(Québec) Le Parti québécois (PQ) réclame la fermeture du chemin Roxham, cette voie d’entrée au Canada pour l’immigration irrégulière.

Un record d’entrées a été enregistré depuis la réouverture du chemin en novembre, soit 8000 demandes d’asile, selon ce que rapportait Radio-Canada.

« On en est, pour les trois premiers mois de l’année, à 7000 entrées et on va atteindre bientôt les 10 000 entrées, a fait remarquer le député péquiste Pascal Bérubé, en mêlée de presse mardi matin à l’Assemblée nationale. C’est plus de 90 % des entrées illégales au Canada. Ça ne peut plus durer. »

À ses côtés, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon soutient que le gouvernement fédéral a rouvert délibérément le chemin Roxham en sachant très bien que le Québec n’avait pas la capacité d’intégration pour accueillir ce flot d’arrivants.

« C’est un chaos et c’est intentionnel, probablement, a-t-il accusé. C’est intentionnel dans la mesure où le gouvernement du Québec a demandé une gestion complètement différente du chemin Roxham. »

M. Bérubé demande à ce que le fédéral ouvre plutôt un autre point d’entrée pour l’immigration irrégulière en Ontario.

« Pourquoi ça se passe au Québec ? Manifestement, il n’y a pas de sensibilité (du fédéral) à l’égard des capacités d’intégration puis du français. Ottawa n’en a rien à foutre. »

Le débat sur l’immigration s’est transporté au Salon bleu durant la période de questions. L’enjeu du seuil d’immigrants reçus par année et de la capacité d’intégration s’est transformé en guerre de chiffres entre le gouvernement caquiste et l’opposition libérale.

La cheffe de l’opposition, Dominique Anglade, fera connaître plus tard le seuil d’immigration que son parti juge acceptable de recevoir chaque année en cette période de pénurie de main-d’œuvre, mais elle a fait écho à la demande de groupes patronaux qui réclament 70 000 immigrants par an.

M. Legault a pour sa part rappelé que le seuil est actuellement fixé à 50 000, mais qu’il y a 18 000 personnes qui ont été ajoutées pour faire un rattrapage par rapport à l’année 2020, où la barre est tombée à 26 000.

Le chef parlementaire péquiste, Joël Arseneau, s’est inquiété de la volonté du fédéral d’augmenter à 450 000 le nombre d’immigrants reçus, ce qui pourrait pousser le Québec à recevoir sa part proportionnelle à l’encontre de sa volonté, soit environ 120 000 personnes.

François Legault a balayé ce scénario.

« On veut les limiter, pour un bon nombre d’années, à 50 000. Ça a été accepté, jusqu’à présent, on est dans la quatrième année, donc pourquoi ça ne continuerait pas de bien aller ? »

Rappelons que la semaine dernière, un regroupement d’organismes patronaux avait plaidé en faveur de la hausse du seuil annuel à 70 000 immigrants, afin de combler en partie la rareté de la main-d’œuvre.

Le Parti québécois a fait savoir par la suite qu’il s’opposait à la révision à la hausse du seuil et a plutôt demandé d’abord et avant tout un débat serein sur l’immigration, avec des données scientifiques probantes.

En vertu de l’Entente sur les tiers pays sûrs, entrée en vigueur en 2004, le Canada et les États-Unis se reconnaissent mutuellement comme des « lieux sûrs » où chercher refuge et protection. Cela signifie en pratique que le Canada peut refouler un réfugié potentiel qui arrive aux points d’entrée terrestres le long de la frontière canado-américaine, parce que ce réfugié doit poursuivre sa demande d’asile aux États-Unis, là où il est d’abord arrivé.

C’est cette entente qui avait poussé les demandeurs d’asile à emprunter le chemin Roxham, en Montérégie, parce que ce passage n’est pas un « point d’entrée officiel » ; le Canada doit donc traiter leur demande d’asile.

Rappelons que l’entente a été contestée devant les tribunaux par des organisations qui défendent les réfugiés. Elles réclament que la Cour suprême se penche sur la constitutionnalité de cette entente.