(Ottawa) Jean Charest tente de minimiser l’impact de la sortie de l’ex-premier ministre Stephen Harper, qui a apposé son sceau d’approbation à la candidature de Pierre Poilievre, lundi soir. Mais d’après un ex-stratège conservateur, il s’agit d’un « coup de circuit » pour le camp Poilievre.

L’ancien premier ministre du Québec a réagi tard en soirée, lundi, à l’annonce de cet appui prévisible, mais tout sauf banal – d’autant plus que lors des deux dernières courses à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC), Stephen Harper n’avait pas publiquement choisi de favori.

« M. Harper a fait un choix personnel. M. Harper et ses soutiens seront toujours les bienvenus au PCC », lit-on dans la brève déclaration écrite publiée sur les réseaux sociaux quelques heures après la sortie de l’ancien premier ministre du Canada, avec qui Jean Charest a plus souvent qu’autrement été à couteaux tirés.

Il contredit le postulat que fait Stephen Harper dans sa vidéo : c’est lui, et non Pierre Poilievre, qui a le plus de chances de gagner la prochaine élection, et ce, avec une majorité de sièges.

« Cette course à la chefferie porte sur l’avenir, et le choix qu’auront à faire les militants est clair : ou bien perdre davantage de circonscriptions, ou bien bâtir un momentum à travers le pays qui permettra de remporter un gouvernement majoritaire », déclare Jean Charest.

Dans les cercles conservateurs, plusieurs sont d’avis que l’appui de Stephen Harper vient de sceller le sort de la course, dont Pierre Poilievre était déjà largement considéré comme le meneur. C’est aussi ce que plusieurs coups de sonde tendent à démontrer.

« Un coup de circuit »

L’ancien stratège conservateur Yan Plante voit en cette rarissime prise de position de celui qui a été premier ministre de 2006 à 2015 « une forte symbolique ».

« M. Harper est encore aujourd’hui le conservateur le plus respecté au Canada. C’est un coup de circuit pour le camp Poilievre. Aucun autre appui, incluant [Brian] Mulroney, ne s’approche même de la cheville d’Harper en importance dans le mouvement actuel conservateur », a-t-il écrit sur Twitter, mardi.

En revanche, chacun tentera de présenter la sortie à son avantage. « Chez Charest, on va dire que c’est une sortie qui démontre la panique de Poilievre. Que tout est possible. Chez Poilievre, on peut se vanter d’avoir l’appui d’Harper », analyse celui qui est maintenant vice-président à l’agence de relations publiques Tact.

Charest veut un débat bilingue

Dans ce qui semble être une tentative de rappeler que Pierre Poilievre boudera le 3e débat officiel du parti, ou pour se retrouver dans une posture avantageuse face à ses rivaux qui ne parlent pas français, Jean Charest a réclamé mardi que les candidats croisent le fer dans les deux langues officielles.

« Maintenant que la date du prochain et dernier débat officiel du @PCC_HQ a été choisie (3 août), espérons qu’il sera bilingue ! Le Canada est fort de son bilinguisme et les deux langues doivent être défendues de manière égale », a-t-il fait valoir sur son compte Twitter.

L’amende pour un candidat qui refuse de participer à un débat du parti est de 50 000 $

Le prochain chef du Parti conservateur sera connu le 10 septembre prochain. Les résultats seront annoncés à Ottawa.