(Québec) Mitraillée de questions au Salon bleu, traitée d’« incompétente » par les libéraux, la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a passé un mauvais quart d’heure au Salon bleu jeudi. Une chasse au coupable qui dépasse les bornes, soutient-elle, au bord des larmes.

Quatre députés libéraux ont interpellé la ministre Blais lors de la période des questions en Chambre sur sa gestion de la crise qui sévissait au CHSLD Herron lors de la première vague de la pandémie.

Ils l’accusent de n’avoir fait « aucun suivi » pendant 12 jours après avoir été alerté par courriel dans la nuit du 29 au 30 mars 2020 sur la situation dramatique dans cet établissement. On lui reproche également de ne pas avoir fait remonter l’information au bureau du premier ministre. Le gouvernement soutient qu’il a pris connaissance de l’ampleur du drame au CHSLD Herron dans l’article du quotidien The Gazette le 10 avril.

« Le 29 mars, on savait au gouvernement qu’il y avait cette tragédie. La responsabilité de la ministre, c’était à la fois d’informer la cellule de crise, c’était de prendre action et également, c’était surtout de vérifier ce qui allait se passer », a lancé le député libéral Pierre Arcand.

« Qu’est-ce que la ministre a fait le 30, le 31 mars, le 1er avril, dans cette cellule de crise ? Qu’est-ce qu’elle a fait ? Comment peut-elle avoir été à ce point incompétente ? », a ajouté le député d’Outremont, un mot que le président de la Chambre François Paradis lui a demandé de retirer. Les échanges ont été particulièrement acerbes jeudi ; M. Paradis a dû remettre à leur place le leader caquiste Simon Jolin-Barrette et la whip libérale Filomena Rotiroti.

Visiblement ébranlée par la sortie de M. Arcand, Marguerite Blais a répliqué : « Je vais rester calme, M. le Président. On me traite d’incompétente, mais c’est une perception. Je vais vous dire un peu ce que j’ai fait. » Émotive, elle a énuméré des actions posées par le gouvernement comme la formation de 10 000 préposés aux bénéficiaires et l’adoption de la loi pour lutter contre la maltraitance des aînés. « J’ai fait ça, moi, pendant trois ans et demi », a-t-elle tranché.

Trois autres députés libéraux l’ont talonnée durant toute la période des questions. Mme Blais a martelé que la coroner Géhane Kamel poursuit son enquête et a invité ses opposants à attendre son rapport.

À la sortie de la Chambre, Marguerite Blais a dit avoir « l’impression qu’on cherche un coupable ». « J’ai eu une multitude de questions aujourd’hui. Je me suis tenue debout », a-t-elle laissé tomber, déplorant le ton des échanges. « Je trouve que ça va loin. C’est peut-être parce qu’on s’en va dans une campagne électorale. […] Je vais avoir 72 ans. Si je pensais sincèrement que j’étais dans le tort, est-ce que je me ferais bombarder comme ça ? », a-t-elle plaidé.

« Franchement, quand il y en a un qui se lève et qui dit que je suis incompétente et que j’ai fait partie du gouvernement du Parti libéral, pourquoi ils m’ont gardée si longtemps ? » a lancé l’ancienne ministre libérale devenue caquiste.

« Il y a des mots qui nous touche. On est des êtres humains… Se faire traiter de toutes sortes de choses, et pas seulement par des députés. Quand vous lisez les journaux, j’ai reçu beaucoup de quolibets, là, et puis… c’est ça. Je suis un être humain et c’est blessant », a-t-elle ajouté, au bord des larmes.