(Ottawa) La Chambre des communes a adopté à l’unanimité une motion faisant en sorte qu’elle « reconnaît que la Fédération de Russie commet des actes de génocide contre le peuple ukrainien ».

Le texte présenté par la porte-parole néo-démocrate en matière d’affaires internationales, Heather McPherson, a obtenu mercredi le consentement unanime des députés présents et a ainsi été entériné.

La motion mentionne que la Russie a commis des « atrocités de masse » et « des cas systématiques de meurtre délibéré de civils ukrainiens ».

La députée McPherson s’est réjouie que sa motion soit adoptée, affirmant avoir dû faire face à des tentatives d’en édulcorer le contenu.

Elle voit cette reconnaissance de la présence d’un génocide comme « un premier pas ».

« Ce n’est pas suffisant de simplement déclarer. […] Des actions sont nécessaires et il y a tellement plus que le Canada peut faire », a-t-elle dit en mêlée de presse.

Elle a invité du même souffle le gouvernement Trudeau à serrer la vis en matière de sanctions contre le régime de Vladimir Poutine ainsi qu’à apporter davantage d’aide humanitaire aux Ukrainiens.

« Nous devons financer la Cour pénale internationale et en faire plus pour nous assurer [qu’elle] a tous les outils et ressources nécessaires pour enquêter et tenir responsables [ceux qui sont derrière] ce génocide », a poursuivi Mme McPherson.

Appelé à réagir à la motion adoptée en Chambre, le bureau de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’a pas hésité à employer le mot « génocide ».

« La brutalité des troupes russes en Ukraine, le meurtre de civils et l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre sont épouvantables. Les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide correspondent au modèle établi par le président Poutine », a déclaré par écrit l’attaché de presse de la ministre, Adrien Blanchard.

Il a toutefois ajouté que « le génocide est une détermination juridique qui sera confirmée par des professionnels du droit international au sein des organes appropriés ».

L’attaché de presse a rappelé que le Canada a été l’un des premiers pays à s’être tourné vers la Cour pénale internationale pour qu’elle enquête sur des allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Ukraine. « Nous devons veiller à ce que les auteurs de ces crimes odieux soient tenus responsables. Nous serons aux côtés du peuple ukrainien dans leur lutte pour la justice. »

Un peu plus tôt ce mois-ci, le premier ministre Justin Trudeau avait dit « qu’on peut de plus en plus parler de génocide » en Ukraine.

Le président américain Joe Biden a eu recours à ce mot pour qualifier les actes perpétrés par la Russie en maintenant plus de deux mois d’invasion en territoire ukrainien.

« Le président [Biden] a reconnu qu’il y a des instances internationales importantes qui vont faire la détermination officielle », avait souligné M. Trudeau.