François Legault ouvre à son tour la porte à des baisses d’impôt.

De passage à Montréal, lundi, où il présentait sa candidate dans la circonscription d’Anjou–Louis-Riel, le premier ministre a semblé avoir été pris de court par la vitesse avec laquelle la cheffe libérale Dominique Anglade avait présenté sa promesse de baisser les impôts des Québécois.

Lorsqu’interrogé sur les raisons pour lesquelles il n’avait pas choisi d’aller dans ce sens, il a aussitôt répondu : « on n’a jamais dit qu’on n’annoncerait pas de baisses d’impôt ». Il a ensuite rappelé les chèques successifs livrés aux Québécois depuis quelques mois et sa promesse d’en livrer un autre en décembre « pour couvrir l’inflation ».

Puis, il s’est interrogé lui-même et a répondu en laissant planer le suspense : « Maintenant, de façon récurrente, doit-on faire des baisses d’impôt ? Je vous demande un peu de patience. Je comprends que les libéraux, de façon non traditionnelle, annoncent leurs engagements électoraux quatre mois avant l’élection. Nous, on va le faire en temps et lieu. »

« La campagne électorale, c’est au mois de septembre. Habituellement, les engagements électoraux sont faits pendant la campagne électorale. »

Un siège prenable

Pourtant, François Legault était lui-même très clairement en mode électoral en présentant Karine Boivin-Roy, en qui il a placé sa confiance pour tenter de ravir la circonscription del’ancienne ministre Lise Thériault.

Mme Boivin-Roy, qui a été défaite à la mairie de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en novembre dernier après avoir siégé comme conseillère municipale avec l’équipe de Denis Coderre durant deux mandats, est une politicienne aguerrie et bien implantée dans le milieu. Son choix montre que la CAQ entend mettre tous les efforts pour faire un gain dans l’Est de Montréal.

« On a deux députés, mais ce n’est vraiment pas assez pour la CAQ d’avoir juste deux députés sur l’île de Montréal », a lancé M. Legault.

Tant Mme Boivin-Roy que le premier ministre ont rendu hommage à Lise Thériault, donnant l’impression que c’était davantage la personne que le parti qu’elle représentait qui lui avait permis de transformer la circonscription en château fort. « J’aimerais aussi souligner et remercier la députée sortante, Mme Lise Thériault, qui a consacré 20 années de service public dans le comté », a déclaré la candidate caquiste lors de son allocution.

« Lise était très présente. C’était une bonne députée. Mais je pense qu’il n’y a pas de comté libéral ou de comté Québec solidaire », a déclaré de son côté M. Legault aux médias anglophones. Juste auparavant, il avait affirmé que « Lise Thériault était une personne très impliquée dans son milieu, donc le fait qu’elle ne se représente pas, c’est quand même une information importante, mais encore une fois je ne prends rien pour acquis ».

Le PCQ laisse François Legault perplexe

Par ailleurs, toujours en matière électorale, le chef caquiste s’est aussi attardé sur le Parti conservateur du Québec, s’interrogeant particulièrement sur le message que celui-ci véhicule.

« Oui, il y a eu une certaine grogne suite aux consignes. Par contre, c’est un petit peu difficile à comprendre qu’il y ait une grogne encore contre les consignes alors qu’il n’y a plus de consignes ou à peu près. Peut-être que je vais finir par comprendre, mais je ne prends pas ça à la légère. Que ce soit Éric Duhaime ou n’importe quel parti, on les prend au sérieux. »

Quant à l’affirmation du chef conservateur Éric Duhaime qui dit vouloir « amener la grogne au parlement », M. Legault a là aussi semblé perplexe. « Je ne pense pas que les Québécois aiment la grogne. C’est une drôle de proposition. »

Pour clore sur la question des conservateurs, il a ainsi réagi aux propos de la députée Claire Samson, une ex-caquiste, qui a affirmé qu’elle travaillait moins comme députée qu’à l’époque où elle travaillait en restauration : « J’avais dit à Claire Samson : bonne chance avec Éric Duhaime, mais j’avais dit aussi à Éric Duhaime : bonne chance avec Claire Samson ! »

Cette déclaration a déridé l’auditoire partisan qui était présent pour l’annonce, au cours de laquelle François Legault a longuement insisté sur les projets dans l’Est de Montréal, notamment le REM de l’Est et la décontamination de terrains.

Il a aussi abordé la question de la violence par armes à feu, affirmant qu’il entend tout mettre en œuvre pour s’y attaquer.

« Ça n’a pas de bon sens et on n’aime pas ça, de voir des gens se servir d’armes à feu.

« Si c’est nécessaire, on va en faire plus parce que moi, je ne tolérerai pas ça qu’on soit nerveux et qu’on ne se sente pas à 100 % en sécurité. Un des avantages de Montréal, ç’a toujours été que c’est une des villes les plus sécuritaires au monde. »