(Ottawa) Le Canada met sa menace à exécution et frappe la Russie de sanctions économiques. Il bonifiera aussi sa contribution à l’OTAN en déployant jusqu’à 460 membres des Forces armées en Lettonie afin de renforcer le flanc ouest de l’alliance politique et militaire.

« Le Canada condamne la reconnaissance par le président [Vladimir] Poutine de Donetsk et de Lougansk en tant que territoires indépendants. Cette reconnaissance est une violation des obligations de la Russie en vertu du droit international et de la Charte des Nations unies », a déclaré Justin Trudeau, mardi.

« Il ne faut pas s’y méprendre : il s’agit d’une nouvelle invasion d’un État souverain », a affirmé le premier ministre, accusant l’homme fort du Kremlin d’avoir prononcé lundi un discours truffé d’inexactitudes et de « dangereuse désinformation ».

En réaction à ces « provocations effrontées » et « en coordination avec des alliés et des partenaires aux vues similaires », le Canada a décidé de frapper la Russie d’une « première série de sanctions économiques » qui demeureront en place « jusqu’à ce que l’intégrité territoriale de l’Ukraine soit rétablie », a-t-il affirmé.

Le gouvernement interdira aux citoyens canadiens toute transaction financière avec les régions séparatistes prorusses de Lougansk et de Donetsk, et sanctionnera les membres du Parlement russe qui ont voté pour la décision illégale de reconnaître ces « soi-disant républiques », a soutenu Justin Trudeau.

Il sera également interdit aux Canadiens de participer à des achats de la dette souveraine russe, et Ottawa imposera des sanctions additionnelles contre les banques russes soutenues par l’État, en plus d’interdire toute transaction financière avec elles, a-t-il poursuivi.

À son côté, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a assuré que les sanctions occidentales feraient mal. Moscou a peut-être « étoffé sa trésorerie de guerre » en prévision de l’offensive, mais « ses réserves ne dureront pas éternellement », et « l’économie russe sera gravement compromise », a-t-elle plaidé.

Bonification de la contribution à l’OTAN

En plus de punir Moscou sur le plan économique, Ottawa envoie du renfort en Lettonie, où il participe déjà à la mission Reassurance, de l’OTAN. Le premier ministre a autorisé le déploiement d’« un maximum de 460 » membres des Forces armées canadiennes dans ce pays balte qui partage une frontière avec la Russie.

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Nous renforçons également notre soutien à l’OTAN. Le Canada s’est engagé à fournir d’importantes capacités médicales, aériennes, navales et terrestres supplémentaires à la Force de réaction de l’OTAN.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Les membres des Forces armées canadiennes ne fouleront pas le sol letton avant un moment. « La majeure partie des 460 [troupes] seront à bord du HMCS Halifax, qui sera déployé en mars, vers la fin mars », a expliqué la ministre de la Défense nationale, Anita Anand.

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Anita Anand, ministre de la Défense nationale

L'Ukraine n'étant pas membre de l'OTAN, l’organisation n'a pas d'obligation de riposter militairement à une attaque. L'article 5 du traité prévoit que « si un pays de l’OTAN est victime d’une attaque armée, chaque membre de l’Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l’ensemble des membres et prendra les mesures qu’il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué ».

La ministre Chrystia Freeland a quant à elle fait valoir que toutes ces mesures ne visaient pas le peuple russe, mais bien le président Poutine, son entourage et les oligarques. La politicienne aux racines ukrainiennes a réitéré que les « autocrates » avaient à l’œil la réponse de l’Occident aux actions du Kremlin.

L’ambassadeur de Russie convoqué

La ministre Joly a aussi signalé mardi que le gouvernement avait convoqué le chef de mission de Moscou à Ottawa, Oleg Stepanov : « J’ai donné l’instruction à ma sous-ministre de faire en sorte de [le] rencontrer pour lui exprimer clairement la position du Canada par rapport à la reconnaissance de Donetsk et Lougansk. »

La diplomate en chef du Canada a également multiplié au cours de la journée les échanges téléphoniques avec ses homologues du G7, dont les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni et de l’Allemagne, félicitant cette dernière d’avoir décidé de suspendre la certification du gazoduc Nord Stream 2.

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Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada

Le président de la Russie, Vladimir Poutine, a officiellement annoncé l’établissement de liens diplomatiques avec les régions séparatistes prorusses de Donetsk et Lougansk, mardi, après en avoir reconnu l’indépendance, la veille.

À la Maison-Blanche, mardi après-midi, le président des États-Unis, Joe Biden, annonçait l’imposition de sanctions économiques contre Moscou. Le pays n’aura plus accès à du financement occidental, et deux institutions bancaires ont été sanctionnées, a indiqué le dirigeant américain en conférence de presse.