(Québec) Alors que des manifestants se dirigent vers Québec pour « jammer » la capitale et s’opposer aux mesures sanitaires, François Legault trace une ligne à ne pas franchir : « On ne tolèrera aucun grabuge », prévient-il. Tous les partis politiques ont d’ailleurs confirmé qu’aucun député ne sera présent ce week-end pour accueillir le convoi.

Ian Lafrenière, ministre responsable des Affaires autochtones et anciennement policier à Montréal, a affirmé jeudi que « prendre une population en otage, peu importe le message qu’on veut passer, ce n’est pas tolérable ».

« Je ne suis plus dans la police, cependant, ce que je peux vous dire, c’est quand on veut passer un message, il y a une façon de le faire. […] Ce que j’ai vu le week-end dernier [à Ottawa] me fait mal au cœur. Quand j’ai vu des gens profaner [la] tombe du Soldat inconnu, quand j’ai vu des gens s’en prendre à des monuments comme le monument de Terry Fox, est-ce qu’ils ont nui à leur message ? Poser la question, c’est y répondre », a-t-il dit.

La cheffe de l’opposition officielle, Dominique Anglade, a pour sa part affirmé qu’il faut appliquer à Québec une « tolérance zéro » si des manifestants « se baladent avec des drapeaux nazis », comme certains l’ont fait à Ottawa dernièrement.

« Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, on a vu ce qui s’est passé à Ottawa, alors, on peut déjà présumer de ce qui va se passer aussi à Québec. C’est pour ça que le message du gouvernement doit être extrêmement clair », a-t-elle dit.

Les péquistes accusent QS d’être polarisant

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a pour sa part accusé jeudi son rival indépendantiste de gauche, Québec solidaire, d’avoir un discours « très similaire à la droite radicale » concernant le convoi contre les mesures sanitaires qui arrive à Québec.

« Vous vous souviendrez qu’Éric Duhaime a toujours ridiculisé les manifestations lorsqu’elles proviennent de la gauche. Il s’est moqué de toutes les manières des carrés rouges, mais également d’autres manifestations touchant à l’environnement. Et là, on a Québec solidaire qui nous dit ce matin : bien, il y a les bonnes puis il y a les mauvaises manifestations. […] La gauche radicale et la droite radicale ont des similarités en ce qu’elles ne tolèrent les manifestations que si ce sont leurs manifestations », a-t-il dit.

Le chef péquiste réagissait à un point de presse du chef de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a dit jeudi que « c’est bien important de tous se dire [que] ce n’est pas un mouvement de camionneurs, c’est un mouvement anti-mesures sanitaires, puis ça, en pleine pandémie, [ça] veut dire que c’est un mouvement anti-solidarité, puis c’est pour ça qu’il faut s’y opposer ».

« En disant qu’il y a des manifestations acceptables puis il y en a d’autres qui ne sont pas acceptables, c’est un discours aussi radical que celui d’Éric Duhaime », a affirmé M. St-Pierre Plamondon.

Une manifestation « contre la solidarité »

Dans son point de presse, au cours duquel il a affirmé que « la liberté de manifester, c’est important, les gens ont le droit de s’exprimer », Gabriel Nadeau-Dubois a ajouté que « manifester pour la levée de toutes les mesures sanitaires, c’est manifester contre la solidarité ».

« L’appel que je lance aujourd’hui, c’est un appel, c’est un appel à manifester pour les bonnes raisons », a dit le chef solidaire, citant en exemple des luttes « pour que nos enfants respirent de l’air de qualité, pour que nos aînés soient bien traités, pour que les gens qui travaillent dans les hôpitaux, dans les écoles, dans les abattoirs, dans les usines n’attrapent pas la COVID ».

« Demander la levée des mesures sanitaires, diviser les Québécois sur ces choses-là, ça nous éloigne d’une sortie de la pandémie, ça ne nous rapproche pas », a-t-il dit.

Avec la collaboration de Charles Lecavalier, La Presse