Devant l’augmentation de la violence armée dans le Grand Montréal, et après la tuerie qui a fait une vingtaine de morts au Texas, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault a exhorté le gouvernement fédéral à « prendre ses responsabilités » en matière de contrôle des armes à feu, mercredi.

La ministre Guilbault, qui s’est entretenue avec la mairesse de Montréal Valérie Plante en matinée, a affirmé en mêlée de presse faire « tout ce qu’elle peut à l’intérieur de sa juridiction » pour lutter contre ce type de criminalité.

« On fait déjà beaucoup de pression sur le gouvernement fédéral, à l’instar d’ailleurs de la Ville de Montréal, a-t-elle indiqué aux médias. Le gouvernement fédéral a la responsabilité des frontières. Je l’ai souvent dit : les armes illégales qui circulent ici au Québec et dans le Grand Montréal n’apparaissent pas par magie au Québec. Elles entrent par les airs, la terre, la mer, les cours d’eau. »

Dans les dernières semaines, plusieurs fusillades ont éclaté dans le Grand Montréal, parfois même en plein jour ou dans des quartiers résidentiels. Mardi, des coups de feu tirés dans l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles ont même touché une garderie.

Identifiant les récents évènements comme une « escalade de violence dans notre société, qui s’attaque entre autres à des enfants », Geneviève Guilbault a rappelé avoir investi des sommes de 90 millions dans l’opération Centaure, puis 52 millions en prévention, dont une bonne partie est utilisée dans le Grand Montréal.

« C’est moins spectaculaire et moins immédiat que la répression, reconnaît-elle. Mais si on veut que nos jeunes arrêtent d’avoir des fusils dans les mains à 11, 12, 13 ans, qu’ils se mettent sur l’internet avec ça et qu’ils commencent à se tirer entre eux dans les rues n’importe où, n’importe quand, il faut qu’ils aient des options constructives dans la vie. Et ça, c’est la prévention. »

La ministre soutient être « en train de finaliser une entente » avec le fédéral pour assurer un meilleur contrôle des armes à feu, « dans laquelle le gouvernement du Québec va avoir le droit de gérer cet argent par lui-même ».

On a besoin de cet argent-là au plus vite, surtout à l’aube d’un été qui pourrait s’annoncer chaud.

Geneviève Guilbault, ministre de la Sécurité publique

Mme Guilbault dit « comprendre » les citoyens inquiets du fléau de violence armée qui touche la métropole. Elle dit avoir discuté avec la directrice par intérim du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Sophie Roy, qui a mis en place une « stratégie de visibilité et de présence policière » pour lutter contre le phénomène.

Prise de conscience

Questionnée sur le massacre de 19 écoliers et deux enseignants survenu dans une école américaine, la vice-première ministre a réagi avec gravité. Elle veut toutefois « éviter les comparaisons » avec Montréal et les États-Unis, où les armes à feu sont « beaucoup moins contrôlées ».

« Ça m’a énormément perturbé. Chaque fois que je vois ces évènements-là, […] j’ai pas de mots. Je m’imagine les parents de ces enfants-là : tu envoies tes enfants à l’école ou à la garderie, et ils ne reviennent jamais. Quand je vois des choses comme ça, je me dis qu’il faut prendre ces exemples-là […] et se dire que somme toute, ici, on a une ville relativement sécuritaire, malgré tout ce qu’on voit et malgré les inquiétudes légitimes des citoyens. »

À l’Assemblée nationale, les chefs de l’opposition ont exprimé un désir de mobilisation pour améliorer le contrôle des armes à feu au Québec.

« Il faut que l’alternative de ne pas s’impliquer dans des gangs, l’alternative de ne pas faire ça, qu’elle existe réellement », a déclaré Dominique Anglade, leader du Parti libéral, en point de presse.

Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, a quant à lui rappelé la position du gouvernement fédéral, celle « de dire aux municipalités d’interdire les armes de poing. » Il a aussi dénoncé « l’exclusion sociale » et « la marginalisation qui déchire certains quartiers, notamment dans la grande région de Montréal ». À son avis, elles constituent la cause de la « culture de la violence ».

Le chef péquiste, Paul St-Pierre Plamondon, a dit se mettre dans la peau des parents, évoquant les « balles qui ont traversé la garderie de Rivière-des-Prairies. » Il exige notamment une « prise de conscience », un meilleur contrôle frontalier et des investissements supplémentaires dans les services policiers.

Avec Charles Lecavalier