Moins de 25 % des membres ont voté dans la course conservatrice

(Ottawa) Jean Charest persiste et signe : les jeux sont loin d’être faits dans la course à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC), même si plusieurs observateurs estiment qu’il faudrait un alignement parfait des astres pour qu’il réussisse à coiffer le député Pierre Poilievre au fil d’arrivée le 10 septembre.

À preuve, a fait valoir l’ancien premier ministre du Québec, moins de 25 % des 670 000 membres se sont prévalus jusqu’ici de leur droit de vote (environ 150 000). Il compte profiter des quatre prochaines semaines pour plaider sa cause auprès de ceux qui n’ont pas encore voté en défendant qu’il est le mieux placé pour mener les conservateurs à la victoire aux prochaines élections face aux libéraux de Justin Trudeau.

Dans l’immédiat, M. Charest et son équipe prévoient multiplier les rencontres avec les organisateurs de la campagne du maire de Brampton, Patrick Brown, qui a été disqualifié de la course le mois dernier, afin de s’assurer de leur appui et de coordonner leurs efforts pour « faire sortir le vote ». Une telle rencontre a d’ailleurs eu lieu jeudi soir.

Écarté de la course après qu’une employée de sa campagne l’eut accusé d’avoir contourné les règles de financement d’Élections Canada, Patrick Brown a formellement donné son appui à Jean Charest et a invité ses partisans à en faire autant.

« Rien n’est décidé. Il y a 75 % des membres qui n’ont pas encore voté. Tout va se jouer sur la sortie du vote. Tout, tout se joue là-dessus. C’est un système de 100 points par circonscription », a analysé M. Charest.

L’autre chose qu’il faut garder en tête : il y a plus de circonscriptions au Québec qu’il y en a au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta mis ensemble. Il faut gagner aux bonnes places.

Jean Charest, candidat dans la course à la direction du PCC

Au lendemain du troisième débat organisé par le parti auquel M. Poilievre a refusé de participer au motif qu’il avait déjà exposé ses idées lors des débats précédents, M. Charest a de nouveau dénoncé ce geste de « mépris » envers les membres du parti.

« M. Poilievre se trouvait en Saskatchewan le soir du débat, bien sûr parce qu’il veut que l’on gagne plus de [circonscriptions] dans cette province. Mais c’est impossible. Le Parti conservateur détient déjà les 14 [circonscriptions]. Il aurait fallu qu’on le dise à M. Poilievre avant qu’il se rende là. C’est en Ontario qu’il faut gagner des sièges, et au Québec aussi. Pierre, allume, un peu ! », a ironisé M. Charest.

PHOTO PATRICE LAROCHE, ARCHIVES LE SOLEIL

Pierre Poilievre, meneur dans la course à la direction du PCC

En entrevue, M. Charest a affirmé qu’il ne souhaitait pas se lancer dans des conjectures sur son avenir en cas de victoire de Pierre Poilievre, affirmant qu’il est au cœur d’une dure bataille qui entre dans une phase décisive.

Avenir incertain

Durant le débat de mercredi soir, M. Charest a été interpellé à trois reprises par le député Scott Aitchison au sujet de ses intentions s’il ne remporte pas la victoire. M. Charest a esquivé les questions à ce sujet.

« Vous posez toujours ce genre de questions parce que vous observez le match. Mais je suis comme un boxeur qui est inscrit dans un match de 15 rondes, et à la 12e ronde, Joël-Denis Bellavance me prend à part et me demande : “Qu’est-ce que tu vas faire après si tu ne gagnes pas ?” Ma réponse est simple : “Je suis comme occupé un petit peu. Je suis en plein dans la bataille, et la seule possibilité pour moi, c’est de gagner le match ! Alors je ne vais pas commencer à faire des spéculations sur autre chose qu’une victoire. C’est aussi simple que cela” », a-t-il dit.

M. Charest a aussi tenu à rappeler qu’il avait toujours été sous-estimé durant sa carrière politique et qu’il saura confondre les sceptiques de nouveau.

« Cela ne me fait pas de peine. Je l’ai toujours joué à mon avantage. C’est arrivé aux élections de 1998, en 2003 aussi. En 2002, on disait que Mario Dumont allait devenir premier ministre du Québec et que c’était clair que je n’allais pas gagner. En février 2003, il y avait un sondage où j’arrivais troisième. Pourtant, je suis devenu premier ministre quelques mois plus tard », a-t-il rappelé.

Il a aussi souligné que le meneur des deux dernières courses à la direction du Parti conservateur a mordu la poussière le jour J.

M. Charest a reproché à quelques reprises à Pierre Poilievre de mener une campagne négative à l’américaine en se livrant à des attaques personnelles d’une rare virulence contre lui et les autres candidats. Mais il a confié à l’animateur Karl Bélanger de la station de radio 104,7 de l’Outaouais qu’il pourrait malgré tout le nommer ministre dans un futur gouvernement Charest.