(Ottawa) Un ancien prétendant à la direction du Parti conservateur du Canada estime que les attentes seront élevées pour l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest lorsqu’il montera sur scène dans sa province pour le débat en français des candidats, mercredi soir.

Rudy Husny, qui est originaire du Québec et travaille maintenant comme consultant et analyste politique, rappelle que non seulement M. Charest est parfaitement bilingue, mais il doit aussi « gagner le Québec » s’il espère remporter la course nationale. « Il joue un match à domicile, en quelque sorte », a soutenu M. Husny.

Ce deuxième débat officiel de la course à la chefferie conservatrice aura lieu mercredi à Laval, alors que les candidats n’ont plus qu’une semaine environ pour vendre des cartes de membre aux partisans qui pourront ensuite élire le prochain chef le 10 septembre. Un premier débat officiel, en anglais, avait eu lieu le 11 mai dernier à Edmonton.

M. Charest est entré dans la course pour remplacer Erin O’Toole après avoir délaissé pendant plus de 20 ans la politique fédérale – dont la dernière décennie dans le secteur privé. Son équipe espère que l’ancien chef progressiste-conservateur fédéral attirera de nombreux nouveaux visages au sein du Parti conservateur, y compris au Québec.

« Il connaît la province, évidemment, plus que quiconque », a rappelé le député conservateur Gérard Deltell, qui appuie Jean Charest, comme la plupart de ses collègues du caucus québécois. Le député de Québec estime que l’ex-premier ministre libéral du Québec offre au Parti conservateur les meilleures chances de reprendre le pouvoir à Ottawa.

M. Deltell ne croit pas que les attentes seront plus élevées pour M. Charest lors du débat de mercredi à Laval : il croit que cet évènement sera important pour les six candidats dans la course.

M. Husny croit en tous cas que ce débat en français sera dominé par Jean Charest et Pierre Poilievre, le vétéran député de la région d’Ottawa qui parle couramment français – et qui courtise lui aussi les militants du Québec. M. Poilievre a d’ailleurs passé la fin de semaine à faire campagne au Québec.

Mardi, il a écrit à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, pour demander au gouvernement libéral d’éliminer pendant l’été la taxe fédérale et la TPS sur l’essence, en raison de la flambée des prix que subissent les consommateurs.

La Loi sur la laïcité

On s’attend également à ce que Patrick Brown, le maire de Brampton, en banlieue de Toronto, puisse suivre le rythme du débat de mercredi en français. L’ancien député fédéral a concentré une grande partie de sa campagne dans cette course à la vente de cartes de membres aux Canadiens immigrants et issus des communautés culturelles, y compris à Montréal.

L’une de ses plus grandes promesses a été de lutter contre la controversée Loi sur la laïcité de l’État au Québec, connue sous le nom de « projet de loi 21 ».

Cette loi, adoptée en juin 2019 à l’Assemblée nationale, interdit aux employés de l’État en position d’autorité coercitive, comme les juges, les policiers et les gardiens de prison, de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Cette interdiction s’étend aussi aux enseignants du réseau public.

Avant d’entrer dans la course, M. Brown avait mené une campagne auprès des maires des autres villes du Canada pour promettre un soutien financier à ceux qui contestent la loi devant les tribunaux. Le maire de Brampton estimait que cette loi violait les libertés religieuses des Québécois.

M. Poilievre a déjà déclaré qu’il croyait que la loi était mauvaise et il espérait que le Québec l’abrogerait. M. Charest a également exprimé son opposition à cette loi.

Mais selon M. Deltell, si certains peuvent favoriser l’approche de M. Brown, beaucoup d’autres estiment qu’un appui à la contestation empiéterait sur un champ de compétence du Québec. « Je suis totalement en désaccord avec le fait que le maire d’une ville d’une autre province décide de mettre de l’argent contre une décision provinciale », a-t-il déclaré.

M. Husny prévoit que le « projet de loi 21 », ainsi que la mise à jour de la « loi 101 », le projet de loi 96 adopté mardi à l’Assemblée nationale, feront partie des questions soulevées lors du débat en français de mercredi au Québec.

Il s’attend également à voir les candidats discuter du chemin Roxham, en Montérégie, que de nombreux demandeurs d’asile ont utilisé pour entrer au Canada de façon irrégulière. Le premier ministre du Québec, François Legault, a récemment demandé à Ottawa de fermer ce chemin Roxham.