(Edmonton) Le premier ministre albertain, Jason Kenney, a lancé samedi un appel à l’unité aux membres de son Parti conservateur uni, sinon ils courent le risque de céder le pouvoir au Nouveau Parti démocratique à l’occasion des prochaines élections.

Au cours d’un discours prononcé à Red Deer, il a rappelé aux conservateurs qu’il n’a jamais perdu des élections. Il a aussi dit que s’il avait quitté la scène politique fédérale pour revenir en Alberta, c’était pour unifier les forces conservatrices et défaire le NPD en 2019.

« Ma fiche est de 12-0, a-t-il lancé devant des partisans. Je sais une ou deux choses sur l’art de gagner des élections. »

M. Kenney a ajouté que l’opposition à sa direction prenait sa source dans les décisions difficiles qu’il a prises pour lutter contre la COVID-19, soulignant la nécessité de regarder vers l’avenir et non vers le passé.

Quelque 60 000 membres recevront bientôt un bulletin de vote par correspondance pour se prononcer sur l’avenir de Jason Kenney à la tête du Parti conservateur uni.

M. Kenney a clairement exprimé qu’un vote négatif à son endroit signifierait son départ. 

Si les membres décident qu’ils veulent une course à la direction, je me retirerai, a-t-il menacé. Mais s’ils décident de choisir la voie de l’unité et de la stabilité. Alors, je m’attends, et tous les membres du parti, je crois, s’attendent à ce que tous les députés de notre caucus et de notre équipe respectent la décision.

Jason Kenney

S’il n’obtient pas une majorité, une course à la direction devra alors être lancée pour trouver un nouveau chef.

Les bulletins devront être reçus par le parti d’ici le 11 mai. Le résultat sera annoncé sept jours plus tard.

Un vote en personne devait avoir lieu samedi à Red Deer, mais la direction du PCU a modifié les règles, il y a deux semaines. Elle a expliqué que l’intérêt porté à ce vote rendait impossible la tenue d’un congrès. Plus de 15 000 membres auraient signalé leur intention de se rendre dans la petite ville albertaine pour y participer.

M. Kenney est contesté par diverses factions au sein de son parti. Ses adversaires craignent que ses politiques et son style de gestion lui aient aliéné bon nombre de soutiens, ce qui pourrait favoriser la victoire du NPD de Rachel Notley aux prochaines élections générales qui doivent se dérouler en mai 2023.

Les opposants, notamment le député Brian Jean, soutiennent que les changements apportés à la dernière minute au vote visaient à étendre la base électorale parce qu’il était évident que M. Kenney se dirigeait vers une défaite à l’occasion du congrès.

« Le discours et la stratégie de M. Kenney ont divisé notre parti. Il a prononcé un discours où il disait que le choix était entre du pareil au même et le NPD de Rachel Notley. On sait que quelqu’un est en train de perdre s’il doit avoir recours à la peur », a déclaré M. Jean.

Selon le politologue Duane Bratt, de l’Université Mount Royal, à Calgary, rétablir l’unité sera plus facile à dire qu’à faire, surtout si le leadership de M. Kenney est confirmé par une mince majorité.

« À quoi s’attendre ? Voir des opposants reconnaître leur défaite, accepter de travailler avec M. Kenney, lui donner de l’argent, de se porter candidat pour le parti ? Voir des opposants abandonner le parti ? Peu importe le résultat, j’ignore si ce parti restera uni. »