L’heure des cabanes brunes a-t-elle sonné sur le bord des autoroutes ? Québec allonge 150 millions pour moderniser son réseau de haltes routières, communément appelées « cabanes brunes », d’ici 2027. Ces aires d’arrêt ont « manqué d’amour » dans les dernières années, avoue le ministre des Transports, François Bonnardel.

« S’il y a une chose qui ne me rendait pas très fier dans les dernières années, quand on voyage sur le réseau routier québécois, ce sont les fameuses cabanes brunes. Nos haltes routières n’ont pas reçu d’amour dans les dernières décennies. […] C’est fini, les cabanes brunes au Québec », a expliqué M. Bonnardel lors d’une conférence de presse tenue à Montréal lundi.

Les critiques entourant les haltes routières québécoises ne datent pas d’hier. Jugées vétustes, simplistes ou carrément « honteuses » par certains citoyens, elles ont fait l’objet d’engagements gouvernementaux à plusieurs reprises dans les dernières années, sous les libéraux et les péquistes, notamment. Des problèmes d’accès à l’eau potable ou encore de malpropreté ont aussi miné leur réputation par le passé.

Si tout va bien, les nouvelles haltes routières que propose Québec comprendront chacune des installations sanitaires « modernes », incluant une salle d’allaitement et une table à langer. Des jeux pour enfants, des zones WiFi et des bornes de recharge pour véhicules électriques seront aussi installés.

On veut aussi offrir des aires aménagées pour les personnes à mobilité réduite et « faciliter le transport de marchandises » avec des aires d’arrêt « facilement accessibles » aux camionneurs. L’Association du camionnage du Québec (ACQ) réclame d’ailleurs depuis des années de meilleurs aménagements pour ses membres, comme des douches, un stationnement assez grand et un niveau de sécurité accru.

« Notre association accueille positivement l’annonce du ministre Bonnardel. Cet investissement est le fruit de plusieurs consultations auprès de notre groupe, afin que les haltes routières du Québec soient mieux adaptées et plus sécuritaires pour les besoins des camionneurs. La modernisation de ces installations permettra d’améliorer les services offerts et l’espace de stationnement, notamment pour les grands trains routiers », a réagi lundi le président de l’ACQ, Marc Cadieux.

photo patrick sanfaçon, la presse

François Bonnardel

Des sites prioritaires ont déjà été ciblés, comme celui du Lac-Pythonga sur la route 117 ou la halte routière des Jardins-de-Napierville, à Saint-Bernard-de-Lacolle. Les travaux sur ces deux sites devraient commencer dès cet été. Ces futures haltes seront ouvertes à l’année.

Puis, d’ici la fin de 2022, Québec veut aussi entamer des travaux à l’aire de Notre-Dame-de-Portage, sur l’autoroute 20. Les travaux concernant les haltes routières de Sainte-Anne-du-Sault, de Curtis, des Hurons, de Sainte-Madeleine, de La Durantaye, de Monadnocks ou encore de Kamouraska devraient quant à eux commencer d’ici la fin de 2023. Deux haltes routières ont déjà été « modernisées » et donnent une idée du travail que veut réaliser Québec, soit celles de Villeroy et du Point-du-Jour, à Lavaltrie.

Au total, six grands axes routiers devraient être visés par ces rénovations : les autoroutes 15, 20, 50 et 55, ainsi que les routes 117 et 389, en plus d’autres routes nationales situées en milieu rural.

Pas de nouvelles aires en vue

Une somme de 110 millions ira à la modernisation des haltes sur le réseau « frontalier », ce qui comprend notamment les autoroutes et les grands axes routiers autour des grandes villes. Une somme de 32 millions sera par ailleurs réservée aux routes en milieu rural ou isolé, et 8 millions pour les villages-relais. « On parle d’un plan ambitieux. Les pancartes brunes vont aussi être remplacées par des pancartes bleues, qui vont annoncer ces futures haltes », a dit M. Bonnardel.

Pour l’instant, Québec n’envisage toutefois pas de construire d’autres haltes routières, le gouvernement souhaitant d’abord miser sur la rénovation de celles qui existent déjà. On espère à terme qu’un arrêt sécuritaire et moderne sera disponible toutes les 30 minutes sur tout le réseau routier québécois.

Bon nombre d’acteurs ont été sondés en amont du processus, affirment les autorités, dont la Fédération des villages-relais, les communautés autochtones locales, diverses associations de camionnage, le Circuit électrique d’Hydro-Québec et l’organisme Kéroul, de même que les villes concernées et les associations touristiques régionales.

La ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a salué l’annonce de son collègue caquiste par voie de communiqué, en estimant que ces travaux de modernisation favoriseront « grandement le développement du tourisme dans nos régions ». « Les cabanes brunes sur nos autoroutes seront remplacées par des bâtiments modernes, sécuritaires et attrayants, au bénéfice des citoyens », a-t-elle assuré.