(Québec) Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, pourrait modifier l’amendement controversé qu’ont fait adopter les libéraux à sa réforme de la loi 101. Car si rien n’est fait, Québec imposerait trois cours enseignés en français à tous les élèves des cégeps anglophones, ce qui pourrait mener des élèves vers l’échec.

Lors de l’étude des crédits du volet sur la protection de la langue française, mardi, M. Jolin-Barrette a affirmé à son homologue du Parti libéral, Hélène David, qu’il « réfléchit toujours à la proposition » qu’elle lui a faite.

Initialement, les libéraux ont proposé d’amender le projet de loi 96 pour imposer trois cours enseignés en français à tous les élèves des cégeps anglophones, y compris aux ayants droit. Leur idée a été adoptée lors de l’étude détaillée. Or, l’opposition officielle a plus tard reconnu avoir commis une erreur, alors que des représentants des cégeps ont alerté les parlementaires qu’une telle mesure pousserait un nombre important d’élèves qui ne maîtrisent pas suffisamment bien le français vers l’échec.

À la fin de l’étude détaillée du projet de loi, à la mi-avril, le Parti libéral du Québec a tenté de modifier son amendement pour permettre aux élèves des cégeps anglophones qui ont étudié en anglais au primaire et au secondaire de substituer un nombre équivalent de cours « de » français à ces trois cours « en » français. La proposition a finalement été rejetée puisque le gouvernement souhaitait plus de temps pour y réfléchir.

L’étude détaillée du projet de loi étant terminée, M. Jolin-Barrette a toutefois rappelé mardi qu’il restait deux étapes au cheminement du projet de loi avant d’être sanctionné. Des amendements sont toujours possibles, a-t-il dit, et c’est ce à quoi le gouvernement réfléchit.

« Ce qui est fondamental, c’est de faire en sorte que le français soit maîtrisé de tous. Ce n’est pas normal qu’il y ait des gens au Québec qui ne puissent pas évoluer en français alors que c’est notre langue commune », a dit Simon Jolin-Barrette.

« On est entre le choix de garder les choses telles quelles, on sait qu’on pénalise au moins le tiers des étudiants qui n’ont pas la maîtrise suffisante [du français], ou on les accompagne en donnant plus de cours de français pour ceux [qui en ont besoin]. C’est un énorme progrès de société », a plaidé Mme David.

Le projet de loi 96, qui modernise la Charte de la langue française, doit être adopté selon les délais parlementaires dans les jours qui précèdent ou qui suivent la Journée nationale des patriotes, en mai.