Excédé par les discours en l’honneur de René Lévesque où la souveraineté du Québec est omise, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a voulu lancer un message lundi « à tous ceux qui ne se disent pas la vérité à eux-mêmes ».

Devant le gratin politique de la province rassemblé lundi soir à la Grande Bibliothèque pour souligner le lancement de « l’année Lévesque », une série d’évènements organisés pour souligner le 100anniversaire de naissance du fondateur du Parti québécois (PQ), le chef actuel de la formation politique a souhaité remettre les pendules à l’heure.

« Gageons que si René Lévesque tenait encore la plume dans une chronique du Journal de Montréal, il aurait employé les mêmes mots ‟faux-semblant”, ‟hypocrisie” pour commenter l’actualité politique des dernières semaines », a-t-il déclaré au fil d’un discours deux fois plus long que celui de ses adversaires.

« Il y a eu beaucoup d’anciens péquistes qui ont tellement donné pour qu’on devienne un pays et on a une tendance à les honorer sans mentionner l’essentiel », a-t-il ensuite expliqué, dans le cadre d’une mêlée de presse.

Ça prenait quelqu’un ce soir pour mentionner l’essentiel, à savoir que René Lévesque a tellement donné, qu’il a souffert à s’en rendre malade tellement il souhaitait pour son peuple qu’on ait notre normalité, qu’on ait notre pays.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Il a ensuite confié s’être réconcilié avec l’ancien premier ministre péquiste Lucien Bouchard, qui a récemment critiqué l’état actuel du PQ. « J’ai pu constater récemment que les héritiers de René Lévesque n’ont rien perdu de leur capacité à réagir avec la vigoureuse promptitude qui l’a caractérisé », a d’ailleurs lâché à la blague ce dernier tout admettant qu’il « formulerait autrement » ses commentaires à l’origine de la controverse.

Rappelons que seuls l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et son successeur actuel, François Legault, avaient d’abord été invités à prendre la parole. Après une certaine controverse, les organisateurs de l’évènement avaient convié les autres chefs de partis à prononcer eux aussi des discours.

Photo Martin Tremblay, LA PRESSE

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, le premier ministre François Legault et l’ancien premier ministre Lucien Bouchard

Un prix de journalisme

Lors de son propre discours, où la question de l’indépendance du Québec n’a pas été mentionnée, l’actuel premier ministre et chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a remercié le politicien défunt pour « Hydro-Québec », « la loi 101 », « Québec inc. » et « la fierté », entre autres.

« C’est René Lévesque qui m’a donné la fierté d’être Québécois. C’est à cause de René Lévesque si je suis en politique aujourd’hui », a-t-il lancé à la foule.

Un prix « René-Lévesque » sera dorénavant remis par le gouvernement du Québec à un journaliste ayant « significativement contribué à accroître le rayonnement de l’information ou grandement enrichi la qualité de l’information ou de la profession journalistique au Québec », a-t-il ensuite annoncé.

Ça va devenir la plus haute distinction attribuée par le gouvernement du Québec pour une contribution remarquable dans le domaine du journalisme. C’est une belle manière d’immortaliser la contribution de René Lévesque au journalisme québécois.

François Legault, premier ministre du Québec

Pas de discorde

Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec, le parti qu’a quitté René Lévesque pour fonder le PQ, a fait l’éloge du politicien. « Un fil conducteur émerge de la carrière de René Lévesque : l’amour, la passion, la conviction et cette foi inébranlable dans les Québécois », a-t-elle souligné.

Photo Martin Tremblay, LA PRESSE

Paul St-Pierre Plamondon, Gabriel Nadeau-Dubois et Dominique Anglade

René Lévesque mettait de l’avant « un projet de société plus fort que les individus qui la composent », a déclaré pour sa part le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, dans une critique à peine voilée du gouvernement actuel.

« Il ne cherchait pas le plus petit dénominateur commun, en quête du plus grand nombre de votes, jamais il ne nous montait les uns contre les autres. Il éveillait le meilleur en nous », a-t-il poursuivi.

Organisée à l’occasion du 100anniversaire de naissance de l’ancien journaliste, chroniqueur, reporter, animateur, ministre et premier ministre, « l’année Lévesque » prévoit plusieurs évènements pour marquer le coup.

Parmi ceux-ci : un hommage au 23e premier ministre du Québec lors de la fête nationale ; l’inauguration, le 24 août (jour de son 100anniversaire), de l’évènement « Sur les traces de René Lévesque », à Montréal ; l’ouverture d’une exposition au Musée de la civilisation, à Québec, le 17 novembre ; et un spectacle hommage au fondateur du Parti québécois et à la langue française, en février prochain à Montréal.

Né le 24 août 1922, M. Lévesque est mort le 1er novembre 1987, il y a de cela bientôt 35 ans. Sondage après sondage, il demeure une des figures politiques les plus aimées au Québec, a justement rappelé Lucien Bouchard.

En savoir plus
  • 24 août 1922
    Date de naissance de René Lévesque, qui aurait donc eu 100 ans cette année.