Fait rare dans le monde du travail : Québec présente un nouveau décret de convention collective, spécifiquement pour les signaleurs routiers — un métier très dangereux.

Le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, vient en effet de publier dans la Gazette officielle un projet de décret touchant les signaleurs routiers. Il est maintenant soumis à une consultation de 45 jours.

« Par la suite, nous pourrons entamer les démarches finales afin d’offrir aux salariés et aux entreprises une convention collective respectueuse de leur industrie », a confirmé le ministre.

Un tel décret est une sorte de convention collective qui accorde des conditions de travail minimales à tous les travailleurs d’un secteur donné, qu’ils soient syndiqués ou non.

Un décret protège aussi les employeurs contre la concurrence, en uniformisant les conditions de travail. Lorsqu’ils soumissionnent, ils sont à armes égales.

Il existe déjà de tels décrets dans l’entretien ménager d’édifices publics, par exemple, dans les agences de sécurité et dans l’industrie des services automobiles.

Dans les faits, le ministre modifiera le décret des agents de sécurité, auquel les signaleurs routiers sont présentement soumis, pour donner aux signaleurs leur propre décret de convention collective.

La demande provient tant des représentants des travailleurs que de ceux des employeurs. « L’industrie de la signalisation routière souhaite se doter d’un décret de convention collective depuis plusieurs années », a confirmé le ministre Boulet.

Le ministre note que le projet vise 65 entreprises et près de 2400 travailleurs, dans l’ensemble du Québec.

Un décret de convention collective est négocié par un syndicat et un employeur du secteur, puis les conditions de travail sont ensuite étendues aux autres. Le tout est ensuite géré par un comité paritaire.

Martin L’Abbée, représentant du syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, s’en réjouit. « Très bonne nouvelle pour le syndicat et pour tous les travailleurs du Québec, parce que même ceux qui ne sont pas syndiqués, leurs conditions de travail vont augmenter. Et on va peut-être arrêter, un moment donné, de dire “d’ici deux semaines, il y en a un qui va mourir”. Ça, c’est impensable ! Pour nous, on est très heureux du décret. »

Le métier de signaleur routier est effectivement dangereux. La CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) confirme sur son site web que dans les chantiers routiers, « les travailleurs et les travailleuses blessés ou tués sont souvent des signaleurs routiers ».

M. L’Abbée explique que les signaleurs routiers sont présentement inclus dans un plus grand groupe, dans le décret des agents de sécurité, ce qui rend plus difficile de négocier des conditions de travail qui leur sont propres. « Ça fait une vingtaine d’années que les signaleurs demandent leur propre décret. »