(Ottawa) Un gouvernement conservateur dirigé par Pierre Poilievre donnerait le feu vert au projet d’implantation d’une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay qui avait été proposé par GNL Québec.

Ce projet, qui était évalué à 14 milliards de dollars, a été rejeté par le gouvernement de François Legault en juillet 2021 au motif que l’entreprise n’avait pas réussi à satisfaire trois critères importants. Selon Québec, le projet n’avait pas acquis une acceptabilité sociale, ne favorisait pas la transition énergétique et ne contribuait pas à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

La décision de Québec s’appuyait sur un rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, qui concluait que la construction d’une telle usine à La Baie comportait plus de risques que d’avantages.

En février, Ottawa avait également refusé d’accorder les autorisations fédérales nécessaires au projet d’exportation de gaz naturel, qui visait le marché européen.

Le mois dernier, le gouvernement Legault est allé plus loin en faisant adopter à l’Assemblée nationale une loi qui met officiellement fin à l’exploration pétrolière et gazière au Québec.

Or, la guerre en Ukraine a changé la donne, selon Pierre Poilievre, considéré comme le meneur de la course à la direction du Parti conservateur. Résultat : s’il remporte la course au leadership et mène le Parti conservateur au pouvoir aux prochaines élections fédérales, il approuvera ce projet.

En conférence de presse à Gatineau, tout près du pont Alexandra qui offre une vue sur le Parlement, de l’autre côté de la rivière des Outaouais, M. Poilievre a accusé le gouvernement Trudeau d’avoir rejeté des projets énergétiques prometteurs.

« Justin Trudeau soutient le pétrole – tant qu’il s’agit du pétrole étranger. Chaque fois qu’il tue un projet énergétique canadien, les dictateurs étrangers comme [Vladimir] Poutine se réjouissent, car ils peuvent continuer de dominer le marché mondial », a-t-il fait valoir.

« Nous devons mettre le pétrole et le gaz canadiens sur le marché, et cela commence par inviter les projets injustement bloqués par le gouvernement libéral à soumettre une nouvelle demande d’approbation », a-t-il ajouté.

Concrètement, M. Poilievre promet de donner l’approbation fédérale au projet GNL Québec, ce projet qui vise à construire un gazoduc de 780 km entre le nord de l’Ontario et le Saguenay, et d’approuver également la construction d’une usine GNL et un terminal maritime à Saguenay. Le député conservateur de Carleton reconnait que Québec aura son mot à dire, mais M. Poilievre compte prendre les moyens pour l’encourager à le faire « étant donné l’évolution géopolitique et le besoin mondial en énergie canadienne ».

« C’est un projet qui permettrait d’exporter 11 millions de tonnes de GNL de l’Ouest canadien vers les marchés mondiaux en passant par le Saguenay », a-t-il plaidé.

« Le projet GNL n’est qu’un exemple de projets bloqués par les libéraux. Le Canada doit reprendre le contrôle de son énergie. Lorsque je serai premier ministre, nous mettrons fin aux importations de pétrole outre-mer, nous supprimerons les lois anti-énergie et nous utiliserons l’énergie canadienne pour créer de nouveaux emplois canadiens. Nous éliminerons la bureaucratie à outrance au pays et nous cesserons de payer les dictateurs à l’étranger. »

La sortie de M. Poilievre intervient le jour même de la publication d’un sondage qui démontre qu’une forte majorité de Canadiens est favorable à ce que le Canada alimente l’Europe en énergie.

Selon le sondage, mené par la firme Ipsos pour le compte de l’Institut économique de Montréal (IEDM), 72 % des Canadiens souhaitent en effet que le Canada exporte ses ressources énergétiques vers les pays de l’Europe, comme l’Allemagne, qui dépendent largement de la Russie pour leur approvisionnement. Seulement 17 % des personnes interrogées s’y opposent. Au Québec, l’appui est aussi élevé, soit à 65 %.

Parallèlement, 68 % des Canadiens estiment qu’il faut construire les infrastructures énergétiques requises, dont des pipelines, afin d’exporter des ressources vers l’Europe. Au Québec, une majorité est également en faveur, soit 54 %.

« Les résultats de ce sondage ne laissent place à aucune ambiguïté : les Canadiens, y compris les Québécois, veulent contribuer à enrayer la dépendance de l’Europe envers l’énergie provenant du pays de Vladimir Poutine. Les évènements des derniers mois démontrent à quel point l’Allemagne et ses voisins sont présentement incapables de se priver des ressources énergétiques russes, au grand détriment des efforts déployés par l’Occident afin d’isoler la Russie », a soutenu Miguel Ouellette, économiste et directeur des opérations à l’IEDM, dans un communiqué de presse.

Dans ce même sondage, on constate que 53 % des Québécois désirent raviver le projet GNL Québec afin d’exporter du gaz naturel liquéfié vers l’Europe, alors que seulement 29 % s’y opposent.

Le sondage en ligne commandé par l’IEDM a été réalisé du 5 au 12 avril 2022 auprès d’un échantillon représentatif de 2500 résidants du Canada âgés de 18 ans et plus. Les résultats sont précis à plus ou moins 2,2 points de pourcentage (19 fois sur 20) de ce qu’ils auraient été si tous les Canadiens avaient pris part au sondage.