Une nouvelle et jeune garde municipale a un message pour le gouvernement Legault : la densification urbaine n’est pas « une mode », comme l’a évoqué un de ses ministres, mais une façon incontournable de préserver le territoire et de freiner les changements climatiques.

« La densification n’est pas une mode »

Lorsque la nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a entendu, à la mi-avril, le ministre des Transports, François Bonnardel, qualifier la densification urbaine de « mode » et ouvrir la porte à des ensembles résidentiels dans la région agricole de Bellechasse avec son projet de tunnel Québec-Lévis, elle a tiqué.

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François Bonnardel, ministre des Transports du Québec

Je suis qui, moi, pour dire à une jeune famille : vu que la mode est à la densification, tu vas aller vivre dans une tour de 12 étages ?

François Bonnardel, ministre des Transports

Cette déclaration n’est pas passée inaperçue. « Quand on a entendu ça dans le milieu municipal, ça a causé une certaine commotion. Au contraire, on n’a pas le choix d’aller là. Ce n’est pas une mode, la densification », explique-t-elle en entrevue avec La Presse. Mme Fournier, 30 ans, a pris des engagements fermes pour conserver l’ensemble du territoire à valeur écologique dans les limites de sa municipalité.

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Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

« Le coût de renonciation est important. On n’a pas d’incitatifs pour agir ainsi. On pourrait tout développer. Mais on ne fait pas ça, parce que ça n’est pas responsable. Ce sont les villes qui prennent le leadership. On le fait parce que ce sont nos convictions, mais il faut que le gouvernement nous donne les outils pour agir », affirme-t-elle.

Comme beaucoup d’élus municipaux, elle attend avec impatience le dépôt de la Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, pilotée par la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest. Ses attentes sont « très élevées ».

Granby progressiste

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Le centre-ville de Granby

Dans le fief du ministre Bonnardel, les mentalités changent aussi. La nouvelle mairesse de Granby, Julie Bourdon, 38 ans, fait de la protection du territoire son cheval de bataille. Avant d’être élue mairesse, elle a participé, comme conseillère municipale, à la rédaction d’un livre, 11 brefs essais pour des villes résilientes et durables, où on retrouve également les signatures de Mme Fournier et de Stéphane Boyer, le nouveau maire de Laval. Selon eux, la ville est « au centre des enjeux écologiques du XXIe siècle ».

Dès son arrivée au pouvoir, Mme Bourdon a stoppé un projet d’agrandissement d’un parc industriel pour en faire un territoire protégé. « Je ne veux pas que l’on continue à s’étendre. On a juste à penser le développement autrement. » Pour elle, la croissance de Granby doit se faire au centre-ville, qu’elle veut densifier.

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Julie Bourdon, mairesse de Granby

Il faut sortir des années 1990 où tout le monde voulait son bungalow.

Julie Bourdon, mairesse de Granby

L’objectif, délaisser la recette historique des promoteurs immobiliers : ouvrir des routes et lotir des terres vierges. La densification permet de protéger les espaces naturels, de rapprocher la population des emplois et des services – commerces de proximité, écoles, bibliothèques, parcs – et de réduire ainsi la dépendance à l’auto solo. Elle est considérée comme l’une des solutions à la crise climatique.

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Stéphane Boyer, maire de Laval

Ce n’est peut-être pas sexy pour la population, mais la densification est une solution à plein d’enjeux de société. Mais ça vient avec un changement de culture. Des maisons unifamiliales, il y en aura de moins en moins.

Stéphane Boyer, maire de Laval

Non aux tours stériles

La question, dit-il, n’est pas de savoir s’il faut densifier, mais « comment ». « On ne veut pas des tours de condos stériles et sans âme au milieu d’une mare de stationnements. Il y a moyen de bien le faire », explique le maire de Laval, Stéphane Boyer, 34 ans.

Beaucoup de maires estiment que les quartiers centraux construits avant le règne du tout à l’automobile, pensons au Plateau Mont-Royal ou aux quartiers centraux de Québec, comme de bons exemples de densification à échelle humaine. « Ce sont des quartiers qui se sont développés pour être marchables, pour qu’on puisse y vivre à l’échelle locale », dit M. Boyer.

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L’avenue du Mont-Royal, sur le Plateau, l’été dernier

Ils souhaitent réinvestir leur centre-ville. Mais le chemin de ces élus est parsemé d’embûches. Transformer des usines désaffectées ou des stationnements de surface en projets résidentiels, institutionnels ou commerciaux est long et coûteux.

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Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

C’est bien plus facile de raser une forêt pour planter des maisons en périphérie que de se dire : j’achète une usine désaffectée au centre-ville, je démolis, je décontamine, et après, je construis quelque chose. C’est facile, payant et rapide de faire de l’étalement, c’est long, coûteux et difficile de faire de la densification, pour tout le monde : villes, promoteurs, gouvernements.

Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

« C’est facile de se dire, au pire, un petit peu d’étalement ici, un petit peu plus d’étalement là, mais si on continue de faire ça, un moment donné, Sherbrooke va toucher à Magog, et il n’y en aura juste plus de forêts », affirme la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin.

Autre problème, l’accessibilité des terrains. La Ville de Sherbrooke a un budget d’acquisition restreint de quatre millions par année. La somme est dérisoire dans un contexte de surchauffe de l’immobilier. « Les villes se retrouvent face à des spéculateurs, et on doit battre la spéculation avec l’argent des contribuables », déplore-t-elle.

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Chantier du projet immobilier Urbanova, à Terrebonne

Et la pression pour offrir des logements en ville est très forte. Mais puisque les projets tardent à décoller, les citoyens vont voir ailleurs, plus loin.

La mairesse de Gatineau, France Bélisle, peut en témoigner. « La situation de l’habitation crée elle-même de l’étalement urbain. Et c’est extrêmement problématique. »

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France Bélisle, mairesse de Gatineau

En 2021, on a eu une migration des Ontariens vers Gatineau de 16 000 personnes. C’est un village qui vient s’installer. Imaginez la pression que ça met sur l’immobilier. On est en situation de crise.

France Bélisle, mairesse de Gatineau

« Ils achètent des maisons à Gatineau. S’ils ne trouvent pas, ils vont à Chelsea ou à Cantley, dans une autre MRC », explique-t-elle. Il faut absolument, souligne-t-elle, une vision régionale. « Les décisions ne peuvent plus être prises en vase clos. »

Sur la question de la densification, Mme Bélisle croit que la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest est derrière les maires, sans « ambiguïté ». « Maintenant, il faut convaincre les autres », croit-elle.

Prisonniers du foncier

Elle dit toutefois comprendre le numéro d’équilibrisme de la CAQ, puisqu’elle le vit à l’intérieur même de sa ville. « On a un projet de tramway qui dessert Aylmer et Hull, mais je soutiens un autre pont dans l’est de la ville, ce qui peut avoir l’air à contre-courant », explique-t-elle. Elle ne veut pas oublier les citoyens qui habitent dans des zones moins denses. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut augmenter le périmètre urbain, et rogner les terres agricoles, dit-elle.

La mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste, 42 ans, ne met pas de gants blancs.

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Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville

La densification, ça n’est pas une mode, c’est un fait […] On va frapper un mur si on continue de développer comme on le faisait.

Stéphanie Lacoste, mairesse de Drummondville

Pour elle comme pour les autres élus, il est absolument nécessaire de revoir la fiscalité municipale, qui encourage actuellement cet étalement.

« Si on reste prisonnier de l’impôt foncier, on va finir par s’étaler », affirme Mme Lacoste, qui pilote un gros projet de densification qui se situe sur le site de l’ancienne usine Fortissimo, signé par les architectes Pierre Thibault et Jérôme Lapierre.

La dernière clé pour une densification réussie, c’est la bonification du financement pour le transport collectif. « À Drummondville, les gens sont très dépendants de la voiture, et je n’ai pas de financement pour l’optimiser », dit Mme Lacoste. Catherine Fournier renchérit. « Si on densifie mais qu’on n’est pas capable d’offrir du transport collectif à la hauteur des besoins, on ne vient pas répondre aux objectifs de la densification, qui vise à réduire l’auto solo. »

Québec doit prendre acte du vent de changement, dit l’UMQ

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Le gouvernement Legault devra prendre acte du « vent de changement » qui a soufflé sur le monde municipal et a porté au pouvoir des maires verts, affirme l’Union des municipalités du Québec (UMQ).

« Le virage [vers la lutte contre les changements climatiques] s’est fait de façon un peu plus abrupte avec la venue de cette nouvelle garde dans le milieu politique municipal québécois. La Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire, attendue d’ici peu, devra refléter ces orientations », affirme Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l’UMQ.

« Il y a clairement eu un vent de changement et un rajeunissement de la garde politique au Québec. Il y a un virage de plus en plus sensible à la notion de changements climatiques qui d’ailleurs fait partie des dossiers en tête de liste de l’UMQ », ajoute-t-il.

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Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l’UMQ

Le gouvernement Legault a découvert cette nouvelle réalité en mars. Les ministres Éric Caire, Geneviève Guilbault et François Bonnardel ont fait une sortie en règle contre le projet de tramway du maire Bruno Marchand, qui proposait une rue partagée sur un boulevard au centre-ville de Québec. Le ministre Caire a même accusé M. Marchand de « polluer » la vie des automobilistes avec cet aménagement, pour ensuite se récuser.

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Le boulevard Laurier à Québec, où doit s’implanter le nouveau tramway. Le nombre de voies réservées à l’automobile sera réduit à trois dans chaque direction.

La réplique de M. Marchand a été cinglante : « C’est fini, le niaisage. La Terre ne peut pas attendre », a-t-il dit en entrevue au 24 heures. Le maire est également un opposant à l’étalement urbain, et fait de son endiguement une condition à son appui au projet caquiste de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.

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Bruno Marchand, maire de Québec

La suite de Projet Montréal

Il n’est pas le seul dans son camp. « Les gens nous demandent de parler davantage d’environnement et d’aménagement du territoire. Ce n’est pas un hasard si les gens qui portaient ces idéaux ont été élus en novembre », explique la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin.

« Dans le mouvement écologiste, il y a eu différentes périodes. Il n’y a pas si longtemps, on bloquait les oléoducs, on bloquait des ponts pour attirer l’attention sur certaines choses », dit-elle

Mais probablement avec l’arrivée de Projet Montréal et de Valérie Plante, les pistes cyclables, les gens se sont rendu compte à quel point l’aménagement du territoire, c’est fondamental pour l’environnement.

Évelyne Beaudin, mairesse de Sherbrooke

À Granby, Julie Bourdon ne vient pas de la filière environnementaliste. « J’ai un bac en administration et je viens du milieu communautaire. L’urbanisme, je ne connaissais pas ça quand j’ai été élue comme conseillère municipale en 2015 », dit-elle. Si elle se passionne maintenant pour l’aménagement durable du territoire et la protection des milieux naturels, c’est parce que depuis, elle a lu sur le sujet, rencontré d’autres jeunes conseillers municipaux. Elle s’est intéressée à ce qui se faisait à l’étranger, surtout en Europe.

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Le centre-ville de Granby

À Québec, le maire Marchand a fait installer une chaise créée par des élèves au comité exécutif de la ville, pour que les enfants y soient présents symboliquement. À Drummondville, la mairesse, Stéphanie Lacoste, s’appuie également sur un conseil jeunesse, qui lui rappelle régulièrement que la protection de l’environnement est une priorité.

Le maire de Laval, Stéphane Boyer, souligne la différence énorme entre la situation politique en 2014, où « peu de villes étaient désireuses d’embarquer dans la stratégie de densification de la Communauté métropolitaine de Montréal », et ce qui se passe aujourd’hui.

Pour la grande majorité des villes et des 10 plus grandes villes du Québec, ce n’est même plus une question.

Stéphane Boyer, maire de Laval

« Dans le monde municipal, il n’y a pas unanimité. Certains maires ne sont pas dans cette logique, mais ça fait de plus en plus consensus », dit M. Boyer.

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Maisons en construction à Saint-Lin–Laurentides

Le directeur général de Vivre en ville, Christian Savard, constate lui aussi le changement notable du discours politique sur la densification. « Le « oui, mais » est en voie de disparition. Avant, les maires me disaient souvent : “L’environnement, c’est important, mais vous savez, il y a le développement économique.” Ce n’est plus ce qu’on entend aujourd’hui », observe-t-il.

L’organisme, qui estime que s’opposer à la densification revient à se « placer dans le camp de la destruction de la nature », se réjouit de ce changement de culture, et espère maintenant que ce nouveau rapport de force politique encouragera le gouvernement Legault à accoucher d’une politique d’aménagement du territoire qui s’opposera à l’étalement urbain.

Les demandes des villes

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Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales, et Catherine Fournier, mairesse de Longueuil

Les municipalités attendent avec impatience que la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, dépose sa Politique nationale d’architecture et d’aménagement du territoire. « On veut que la lutte et l’adaptation contre les changements climatiques transcendent cette politique », affirme le président de l’UMQ, Daniel Côté.

Il s’attend à ce qu’on encourage la densification des milieux urbains, en la modulant d’une région à l’autre. « L’étalement urbain ne se vit pas de la même manière en Gaspésie qu’il peut se vivre dans la région de Montréal », dit le maire de Gaspé.

En plus de cette politique, les maires demandent au gouvernement Legault de prendre des engagements sur des mesures phares qui leur permettraient d’agir plus rapidement. Les voici :

Réforme de la Loi sur l’expropriation

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Milieu humide situé près du boulevard Roland-Therrien à Longueuil

Les municipalités demandent au gouvernement de revoir la Loi sur l’expropriation, pour qu’elles puissent prendre possession de terrains destinés à être protégés – un milieu humide, par exemple – ou à être construits pour faire du logement social. Actuellement, elles se retrouvent à devoir indemniser le propriétaire pour les revenus potentiels qu’il pourrait tirer de son terrain, ce qui devient très coûteux pour les contribuables. « Modifier la Loi sur l’expropriation ne coûterait absolument rien au gouvernement du Québec, et ça nous permettrait d’acquérir de l’immobilier, des terrains, des bâtiments désaffectés pour moins cher », note la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin.

Droit de préemption

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Bâtiment du quartier Parc-Extension acquis par la Ville de Montréal en vertu du droit de préemption. L’administration Plant veut y construire 40 logements sociaux. L’édifice est situé à un jet de pierre du métro Parc.

Plusieurs municipalités, comme Longueuil et Gatineau, veulent obtenir le droit de préemption. La Ville de Montréal a déjà ce pouvoir, qui lui permet d’« acheter en priorité sur tout autre acheteur certains immeubles ou terrains afin d’y réaliser des projets au bénéfice de la communauté ». Les municipalités pourraient ainsi établir certains secteurs où ils veulent aménager des bibliothèques, ou construire du logement social, par exemple, et obtenir le droit d’acheter un bâtiment convoité en priorité sur les autres acheteurs. « Ça nous permettrait de conserver des milieux humides, ou de construire du logement social et communautaire, et d’éviter la surenchère », indique la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier.

Se sortir de la taxe foncière

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Terrain vague laissé à l’abandon, à Québec

Le revenu des villes tient essentiellement à une chose, l’impôt foncier. Plus une ville aménage de nouveaux quartiers, plus ses revenus sont importants. « Si on reste prisonniers de l’impôt foncier, on va continuer de s’étaler », explique la mairesse de Drummondville, Stéphanie Lacoste. Comment y arriver ? Le maire de Laval, Stéphane Boyer, aimerait que les municipalités puissent faire de « l’écofiscalité ». « Les villes doivent avoir plus de flexibilité, par exemple pour taxer les mauvais comportements, et réduire la taxation sur les bons comportements. Il y a une crise du logement, les terrains se font de plus en plus rares. Mais des spéculateurs ne font rien avec des terrains inoccupés, on devrait pouvoir les taxer davantage », donne-t-il en exemple.

Protection légale pour les villes qui protègent leurs milieux naturels

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Milieu humide remblayé, donc détruit, à Longueuil

Lorsqu’une ville adopte un règlement pour interdire la destruction de milieux humides, elle prend un risque : celui de se faire poursuivre par un promoteur immobilier qui l’accuse d’expropriation déguisée. « Moi, comme ville, je ne cherche pas à posséder les milieux naturels, je veux juste les protéger. Dans le cadre actuel, on est contraints d’aller vers l’acquisition », déplore la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin. « Pour moi, c’est un énorme risque juridique, je ne me sens pas appuyée à 100 % par le gouvernement. Comme mairesse, je dois me demander : combien d’avocats je suis prête à embaucher, est-ce que je suis prête à aller en Cour suprême ? », affirme-t-elle.

Me Jean-François Girard, un avocat et biologiste qui représente des municipalités qui se sont fait poursuivre par des promoteurs, croit que le gouvernement du Québec pourrait résoudre très facilement cette question. Il a même rédigé le libellé d’un alinéa qui pourrait être ajouté à la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme : « L’adoption d’une mesure réglementaire en application des paragraphes 12,1°, 16° et 16,1° du deuxième alinéa ne donne lieu à aucune compensation. »