(Québec) La députée péquiste Véronique Hivon quitte la vie politique à la fin du présent mandat. Élue de façon ininterrompue dans la circonscription de Joliette depuis 2008, elle a affirmé jeudi faire ce choix « à un moment où ma flamme et ma combativité sont toujours bien présentes, mais où elles sont accompagnées d’un besoin devenu irrépressible de trouver un espace de liberté et un espace de normalité ».

Dans un discours livré devant des militants à l’hôtel Château Joliette, Mme Hivon a expliqué qu’elle avait besoin de trouver un nouvel équilibre entre l’action et la réflexion, mais aussi prendre un recul face à la « bulle » parlementaire, où la succession d’évènements est parfois effrénée. « En quelque sorte, j’ai besoin d’exister en dehors de la politique », a-t-elle dit.

« J’ai aimé chaque minute de cette vie politique trépidante, parce que oui, quand on s’investit et qu’on reste fidèle à nous-même, on est capable de changer les choses. […] Personne ne va me faire croire que ce n’est pas possible de faire bouger les choses », a-t-elle ajouté.

Un départ comme un coup de tonnerre

Il s’agit d’un départ important pour le Parti québécois, puisque la députée est considérée comme une vedette de sa formation politique. En décembre dernier, un sondage Léger publié dans Le Journal de Montréal plaçait Véronique Hivon au 14e rang de la catégorie « personnalité politique québécoise de l’année ». Son chef, Paul St-Pierre Plamondon, n’était pas arrivé à se tailler une place.

« Véronique, tu as été une députée exceptionnelle. Tu demeureras bien sûr une personne au cœur grand comme le monde. Merci de t'être engagée si profondément, merci d'avoir montré qu'on peut faire de la politique autrement, en gardant en tête de nobles idéaux, et des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue pendant qu'on les poursuit », a déclaré M. St-Pierre Plamondon dans un communiqué.

L’avocate de formation, âgée de 52 ans, quitte également la vie politique alors que le PQ termine pour l’instant au dernier rang des intentions de vote au Québec, avec un maigre 9 %, selon le sondage Léger publié jeudi dans les médias de Québecor. En point de presse, Mme Hivon a toutefois affirmé que son départ de la vie politique n’était pas lié à ces mauvais sondages.

« Les sondages ne m’ont jamais fait peur », a-t-elle dit, ajoutant que son choix est connu de son chef depuis plusieurs semaines, avant même la défaite du parti à l’élection partielle dans la circonscription de Marie-Victorin.

Vibrant plaidoyer pour la vie dans l’opposition

Porte-parole du deuxième groupe d’opposition à l’Assemblée nationale en matière de justice, de soins de fin de vie, d’éducation et pour la famille, Mme Hivon s’est démarquée au cours des quatre dernières années comme une vis-à-vis coriace face au ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, mais aussi face à Mathieu Lacombe, qui pilote une réforme du système de services de garde éducatifs à l’enfance.

La porte-parole péquiste en matière de justice a également été très active afin de pousser le gouvernement à créer un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et conjugale. Elle a notamment pris part au comité transpartisan qui a remis au gouvernement un rapport costaud de 190 recommandations en décembre 2020 pour « rebâtir la confiance » sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Québec a depuis lancé des projets pilotes dans une série de districts judiciaires, faisant suite à l’adoption en novembre dernier du projet de loi 92 créant ce tribunal spécialisé.

Élue pendant près de 14 ans, Mme Hivon aura passé la majeure partie de sa vie politique active sur les banquettes de l’opposition. À ceux qui ne croient plus qu’il est possible de changer les choses quand on n’est pas élu au sein du parti formant le gouvernement, la députée avait un mot à leur dire.

« La politique, ça fonctionne. La politique, c’est un moteur extraordinaire de changement. C’est pour ça que j’ai envie que les gens soient forts d’un espoir pour la politique, parce que la politique, j’ai fait le test pendant 14 ans, et oui, ça fait une vraie différence », a-t-elle dit.

« Moi, l’opposition, j’y ai trouvé mon compte. J’ai vraiment réussi à mener des projets dans l’opposition. La commission Mourir dans la dignité, je l’ai partie quand j’étais dans l’opposition. La création des tribunaux spécialisés, j’en ai parlé pour la première fois en 2018 et ça s’est concrétisé dans les derniers mois en étant dans l’opposition, même dans la troisième opposition », a-t-elle rappelé.