Le Bloc québécois conteste la création du « Bloc Montréal », jugeant que ce nouveau parti provincial fondé par l’ancien candidat à la mairie, Balarama Holness, « créerait de la confusion » et pourrait induire les électeurs en erreur.

« Nous vous écrivons aujourd’hui pour contester officiellement la création d’une nouvelle formation politique sous l’appellation Bloc Montréal. À quelques mois d’une élection générale au Québec, l’apparition d’une formation politique ainsi nommée ne créerait que de la confusion, certains électeurs pouvant être portés à croire que celle-ci pourrait être liée à notre parti », écrit la présidente du Bloc québécois et ex-députée bloquiste Johanne Deschamps, dans une lettre envoyée au Directeur général des élections du Québec (DGEQ) au cours des derniers jours.

Mme Deschamps affirme aussi dans sa lettre que « dans les dernières semaines, plusieurs médias de premier plan ont soulevé la ressemblance entre le nom du Bloc québécois, et celui de Bloc Montréal ».

« Pourtant, nos valeurs sont radicalement opposées, tant sur la langue que [sur] le développement régional ou nos ambitions pour l’avenir du Québec, rendant d’autant plus injustifiable et dommageable une quelconque ressemblance entre les noms de nos deux formations politiques », dénonce encore la présidente du parti.

Cette dernière réitère qu’à l’aube d’une élection, « il est impératif de faciliter l’accès à l’information pour l’électorat, tout en évitant tout risque de méprise et d’ambiguïté, en particulier considérant les multiples formations politiques en lice ».

« À des fins de clarté et de cohérence, nous vous demandons donc, au nom du Bloc québécois, de ne pas autoriser l’utilisation de ce nom par ce nouveau parti », conclut-elle.

« Aucun fondement », réplique Holness

Joint à ce sujet, le chef du Bloc Montréal, Balarama Holness, affirme n’avoir nullement l’intention de changer le nom de son parti. « Le Bloc québécois n’a aucun fondement juridique avec cette plainte. C’est un parti politique au fédéral et nous sommes un parti politique au provincial », lance-t-il.

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Balarama Holness

« La thèse centrale du Bloc québécois, c’est que le fédéral se mêle des affaires du provincial. Et là, ironiquement, c’est exactement ce qu’ils font. C’est d’une hypocrisie inimaginable », ajoute encore M. Holness, ajoutant qu’« en suivant la logique du Bloc québécois », le Parti libéral du Québec (PLQ) ne pourrait coexister avec le Parti libéral du Canada (PLC).

Au DGEQ, le porte-parole Gabriel Sauvé-Lesiège confirme que le parti Bloc Montréal a été approuvé en tant que formation politique pour les prochaines élections québécoises, cet automne. Il précise toutefois que le DGEQ tient seulement compte « des noms de partis autorisés au provincial et au municipal » pour rendre une décision, ce qui explique pourquoi le Bloc Montréal a été approuvé même si le Bloc québécois, un parti fédéral, existe depuis longtemps.

Plus globalement, un nom de parti ne doit pas « être susceptible d’amener les électeurs à se méprendre sur le parti auquel ils destinent leurs contributions », affirme M. Sauvé-Lesiège.

Le nom de parti ne doit pas être identique ou semblable au nom d’un parti autorisé ou ayant été autorisé ou au nom de tout autre regroupement ou organisation de notoriété publique. L’électrice ou l’électeur qui verse une contribution à un parti doit pouvoir le faire sans risque de confusion.

Gabriel Sauvé-Lesiège, porte-parole du DGEQ

D’ailleurs, le nom d’un parti ne doit pas comporter le mot « indépendant », pour ne pas confondre ce dernier avec les candidats sans affiliation politique au Québec.

Ex-joueur des Alouettes, Balarama Holness s’est d’abord fait connaître du grand public par son implication à la barre de Montréal en action, organisme qui a forcé la Ville à tenir une consultation publique sur le racisme systémique. Aux dernières élections municipales, il avait récolté un peu plus de 7 % des voix en se présentant à la mairie de Montréal sous la bannière du parti qu’il avait créé, Mouvement Montréal.

Il avait ensuite annoncé en avril la création d’un parti provincial, Mouvement Québec, qu’il a ensuite dû rebaptiser Bloc Montréal, en raison d'un refus du DGEQ. Selon M. Holness, Bloc Montréal visera surtout à prendre des circonscriptions défendues par les libéraux. Il en vise d’ailleurs 10 en particulier, toutes représentées par des libéraux, dont celle de la cheffe Dominique Anglade, Saint-Henri–Sainte-Anne, mais aussi Notre-Dame-de-Grâce, D’Arcy-McGee, Nelligan, Robert-Baldwin, Jacques-Cartier, Mont-Royal–Outremont, Marquette, Saint-Laurent et Westmount–Saint-Louis.