(Krün) Le Canada envisage de développer de nouvelles infrastructures afin d’aider d’autres pays à s’éloigner du pétrole et du charbon russes, a déclaré mardi le premier ministre Justin Trudeau à l’issue du Sommet du G7, axé sur le conflit en Ukraine.

Dans leur communiqué final, les dirigeants du G7 indiquent qu’ils travaillent pour s’assurer que la Russie n’exploite pas sa position de producteur d’énergie en profitant de son agression au détriment des pays vulnérables.

« Nous continuerons d’imposer des sanctions économiques immédiates et sévères au régime du président Vladimir Poutine en raison de la guerre d’agression injustifiable qu’il mène contre l’Ukraine, tout en accroissant nos efforts pour remédier à l’impact négatif et nocif de celle-ci aux niveaux régional et mondial, en particulier pour aider à garantir la sécurité énergétique et alimentaire mondiale et à stabiliser la reprise économique », indique le communiqué final des chefs d’État et de gouvernement des pays du G7, réunis en Allemagne.

Le G7 regroupe le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon. La guerre en Ukraine a mis à rude épreuve les marchés de l’énergie en Europe et la sécurité de l’approvisionnement dans le monde. Au cours du sommet de trois jours en Bavière, les dirigeants ont convenu d’envisager un plafond sur le prix du pétrole brut et du pétrole en provenance de Russie — et même une interdiction complète du pétrole et du charbon russes.

« Le Canada, en tant que producteur de pétrole et de gaz, s’assure qu’à court terme, nous faisons ce que nous pouvons pour atténuer les pressions », a déclaré M. Trudeau lors de la conférence de presse de clôture du Sommet du G7.

« Nous envisageons également à moyen terme d’étendre certaines infrastructures, mais d’une manière qui atteint cet objectif, à moyen et long terme, d’accélérer la transition non seulement du pétrole et du gaz russes, mais de toute notre dépendance aux combustibles fossiles. »

Les dirigeants ont convenu qu’il n’était pas question de faire des compromis sur les objectifs en matière de climat et de biodiversité pour faire face à la crise énergétique croissante.

L’idée d’interdire le pétrole russe n’est encore qu’en discussion et devrait être mise en œuvre avec soin afin d’atténuer les impacts potentiels pour les pays vulnérables qui dépendent de la Russie.

Le succès d’un plafonnement des prix dépendrait également probablement de la coopération d’un maximum de pays, y compris l’Inde, qui a acheté du pétrole russe à bon prix.

M. Trudeau a rencontré lundi le premier ministre indien, Narendra Modi, qui avait été invité au Sommet du G7 par le chancelier allemand, Olaf Scholz. Le premier ministre canadien a admis que le Canada et l’Inde ne partageaient pas la même position sur l’Ukraine.

M. Trudeau a également rencontré mardi le premier ministre italien, Mario Draghi, avec qui il devait être question de la crise énergétique. « Le Canada est un important producteur et le point de vue du premier ministre Trudeau est donc important », a-t-il indiqué.

Aider l’Ukraine

M. Trudeau a par ailleurs déclaré mardi que le Canada restait déterminé à soutenir l’Ukraine dans la défense de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.

Dimanche, alors que le sommet en Allemagne était sur le point de commencer, des semaines de calme relatif à Kyiv ont été brisées lorsque des missiles russes ont frappé la capitale ukrainienne. Lundi, un missile russe a frappé un centre commercial dans la ville centrale de Krementchouk.

« Il est important que le monde ne se détourne pas de ce qui se passe en Ukraine. Nous devons rester déterminés jusqu’à ce que l’Ukraine et la démocratie l’emportent », a déclaré M. Trudeau lors de la conférence de presse de clôture.

Il a annoncé mardi plus d’argent pour l’Ukraine, dont un prêt de 200 millions par l’intermédiaire du Fonds monétaire international. En plus du prêt au gouvernement ukrainien, le Canada accorde 75 millions en aide humanitaire pour soutenir les opérations en Ukraine et dans les pays voisins. Ce soutien comprendra la fourniture d’une aide alimentaire en nature, de l’argent en espèce et en bons d’urgence, des abris et des services de santé.

« Si le président [Volodymyr] Zelensky et les Ukrainiens décident qu’il est temps de négocier ou d’avancer vers une résolution [du conflit] pour s’assurer que la Russie soit vaincue en Ukraine, ils doivent pouvoir négocier en position de force », a ajouté M. Trudeau.

Plus tôt lors du sommet, M. Trudeau avait annoncé une aide agricole de 52 millions, y compris du matériel mobile pour augmenter la capacité d’entreposage des céréales et de l’aide pour fournir des tests de diagnostic rapides et surveiller les maladies animales afin de permettre la certification des exportations.

Incapable d’acheminer les récoltes sur le marché en raison des blocus russes dans ses ports, l’Ukraine doit maintenir la viabilité de ses céréales, car les revenus potentiels de ses exportations contribueraient à financer la défense du pays.

« Nos agriculteurs sont habitués à être confrontés à de grands défis et se sont révélés inventifs et créatifs. Nous apporterons donc cette expertise à l’Ukraine pour aider autant que possible », a déclaré M. Trudeau.

La ministre de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, a aussi déclaré lundi que le Canada envoyait des semences en Ukraine, y compris du sarrasin à croissance rapide, pour aider à faire face à la crise alimentaire dans le monde.

En empêchant les exportations de céréales de l’Ukraine, la Russie a également intensifié la pénurie alimentaire, ont déclaré les dirigeants du G7 dans leur communiqué final. Les dirigeants ont également convenu d’intensifier leurs efforts pour atténuer la hausse des prix des denrées alimentaires et la pénurie. Ils prévoient également d’étendre leurs programmes de réinstallation pour accueillir les millions de réfugiés ukrainiens déplacés par le conflit.

Le Canada verse également 15 millions pour aider à financer les efforts de déminage et 9,7 millions pour ceux qui traquent les violations des droits de la personne en Ukraine.

La prochaine étape de M. Trudeau dans cette tournée de trois sommets est l’Espagne — il avait assisté au sommet du Commonwealth la semaine dernière au Rwanda. À Madrid, le premier ministre rencontrera des alliés de l’OTAN mercredi pour discuter des implications militaires et de défense de la guerre en Ukraine.