(Ottawa) La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé vendredi une nouvelle vague de sanctions contre le régime de Vladimir Poutine, notamment l’interdiction d’importer de la vodka, du caviar et des diamants russes.

L’interdiction d’importation de certains produits de luxe en provenance de Russie est destinée à resserrer encore davantage l’étau sur l’élite du pays. Les nouvelles sanctions couvrent également les boissons alcoolisées, le poisson et les fruits de mer.

Le Canada interdit par ailleurs, à l’inverse, l’exportation vers la Russie de cigarettes et de boissons alcoolisées, ainsi que certains produits textiles et vêtements de sport, les chaussures, les vêtements et accessoires de luxe, les bijoux, les ustensiles de cuisine et les objets d’art. Ensemble, ces catégories représentaient en 2021 des marchandises d’une valeur de 75,7 millions, soutient le gouvernement canadien.

Ottawa impose aussi une interdiction sur les produits qui pourraient être utilisés par la Russie dans la production et la fabrication d’armes.

Par ailleurs, Mme Joly a également imposé des sanctions à 14 autres personnes, dont des oligarques russes, des membres de leur famille et de proches associés du régime du président Poutine. « Ces personnes ont directement contribué à la guerre insensée de Vladimir Poutine en Ukraine et sont responsables de la douleur et de la souffrance qu’endure le peuple ukrainien », indique un communiqué d’Affaires mondiales Canada.

Parmi ces nouvelles personnes visées par des sanctions, on retrouve le milliardaire Alexander Lebedev, un ancien agent du KGB qui a acheté deux grands quotidiens au Royaume-Uni, l’Evening Standard et l’Independent. Il finance également Novaïa Gazeta, le principal journal d’opposition russe.

Gleb Frank, propriétaire de l’une des plus grandes entreprises de pêche de Russie, et fils de Sergeï Frank, ancien ministre des Transports et ancien PDG de Sovcomflot, la plus grande compagnie maritime de Russie, figure aussi sur la nouvelle liste. Il en va de même pour la femme de Gleb Frank, Ksenia Frank, la plus jeune fille de l’oligarque Gennady Timchenko, un proche du président Poutine. Mme Frank vit en Suisse et a fréquenté l’Université d’Édimbourg, en Écosse.

Elena Timchenko, épouse de Gennady Timchenko, figure également sur la plus récente liste, tout comme David Davidovitch, « bras droit » de l’oligarque Roman Abramovich, qui a mis en vente le club de football Chelsea, de la « Premier League » britannique, après avoir été cité dans une précédente liste de sanctions.

Freeland au G7

La nouvelle vague de sanctions financières au Canada est intervenue alors que la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, concluait une série de pourparlers en Allemagne avec ses homologues du G7, ainsi qu’avec le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal.

Mme Freeland a annoncé que le Canada accordait un prêt supplémentaire de 250 millions à l’Ukraine, portant à 1,8 milliard le soutien financier total du Canada à ce pays déchiré par la guerre. Le prêt s’ajoute au soutien militaire et à l’armement de l’Ukraine.

S’adressant à des journalistes allemands, Mme Freeland a déclaré que d’autres pays du G7 étaient intéressés à suivre l’exemple du Canada en apportant des modifications législatives permettant la confiscation et la vente d’actifs russes, qui seraient ensuite consacrés à la reconstruction de l’Ukraine.

Les lois actuelles au Canada autorisent uniquement le gouvernement à geler les avoirs et les comptes des personnes sanctionnées, pas à les saisir et en disposer. Mais dans son projet de loi de mise en œuvre du budget, le gouvernement canadien annonce son intention de promulguer une loi qui élargirait le régime de sanctions actuel pour permettre la saisie des actifs.

Mme Freeland a déclaré que d’autres pays du G7 avaient beaucoup de questions sur « la saisie des actifs russes et leur utilisation pour contribuer à la reconstruction de l’Ukraine », et qu’ils étaient intéressés à suivre l’exemple du Canada. Elle estime que le Canada a l’occasion « de donner l’exemple et de montrer ce qui peut être fait » à ce chapitre.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février, le Canada a imposé des sanctions à plus d’un millier de personnes et d’entités de Russie, d’Ukraine et de Biélorussie.

« Le régime du président Poutine doit répondre, et répondra, de ses actes injustifiables, a indiqué vendredi la ministre Joly, dans un communiqué. Le Canada, de concert avec ses alliés, s’efforcera sans relâche de maintenir la pression sur le régime russe, jusqu’à ce qu’il ne soit plus en mesure de faire la guerre. Nous sommes inébranlables dans notre soutien à l’Ukraine et à son peuple. »