(Québec) Le gouvernement Legault maintient sa visée de lever l’urgence sanitaire à la fin du mois d’août lorsque 75 % des Québécois auront reçu deux doses de vaccin contre la COVID-19. François Legault entrevoit une rentrée parlementaire « plus normale » à l’automne alors qu’il espère débattre « d’autres sujets » que la pandémie. Et aux oppositions, le chef caquiste promet d’être « plus zen ».

Le chef de la Coalition Avenir Québec a fait le bilan vendredi de la session parlementaire qui prend fin. Des mois de travaux évidemment fortement marqués par la crise sanitaire. « On peut penser que [lors de] la prochaine session, ça ne sera pas le seul sujet », a fait valoir le premier ministre.

Alors qu’il domine dans les sondages, François Legault a assuré « ne prendre rien pour acquis » et s’attendre à ce que « ça va être plus serré » d’ici le prochain scrutin général, en octobre 2022. Parce que la prochaine rentrée marquera également le début de l’année préélectorale. Il veut « moins [se] fâcher] » et « rester zen ».

« Je m’attends à ce que l’opposition, plus on va approcher de l’élection, va être plus agressi[ve], donc… rester zen », a-t-il lancé.

Les dernières semaines ont donné lieu à des débats plus corsés au Salon bleu et à des attaques des oppositions autour du projet de tunnel Québec-Lévis et du départ du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Les partis d’opposition ont accusé le gouvernement d’arrogance et de montrer « son vrai visage ».

« Je ne pense pas que c’est de l’arrogance. Je pense que je reste quelqu’un d’humble, mais je reste quelqu’un qui est un peu sanguin et puis qui, parfois, va montrer trop de caractère », s’est-il défendu.

Au début de son mandat majoritaire en 2018, François Legault avait appelé ses troupes à demeurer humbles. Il assure tenir le même discours aujourd’hui.

« C’est le même message que je me donne à moi-même : rester humble. Ce n’est jamais gagné la confiance des Québécois. Alors, ne pas être arrogant, écouter les Québécois et s’ajuster quand c’est nécessaire », a-t-il affirmé, vendredi.

François Legault a dit souhaiter que la rentrée parlementaire 2021 se fasse avec la présence des 125 députés de l’Assemblée nationale. « D’abord, il va falloir écouter la santé publique », a-t-il nuancé. « Je pense qu’avec la vaccination, on peut être confiant que ça va être pas mal plus normal à la rentrée », a ajouté M. Legault.

L’état d’urgence sanitaire pourrait d’ailleurs être levé comme il l’avait laissé savoir à compter de la fin août. Mais, le premier ministre s’est avancé un peu plus vendredi soutenant que dès que 75 % de la population (chaque tranche d’âge) aura reçu deux doses de vaccin, l’état d’urgence pourrait être levé.

Il ne craint pas une quatrième vague de la pandémie cet automne grâce à la vaccination. « Ça n’aurait rien à voir avec ce qu’on a connu dans les premières vagues, mais il pourrait y avoir un sursaut », a-t-il dit.

Il encourage les Québécois, après 15 mois difficiles, à recharger leur batterie durant la saison estivale qu’il appelle « l’été des rapprochements ».

Un bilan positif malgré la crise

Malgré la démission récente de Pierre Fitzgibbon, éclaboussé par un rapport de la commissaire à l’éthique, et la rétrogradation de Marie-Ève Proulx en raison d’allégation de harcèlement psychologique, François Legault trace un bilan positif des derniers mois. Il fait valoir notamment « le succès » de la campagne de vaccination.

Il a vanté la présentation du projet de loi 96, « le geste le plus important depuis la Loi 101 », l’entente conclue avec les Innus pour la réalisation du projet éolien Apuiat, son programme de requalification de la main-d’œuvre pour l’après-pandémie et la conclusion d’une entente entre les géants des télécommunications pour accélérer le branchement de tous les foyers québécois à internet haute vitesse.

Il a mis en valeur que le Québec a été « un des endroits dans le monde » à garder ses écoles ouvertes « le plus de jours » pendant la crise sanitaire. La gestion de ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, a malgré tout été controversée pendant les 15 mois de la pandémie. Les oppositions ont réclamé sa démission.

« Il n’y a aucun changement de prévu dans notre gouvernement. Je suis très satisfait de l’équipe qu’on a actuellement », a-t-il affirmé.

Parmi ses visées pour l’automne prochain, François Legault lance déjà un avertissement aux médecins de famille : « Préparez-vous », a-t-il indiqué. « On va travailler très fort à changer les choses ». Il a par la suite ajouté que « ce n’est pas facile, de négocier, entre autres, avec la [Fédération des médecins omnipraticiens du Québec] ».

Il a expliqué que ce n’était « pas exclu » de faire appel à la loi 20 de l’ex-ministre Gaétan Barrette. Cette loi permet au gouvernement d’imposer des pénalités aux médecins de famille qui n’atteindraient pas des cibles visant à augmenter l’accès à leurs services. « Ce n’est pas acceptable qu’il y ait autant de Québécois qui n’aient pas de médecin de famille », a dit M. Legault.