(Ottawa) Bill Graham, qui était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement libéral de Jean Chrétien lorsque le Canada a décidé de ne pas se joindre à l’invasion américaine de l’Irak en 2003, est décédé à l’âge de 83 ans.

L’ancien député libéral John English a indiqué à La Presse Canadienne que M. Graham est décédé dimanche, selon un membre de sa famille qui lui a annoncé la nouvelle plus tôt dans la journée.

M. English a déclaré que Graham avait un cancer et qu’il était décédé paisiblement après avoir été en mauvaise santé pendant un certain temps.

Le premier ministre Justin Trudeau a indiqué dans une déclaration écrite que l’ancien politicien était « un fervent défenseur du bilinguisme et du multiculturalisme, du logement abordable et des droits des personnes LGBTQ2, M. Graham a eu un impact considérable sur la vie des Torontois et de tous les Canadiens. »

M. English assure que c’était « un gars amusant ».

« Je suis sorti avec lui pour boire un verre il y a à peine trois ou quatre semaines. Il ne buvait pas. […] Il a bu un bon verre de vin, mais il ne pouvait pas nous rejoindre », se souvient-il.

« C’est une présence si merveilleuse. Si positif, si optimiste. C’est une personne à prendre au sérieux, mais il ne s’est jamais pris au sérieux. Il débordait de rires. Il riait très facilement. »

M. Graham était chancelier du Trinity College de l’Université de Toronto. Lui et sa femme, Catherine, y ont été étudiants et se sont mariés à la chapelle. Ils ont eu deux enfants : Katy et Patrick.

M. Graham a été élu pour la première fois député libéral de la circonscription alors connue sous le nom de Toronto-Centre – Rosedale en 1993, après deux élections infructueuses.

En janvier 2002, des mois après que les attentats terroristes du 11 septembre ont secoué le monde, il a été nommé ministre des Affaires étrangères par l’ancien premier ministre Jean Chrétien.

À ce moment-là, le Canada devait décider s’il se joignait à l’invasion de l’Irak dirigée par les États-Unis, puis naviguer dans ses relations avec son allié le plus proche lorsqu’il a choisi de ne pas le faire.

M. Graham a ensuite été ministre de la Défense nationale, puis en 2006, après l’arrivée au pouvoir des conservateurs sous Stephen Harper, il a été chef libéral par intérim après la démission de l’ancien premier ministre Paul Martin.

D’anciens collègues ont fait l’éloge de M. Graham en disant qu’il était un député compétent et quelqu’un qui démontrait une profonde passion pour aider les gens de sa communauté.

En plus d’avoir été un ancien ministre fédéral et chef de l’opposition officielle, Bill Graham était un avocat.

Il a servi dans la réserve navale de la Marine royale canadienne au grade d’enseigne de vaisseau de 1 classe. Il a obtenu un doctorat en droit de l’Université de Paris, a exercé la profession en plus de l’enseigner dans différentes universités, soutient la déclaration de M. Trudeau transmise par son cabinet.

« Avant d’entreprendre un long mandat comme député et représentant des gens de Toronto, il était l’un des plus grands experts canadiens en droit international et en droit commercial international », indique le communiqué.

« On se souviendra de lui comme d’un négociateur hors pair et d’un homme d’État compétent qui a partagé son amour du Canada avec le monde entier », a déclaré M. Trudeau.

Après sa carrière en politique, M. Graham a notamment été président du conseil d’administration du Conseil atlantique du Canada (aujourd’hui le Conseil canadien de l’OTAN) ainsi que le coprésident du conseil d’administration du Conseil international du Canada.

Il a également fondé, financé et présidé le conseil d’administration du Bill Graham Centre for Contemporary and International History de l’Université de Toronto.

Les réalisations de l’ancien ministre ont souvent été soulignées. Il a notamment reçu le titre d’Officier de l’Ordre du Canada. Il s’est aussi démarqué par ses contributions à l’avancement de la langue française. Il a reçu entre autres les titres de Chevalier de la Légion d’honneur (France) et de Chevalier de l’Ordre de la Pléiade (Organisation internationale de la francophonie).

Le premier ministre a offert ses condoléances à la famille et aux proches de M. Graham. Il a ajouté que l’homme était un « un dirigeant chevronné et un spécialiste réputé dans son domaine ».

« Ses réalisations, son dévouement et ses services demeureront une source d’inspiration pour les Canadiens », a conclu M. Trudeau.