(Québec) Après une deuxième semaine difficile, et à la veille de l’élection partielle dans Marie-Victorin, le gouvernement Legault a annoncé de façon précipitée que les ministres Marguerite Blais et Danielle McCann ne se représenteraient pas aux prochaines élections.

Le gouvernement a confirmé leur départ vendredi matin, une information d’abord diffusée par Le Journal de Québec. On présumait depuis longtemps que Mme McCann (69 ans) et Mme Blais (71 ans) n’allaient pas solliciter un nouveau mandat – le contraire aurait été une énorme surprise –, mais elles n’en avaient pas fait l’annonce officiellement encore. Les annonces étaient prévues plus tard.

Les deux principales intéressées ignoraient que leur départ allait être révélé dès maintenant.

PHOTO ERICK LABBÉ, LE SOLEIL

Danielle McCann

« J’aurais souhaité l’annoncer aux citoyens de mon comté en 1er, mais je ne me représenterai pas », a écrit Mme McCann sur Twitter. « Je serai grand-mère au printemps. C’est une des plus belles nouvelles, et qui me pousse à me consacrer à ma famille. Je ferai le point devant les citoyens de Sanguinet prochainement », a ajouté la ministre de l’Enseignement supérieur, ex-titulaire de la Santé.

En entrevue, Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, a confirmé qu’elle allait quitter la vie politique au terme de son mandat.

« Le premier ministre sait depuis le jour un que je faisais un mandat » et « c’était écrit dans le ciel » qu’il n’y en aurait pas de deuxième, a affirmé la ministre. Si elle ne l’avait jamais confirmé publiquement jusqu’ici, c’était pour procéder à une annonce en temps et lieu seulement, selon ses dires.

« La surprise, c’est que ça ne sorte pas peut-être au moment où on aurait voulu », a-t-elle laissé tomber, tout en se disant « sereine » par rapport à la tournure des évènements.

« Je ne pars pas à cause de ma semaine difficile à l’Assemblée nationale. Je n’ai rien à me reprocher par rapport à ce que j’ai fait pendant mon mandat. » Elle a été mitraillée de questions par l’opposition sur sa gestion des CHSLD durant la première vague de la pandémie. Les libéraux ont réclamé sa démission, tout comme celle de Danielle McCann.

Au cours de la pandémie, « j’ai fait tout ce que j’étais capable de faire dans mon carré de sable, dans mon mandat », a insisté Mme Blais, tout en refusant de revenir sur la séquence des évènements au printemps 2020 lors de la tragédie au CHSLD Herron.

« Ce qui s’est passé au CHSLD Herron, c’est épouvantable. Mes pensées accompagnent les familles. C’est une très grande peine que j’ai par rapport à ça. Malheureusement, je ne peux pas refaire l’histoire, mais je vais laisser la coroner faire son travail puis déposer son rapport. »

Bilan

Marguerite Blais a souligné avoir, au cours de son mandat, lancé la construction des maisons des aînés, adopté une politique pour les proches aidants et resserré la loi sur la maltraitance envers les aînés et tout autre adulte vulnérable. Elle a été deux fois en congé de maladie au cours de son mandat – elle est revenue au travail en février à la suite d’un épuisement professionnel.

Depuis son budget du 22 mars, marqué par l’aide de 500 $ pour faire face à la hausse du coût de la vie, le gouvernement Legault traverse une période difficile. Il s’est empêtré dans ses explications sur sa gestion des CHSLD – en particulier Herron – lors de la première vague de la pandémie. Et il a été forcé de reculer dans le dossier du tramway de Québec. Il a abandonné les conditions qu’il voulait imposer au maire Bruno Marchand pour aller de l’avant avec le projet – une idée à laquelle tenaient des membres du caucus de Québec, mais qui n’avait pas l’appui de ténors de la région de Montréal. Le premier ministre François Legault a tranché, comme il l’a dit lui-même.

Après l’élection partielle de lundi dans Marie-Victorin, qui pourrait donner lieu à une lutte serrée entre la Coalition avenir Québec et le Parti québécois, le gouvernement entend présenter à la fin de la semaine une mise à jour de son projet de tunnel Québec-Lévis, une version moins imposante mais aussi moins coûteuse que la facture estimée pour le moment jusqu’à 10 milliards.