(Québec) Le premier ministre François Legault a de nouveau défendu l’éthique de Pierre Fitzgibbon, mercredi. Il maintient que son ministre de l’Économie a le droit de s’attabler avec qui bon lui semble.

M. Fitzgibbon a soupé avec un ami lobbyiste ayant déjà exercé un mandat pour Polycor, le soir même de l’annonce d’un investissement public de 98 millions dans la compagnie, a rapporté Le Journal de Montréal.

Pourtant, la commissaire à l’éthique avait blâmé M. Fitzgibbon en 2020, en l’exhortant à « maintenir une certaine distance » avec Luc Lapperière, se sont insurgés les partis d’opposition à l’Assemblée nationale.

Ils ont menacé de porter plainte à la commissaire, Québec solidaire (QS) allant même jusqu’à dire que « ce ne serait pas une mauvaise idée » que M. Fitzgibbon soit à nouveau exclu du conseil des ministres.

Le porte-parole de QS en matière d’éthique, Vincent Marissal, a accusé l’homme fort du gouvernement Legault de se « contreficher » du code d’éthique et de « s’essuyer les pieds » dessus « comme si c’était un paillasson ».

« M. Fitzgibbon, en matière d’éthique, c’est un carambolage au ralenti sur une autoroute glacée. On le sait que ça va arriver, ça arrive, puis lui, il continue son chemin en disant : “Tassez-vous, je m’en fous de vos règles”. »

Le député de Rosemont a demandé si la situation « convenait » à M. Legault. La réponse est venue quelques minutes plus tard : M. Lapperière « n’était même pas impliqué dans la transaction », a tranché le premier ministre.

C’est d’ailleurs ce qu’a répété M. Fitzgibbon au Salon bleu. « M. Laperrière n’a pas été impliqué dans la transaction. […] Il n’y a eu aucune fausseté ou aucune faille qui a été faite », s’est-il défendu.

Rappelons que Pierre Fitzgibbon avait dû se retirer du cabinet Legault en juin 2021, après avoir été visé par un quatrième rapport de la commissaire à l’éthique.

En 2020, la commissaire lui avait reproché de s’être placé dans une situation où son intérêt personnel pouvait influencer son jugement dans l’exercice de sa charge, en raison de ses liens étroits avec Luc Laperrière.

M. Fitzgibbon a réintégré le conseil des ministres en septembre 2021.

Tirs groupés des partis d’opposition

Pour la députée péquiste Méganne Perry Melançon, M. Fitzgibbon fait preuve d’un « manque d’honnêteté et d’intégrité ».

« La commissaire l’a invité à la prudence, il a même été retiré de son conseil des ministres. Puis là, une fois réintégré, il refait la même chose, alors qu’est-ce qu’il n’a pas compris ? » a-t-elle lancé.

Le libéral Gaétan Barrette a noté que Pierre Fitzgibbon reprochait à un journaliste de « fouiller dans ses poubelles ».

« Est-ce que c’est possible que le journaliste, dans ses poubelles, ait trouvé le code d’éthique qu’il (M. Fitzgibbon) a jeté ? » a-t-il raillé.

Il en a rajouté, en citant l’ex-chroniqueur devenu candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans Lévis, Bernard Drainville.

« Tu es en politique, bonhomme. Il y a des règles qui s’appliquent. Respecte les règles. Si tu ne veux pas les respecter, retourne chez vous », avait déclaré M. Drainville en 2020.

Il y aura des « conversations intéressantes » au sein même de la CAQ pendant la campagne électorale, a prédit Vincent Marissal.