(Ottawa) Un bras de fer se dessine entre le ministère Affaires mondiales Canada et le syndicat de ses employés. Le retour au travail en personne à trois jours par semaine ne passe pas chez certains fonctionnaires, après deux ans passés à accomplir leurs tâches de la maison.

La Presse a obtenu un courriel récemment envoyé par l’Association professionnelle des agents du Service extérieur (APASE) à ses membres indiquant que les ressources humaines du Ministère « ont adopté comme point de départ une norme de trois jours de travail sur place par semaine pour tous les fonctionnaires, indépendamment de la nature du travail en cause ou des nécessités du service ».

Le syndicat se dit préoccupé par le fait que les fonctionnaires travaillant à l’étranger et ceux de l’administration centrale « aient déjà été désignés comme devant en général passer plus de temps au travail sur place » et par « l’absence de mesures en matière de santé et de sécurité advenant une autre vague pandémique ».

Le syndicat demande un juste milieu

La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, avait donné le feu vert à la fin du mois de février à un retour au travail en présentiel. Elle indiquait alors que les ministères et organismes du gouvernement fédéral pouvaient reprendre leur planification pour « augmenter progressivement l’occupation des immeubles » et faire la transition vers un modèle de travail hybride « dans la mesure où cela est approprié et réalisable sur le plan opérationnel ».

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor

« Je m’attends à ce que les organisations continuent de faire preuve d’agilité et de souplesse, le cas échéant, dans leur planification afin de s’adapter à l’évolution du contexte de la santé publique », avait-elle alors indiqué dans sa déclaration écrite.

Ce retour au travail en personne devait se faire « en continuant à respecter l’utilisation appropriée des pratiques préventives en milieu de travail ».

Or, Affaires mondiales Canada aurait une interprétation plus rigide que d’autres ministères. « On se demande s’ils ont vraiment fait une analyse du vrai travail ou s’il y a des gestionnaires qui veulent seulement voir les travailleurs sur place », a affirmé la présidente de l’APASE, Pamela Isfeld, en entrevue.

Elle dit comprendre que certaines tâches doivent se faire au bureau ou face à face. C’est le cas, par exemple, pour les fonctionnaires qui traitent de l’information classifiée ou le personnel diplomatique qui doit rencontrer ses vis-à-vis en personne.

Les employés vont participer à des réunions, à des visites, d’autres vont faire des évacuations consulaires, c’est impossible de faire ça à partir d’un ordinateur à la maison. Mais il y a du travail qui peut se faire à l’ordinateur.

Pamela Isfeld, présidente de l’Association professionnelle des agents du Service extérieur

« Avons-nous besoin de tous aller au même endroit pour nous asseoir dans un bureau avec d’autres personnes pour écrire un rapport après une réunion ou est-ce qu’il pourrait y avoir plus de flexibilité ? »

« Différents modèles hybrides » à l’étude

Affaires mondiales Canada confirme que certains employés devront faire un retour au travail en présentiel « à temps plein, à temps partiel ou occasionnel, selon les besoins opérationnels de leur direction générale ». Mais aucune consigne n’a encore été transmise au personnel.

« Le Ministère n’a actuellement pas de directive officielle mandatant une présence au bureau trois jours par semaine, a répondu son porte-parole Jason Kung aux questions de La Presse. Le Ministère reconnaît qu’il n’existe pas d’approche universelle pour le personnel au Canada et à l’étranger. Chaque équipe a des besoins et des exigences uniques et donc une approche qui reflète ces besoins. »

Affaires mondiales Canada compte tester « différents modèles hybrides » avant de se décider. Il requérait une journée de travail au bureau durant la saison estivale, mais cette formule n’est pas plus populaire que les trois jours par semaine de présence, selon le syndicat.

L’APASE voudrait que la politique du Secrétariat du Conseil du Trésor soit appliquée « de manière équitable et uniforme dans tous les ministères, au pays comme à l’étranger ».