(Ottawa) Les partis d’opposition dénoncent la lenteur du gouvernement de Justin Trudeau à nommer un nouveau commissaire à la vie privée. Daniel Therrien a pris sa retraite vendredi, mais son mandat avait déjà été renouvelé d’un an ce qui aurait dû laisser suffisamment de temps pour lui trouver un successeur.

« Encore une fois, ils ne semblent pas donner la priorité aux agents indépendants qui surveillent le gouvernement », a déploré en entrevue le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d’éthique, Matthew Green.

La commissaire à l’information, Caroline Maynard, cumule depuis samedi les deux fonctions dans l’intérim. Elle occupera le poste de commissaire à la vie privée jusqu’au 31 octobre si un successeur n’est pas nommé avant.

Au bureau du premier ministre, on indique qu’on aura « plus à dire sur ce sujet en temps voulu ».

« C’est un poste qui ne peut pas demeurer inoccupé longtemps parce qu’il y a des dossiers très importants d’actualité et pour lesquels le temps compte, a indiqué à La Presse le député du Bloc québécois, René Villemure. Maintenant, c’est le Far West quant à l’encadrement. »

« Il est impératif que le gouvernement libéral nomme immédiatement son successeur permanent pour aider à protéger le droit à la vie privée des Canadiens », a fait valoir le député conservateur, James Bezan.

« Cela est particulièrement pertinent alors que les libéraux font avancer une législation comme le projet de loi S-7 qui permettrait aux agents de l’Agence des services frontaliers du Canada de fouiller les téléphones des Canadiens en cas de “préoccupation générale raisonnable” – un terme qui n’apparaît nulle part ailleurs dans le droit pénal ou civil canadien. »

Dans sa dernière entrevue à La Presse, l’ex-commissaire à la vie privée, Daniel Therrien, n’avait pas caché son impatience. « Je trouve que ça tarde », avait-il admis.

Cette nomination est d’autant plus attendue que le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, doit déposer un projet de loi avant la fin des travaux parlementaires pour créer une Charte du numérique. Cette législation aurait pour objectif de mieux protéger la vie privée des consommateurs.

Règle générale le commissaire à la vie privée est invité à témoigner en comité parlementaire pour commenter ce type de projet de loi et indiquer s’il y a des améliorations à y apporter.

« Les lois actuelles sont clairement déficientes, avait affirmé M. Therrien en entrevue vendredi. La loi du secteur privé date de cinq ans avant l’entrée en scène de Facebook ; la loi du secteur public date des années 1980 où le fax devait être utilisé, probablement. »

Matthew Green croit qu’il sera difficile pour la commissaire à l’information de cumuler deux fonctions aussi importantes. « On sait qu’elle manque déjà de ressources et qu’elle gère le maximum de demandes qu’elle peut », a-t-il fait remarquer.

Le scénario est le même au Commissariat à la vie privée qui aurait besoin de doubler son budget annuel de 30 millions, selon son ex-dirigeant.