(Ottawa) Le candidat à la direction du Parti conservateur Pierre Poilievre refuse de prendre part à un troisième débat, tançant le parti pour le format « gênant » du premier débat en anglais modéré par un membre de l’« élite médiatique libérale », et se payant la tête de Jean Charest.

Le meneur présumé de la course a signalé jeudi, quelques heures après l’annonce, par les instances du parti, de la tenue d’une nouvelle joute oratoire, qu’il n’avait pas l’intention de croiser le fer avec ses adversaires. Ce faisant, il s’expose à une amende.

« Ce n’est pas la faute de [notre] campagne si le débat du parti à Edmonton a été largement perçu comme un exercice gênant », a pesté l’équipe Poilievre dans un communiqué publié en anglais sur les réseaux sociaux par son influente conseillère Jenni Byrne.

« Le parti a choisi une personnalité médiatique de l’élite laurentienne libérale [l’ex-journaliste Tom Clark] pour modérer le débat à Edmonton. Au lieu de poser des questions sur les politiques, il a posé des questions inutiles comme : “Quel livre lisez-vous ?” ou “Quelle série écoutez-vous en rafale ?” », y ajoute-t-on.

On n’assistera donc pas à un dernier affrontement entre Pierre Poilievre et Jean Charest.

L’animosité entre les deux hommes est manifeste depuis le début de la campagne. On l’a vite réalisé : en mai dernier, lors d’un débat organisé par le Canada Strong and Free Network, le député de Carleton est monté sur la scène sans serrer la main de l’ancien premier ministre du Québec.

À défaut de pouvoir revoir l’hostilité sur un écran, on peut la lire dans le communiqué de l’équipe Poilievre.

« Jean Charest a de la difficulté à attirer quelques dizaines de personnes à ses évènements de campagne. C’est la raison pour laquelle il veut un autre débat – pour profiter de la popularité de Pierre auprès des membres et rallier un public qu’il ne peut avoir par lui-même », a-t-on raillé.

« Manque de respect »

La campagne Charest a taxé l’abstention de Pierre Poilievre de « manque de respect envers la direction du parti et ses 675 000 membres », accusant l’élu hyperactif sur les médias sociaux de préférer « publier des vidéos stagées plutôt que de répondre à des questions en temps réel, dans la vraie vie ».

La décision d’organiser un troisième débat officiel a été prise par le comité organisateur de l’élection du chef à l’issue d’un sondage mené auprès des membres. Ceux-ci ont voté « massivement » (à 65 %) en faveur de la tenue d’une joute oratoire additionnelle, a souligné la formation politique.

L’évènement doit avoir lieu quelque part en août.

En plus de Jean Charest, les candidats Scott Aitchison et Roman Baber plaidaient en faveur de la tenue d’un autre débat. A priori, l’équipe de la dernière compétitrice, Leslyn Lewis, avait plaidé que celle-ci participerait possiblement à une nouvelle joute oratoire.

Possiblement comme dans peut-être pas, en fin de compte.

« Les enjeux auxquels font face les Canadiens des régions rurales n’ont pas été abordés dans les débats, a dit la candidate dans un communiqué en anglais. Je ne suis pas convaincue qu’un débat de haut niveau couvrira de nouveaux enjeux, ou qu’il sera suivi par les membres. »

Le nouveau chef conservateur sera connu le 10 septembre prochain.