(Ottawa ) Le gouvernement Trudeau doit aller plus loin que simplement interdire l’achat, la vente, le transfert et l’importation d’armes de poing au pays. Un programme de rachat volontaire doit aussi être envisagé pour réduire le nombre de ces armes en circulation, estime le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Selon les estimations des autorités fédérales, il y a plus d’un million d’armes de poing en circulation au pays. Au cours de la dernière décennie, quelque 55 000 armes de poing ont été enregistrés en moyenne chaque année au Canada, selon le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

S’il convient que la nouvelle mouture du projet de loi visant à resserrer le contrôle des armes à feu constitue un pas dans la bonne direction, M. Blanchet estime qu’il y a matière à amélioration. Le « gel national » des armes de poing n’est pas suffisant.

Le Bloc québécois entend donc proposer des amendements au projet de loi C-21, notamment en insistant pour que l’on mette sur pied un programme de rachat volontaire des armes de poing.

« À l’instar d’un certain nombre de groupes, d’un certain nombre d’acteurs, on a observé qu’il y a un progrès. […] Il y a un progrès dans le plafonnement du nombre d’armes de poing sur le territoire, qui est approximativement d’un million. C’est quand même énorme. Notre travail sera tenté d’améliorer ce projet de loi », a affirmé M. Blanchet en mêlée de presse.

Dans le projet de loi dévoilé lundi par le premier ministre Justin Trudeau et quatre de ses ministres, Ottawa prévoit aller de l’avant avec programme de rachat obligatoire des armes d’assaut. Dans la précédente réforme, le programme d’achat était volontaire.

Un tel programme devrait être sérieusement envisagé pour les armes de poing et il devrait être volontaire au départ, selon le Bloc québécois.

« Même premier ministre et son ministre de la Sécurité publique ont convenu qu’un million d’armes de poing en circulation, c’est beaucoup trop. […] L’objectif, c’est d’en réduire le nombre, établissant qu’il y a un lien de probabilité entre le nombre d’armes en circulation et le risque d’attentat, le risque d’homicide et de féminicide. On ne peut pas s’en remettre à l’attrition », a-t-il souligné.

M. Blanchet a également fait valoir que le gouvernement fédéral n’en fait pas assez pour faire échec à la contrebande d’armes de poing en provenance des États-Unis. Il a de nouveau préconisé la création d’une escouade mixte regroupant des agents des forces policières du Québec, de l’Ontario, de la réserve Akwesasne et de l’État de New York pour s’attaquer à ce fléau.

« Le projet de loi ne fait absolument rien en matière de contrebande, si ce n’est que d’augmenter les peines ».

Le NPD a aussi indiqué que le projet de loi représente un progrès si on le compare aux mesures qui étaient proposées dans le précédent projet de loi qui n’a pu être adopté avant les dernières élections.

Pour sa part, le Parti conservateur a soutenu que le projet de loi constitue une autre attaque des libéraux de Justin Trudeau contre les propriétaires d’armes à feu qui respectent les lois régissant les armes à feu. Il a aussi soutenu que l’on ne s’attaque pas à la source du problème de la violence armée qui secoue des villes comme Montréal, Toronto ou Ottawa, soit la contrebande des armes à feu.

Outre les mesures touchant les armes de poing, le projet de loi C-21 prévoit aussi l’interdiction des chargeurs d’armes d’épaule de plus de cinq cartouches et des peines plus sévères pour les infractions liées à l’importation illégale et au trafic d’armes.

Le gouvernement Trudeau entend lutter contre la violence conjugale grâce à une loi « drapeau rouge » qui permettrait aux tribunaux d’exiger que les personnes considérées comme un danger pour elles-mêmes ou pour autrui remettent leurs armes à feu aux forces de l’ordre. L’identité de la personne qui présenterait une telle demande au tribunal serait protégée.

Afin d’assurer la mise en œuvre rapide du gel national des armes de poing, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déposé lundi des modifications réglementaires à la Chambre des communes et au Sénat qui entreront en vigueur à l’automne, même si le projet de loi C-21 n’est pas encore adopté.