(Québec) Figure importante de l’équipe économique libérale, l’ex-chef intérimaire Pierre Arcand a confirmé à La Presse qu’il passerait le flambeau à l’automne. Le vétéran, dont le départ n’est pas une grande surprise, quittera la vie politique à la fin de son mandat, s’ajoutant ainsi à la longue liste d’élus libéraux qui ont annoncé leur départ.

« Un moment donné, on a besoin un peu d’espace de liberté », explique en entrevue l’ex-ministre Pierre Arcand. « Les membres de ma famille, il y faut que j’aie le temps de m’en occuper aussi. Ça fait 15 ans que je les ai plus ou moins abandonnés. J’étais là, mais pas aussi souvent qu’ils le voulaient », admet l’élu de 70 ans, qui mûrit sa réflexion sur son avenir politique depuis déjà plusieurs mois.

La mort de Guy Lafleur, qui avait son âge, l’a d’ailleurs particulièrement ébranlé et conforté dans sa décision qu’il a accepté de rendre publique ce dimanche. « Ça fait réfléchir », lance-t-il.

Son départ fait partie de ceux que l’on anticipait au Parti libéral du Québec (PLQ), où plusieurs ténors des gouvernements libéraux précédents ont annoncé qu’ils ne seraient pas sur les blocs de départ aux élections générales de 2022. Avec celui de la députée Paule Robitaille, annoncé vendredi, ce sont 11 libéraux jusqu’à présent qui ont confirmé qu’ils ne reviendraient pas. Le caucus compte 27 députés.

Pour le député d’Outremont–Mont-Royal, élu la première fois en 2007, il est temps de faire place à du sang neuf. L’identité de son successeur dans cette circonscription sûre devrait être révélée aussi tôt que lundi, selon nos informations. Pierre Arcand explique aussi avoir constaté au fil des dernières années que la vie politique « s’intensifie » avec l’ère des réseaux sociaux, ce qui le rejoint moins.

« Tout l’aspect des réseaux sociaux, il faut vraiment qu’on soit très fort sur le plan marketing, être des metteurs en scène. Ça nous prend maintenant des gens équipés pour ça… […] On n’est plus du tout dans la même époque », affirme M. Arcand. Il souligne que les élus se retrouvent constamment « dans l’œil public », ce qui finit par user peut-être un peu plus vite qu’on pense, dit-il.

L’ex-ministre avait défrayé la chronique après avoir été aperçu par un témoin, selon Radio-Canada, à la Barbade, en décembre 2020, malgré les appels répétés des gouvernements à ne pas voyager en raison de la crise sanitaire. Il a depuis fait son mea culpa sur cette controverse.

Il a aussi passé l’éponge sur la remarque du premier ministre qui a lancé à micro fermé « Y est pas mort, lui ? » lors d’une de ses interventions au Salon bleu, le 27 avril. François Legault s’est ensuite excusé. « J’ai trouvé ça particulier, mais 24 heures après, c’était passé », relate le député.

Des temps plus difficiles

Pierre Arcand admet que le PLQ traverse une période qui « n’est pas facile », les libéraux étant au plus bas dans les sondages. Le PLQ prête aussi flanc à la critique, alors que deux formations politiques de défense des communautés anglophones ont vu le jour depuis un mois. « On est, nous, à travers tout ça, l’alternative au gouvernement », persiste à répondre l’élu.

M. Arcand croit que le défi de sa formation et de sa cheffe, Dominique Anglade, sera d’arriver à « bien montrer les différences de valeurs et le côté plus moderne de [leur] programme par rapport à celui de la CAQ » d’ici le scrutin. Il fait le pari que la prochaine campagne « va être plus serrée qu’on pense » malgré la popularité de la Coalition avenir Québec.

Après 15 ans de politique, Pierre Arcand part avec le sentiment d’avoir « donné » au service public, lui qui a occupé plusieurs portefeuilles, dont la présidence du Conseil du trésor, l’Environnement et l’Énergie et les Ressources naturelles. Il s’estime fier d’avoir ratifié l’entente entre le Québec et la France en matière de reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles à titre de ministre des Relations internationales en 2009.

L’adoption du projet de loi 89 qui a modifié la Loi sur la qualité de l’environnement pour instaurer un nouveau système de sanctions administratives pécuniaires, en 2011, et le rachat par Québec du secteur d’expédition stratégique de la Pointe-Noire à Sept-Îles, dans la foulée de la faillite d’un géant minier en 2016, sont au nombre de ses réussites, énumère-t-il.