(Québec ) Les libéraux accusent François Legault de diviser le Québec dans une dispute linguistique entre francophones et anglophones, alors qu’un débat sur la définition de qui est québécois a marqué la période des questions, jeudi, dans des échanges concernant l’abandon du projet d’agrandissement du collège Dawson et le bilinguisme des juges. « Je ne m’excuserai pas de défendre le français », a balayé d’un revers de main le premier ministre.

Au Salon bleu, la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade, a d’abord questionné François Legault sur son recul concernant l’agrandissement de Dawson, cégep anglophone du centre-ville de Montréal. Le gouvernement a confirmé plus tôt cette semaine qu’il abandonnait le projet et qu’il accompagnerait le collège pour louer de nouveaux locaux.

Reprenant le ton d’une publicité télévisée gouvernementale, la cheffe de l’opposition officielle a demandé au premier ministre : « Comment on appelle [ça], un francophone qui étudie à Dawson ? »

En tout, « 50 % seulement des étudiants à Dawson sont des anglophones. Donc, comment on appelle des étudiants qui étudient à Dawson ? La moitié, ce n’est pas des anglophones. Est-ce que c’est mieux d’agrandir des cégeps francophones avant d’agrandir des cégeps anglophones ? Nous, à la CAQ, on pense que oui », a répondu M. Legault.

Bilinguisme des juges

La cheffe libérale a ensuite enchaîné avec une question sur la nomination de juges bilingues. Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, a subi un important revers, mercredi, lorsque la Cour supérieure a tranché que si la juge en chef de la Cour du Québec demande des magistrats bilingues dans certains districts, Québec ne peut s’y opposer.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

François Legault, premier ministre du Québec

À la CAQ, on pense qu’un juge qui parle français, mais qui ne maîtrise pas l’anglais devrait pouvoir être juge à Saint-Jérôme.

François Legault, premier ministre du Québec

Le premier ministre a ajouté que le gouvernement n’acceptera pas « que ça devienne un prérequis pour tous les nouveaux juges ».

« Après deux ans à avoir vécu ce que l’on a vécu, les Québécois méritent mieux qu’un gouvernement qui veut diviser les Québécois. Moi, je peux vous dire une chose : le Parti libéral du Québec, il est là pour rassembler tous les Québécois, les francophones, mais aussi, oui, les anglophones », a affirmé Dominique Anglade.

Échanges corsés entre Fortin et Jolin-Barrette

Au cours de ses échanges avec le premier ministre, la cheffe libérale s’est référée au président de la Chambre, François Paradis, en l’appelant par erreur « monsieur le Québécois ». Le premier ministre aurait ensuite répondu, dans un échange qui n’a pas été capté par les micros, que M. Paradis était québécois puisqu’il était caquiste, selon ce qu’a expliqué le leader libéral André Fortin.

Ce que le premier ministre dit très clairement, c’est que les gens qui sont d’appartenance libérale, les gens qui se reconnaissent dans Québec solidaire, dans le Parti québécois, dans le Parti conservateur, les gens qui n’ont aucune affiliation politique quelle qu’elle soit, ils sont moins québécois.

André Fortin, leader libéral

« Si mon voisin avait dit quelque chose comme ça, j’aurais trouvé ça indécent. Que le premier ministre du Québec le dise, c’est inacceptable, c’est indigne de ses fonctions », a ajouté M. Fortin.

À sa sortie de la Chambre, le leader du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a accusé le Parti libéral de faire de la partisanerie à quelques mois des élections. Il a aussi affirmé qu’il faisait toujours confiance au président de l’Assemblée nationale, François Paradis, même s’il l’a accusé jeudi de faire un « traitement différencié » entre ses interventions et celle du leader de l’opposition officielle.

À la sortie du Salon bleu, M. Paradis n’avait pas envie de revenir sur les accusations de partialité portées contre lui par Simon Jolin-Barrette. « Je ne veux pas faire de commentaires là-dessus. Je pense que tout a été dit », a-t-il affirmé avant de poursuivre son chemin au pas de course.

Avec la collaboration de Tommy Chouinard, Fanny Lévesque et Charles Lecavalier, La Presse