouvernement a l’intention de s’impliquer dans une contestation de la loi 96.

Appelé à réagir aux données dévoilées mercredi par Statistique Canada confirmant que le poids démographique des francophones a poursuivi son déclin de 2016 à 2021, M. Trudeau a dit partager les inquiétudes de bien des Québécois et Canadiens face à ce recul.

« Bien que ça a été un choc de voir les chiffres, ce n’était pas vraiment une surprise », a-t-il dit en mentionnant que la tendance s’observe depuis des années.

Il n’a pas manqué de rappeler que son gouvernement a été le premier à reconnaître la responsabilité du fédéral de protéger le français au Québec et pas seulement ailleurs au Canada.

« On comprend que ça prend des mesures et des actions plus concertées et plus [focalisées] sur cela », a poursuivi M. Trudeau.

Selon les données publiées par Statistique Canada et tirées du recensement de 2021, le pourcentage de Québécois parlant principalement le français à la maison est passé de 79 % à 77,5 % depuis le précédent recensement de 2016.

La part de Québécois qui ont uniquement le français comme première langue officielle parlée a diminué de 1,5 point de pourcentage, passant de 83,7 % à 82,2 % de 2016 à 2021.

Pendant ce temps, le nombre de personnes dont l’anglais est la première langue officielle parlée a continué d’augmenter dans la province, passant de 12 % à 13 %. En chiffres absolus, cet indicateur représente plus d’un million de locuteurs au Québec, une première depuis que ce type de données est compilé par Statistique Canada.