(Ottawa) Le NPD ne lâche pas le morceau dans le dossier des primes qui ont été versées à des dirigeants d’Air Canada.

Même si des membres de la haute direction d’Air Canada ont annoncé dimanche soir qu’ils renonçaient à leurs primes, le NPD invite le gouvernement Trudeau à serrer la vis de sorte que l’ensemble des dirigeants n’y aient pas droit.

Dans une lettre qu’ils ont fait parvenir à la ministre des Finances Chrystia Freeland, les députés néo-démocrates Peter Julian et Alexandre Boulerice affirment que le gouvernement Trudeau doit imposer d’une manière rétroactive s’il le faut des conditions sévères au sujet des émoluments des membres de la haute direction.

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Peter Julian

Dimanche, Air Canada a annoncé que ses hauts dirigeants ont pris la décision de renoncer à leurs primes controversées pour l’année 2020 en raison de la forte désapprobation populaire.

Dans un communiqué, la compagnie aérienne a indiqué « que les vice-présidents généraux et le président et chef de la direction actuels d’Air Canada ont choisi de volontairement rendre leurs primes et leurs droits à la plus-value d’actions de 2020 ». De plus, l’ancien président et chef de la direction d’Air Canada, Calin Rovinescu, « remettra la valeur de sa prime et de ses droits à la plus-value d’actions pour 2020 à la Fondation Air Canada ».

Mais le communiqué ne faisait pas mention des autres membres de la direction dont les primes totales s’élèvent à plus de huit millions de dollars sur les dix millions du programme de primes.

« Les bonis spéciaux […] approuvés par le Conseil d’administration aux dirigeants d’Air Canada sont totalement inacceptables. Vous êtes directement responsable de cette situation et c’est votre devoir d’exiger le remboursement intégral de ces primes », affirment les élus néo-démocrates dans leur lettre.

Ils ajoutent que le gouvernement aurait pu éviter une telle controverse s’il avait décrété, en lançant le programme de subvention salariale aux entreprises, qu’aucune somme ne pourrait être versée en primes aux hauts dirigeants des sociétés.

« Nous avions clairement demandé à votre gouvernement de s’assurer que le versement de la subvention salariale d’urgence (SSUC) serve uniquement à la protection des emplois et des salaires des travailleurs et repose sur des conditions strictes, notamment en interdisant toute augmentation de salaire aux dirigeants, des rachats d’actions et de distribution de dividendes aux actionnaires. »

« Malgré nos demandes répétées, votre programme de subvention salariale est rempli d’échappatoires dont profitent des dirigeants sans scrupules et au détriment des travailleuses et des travailleurs. En effet, Air Canada s’est prévalue de la subvention salariale tout en mettant à pied des milliers de travailleurs. C’est inacceptable, car l’objectif de la subvention est de maintenir le lien d’emploi avec les travailleurs qui ne sont pas à l’emploi en raison des mesures de santé publique », font-ils valoir.

Mais Air Canada insiste pour dire que « pas le moindre dollar des contribuables et aucuns fonds provenant du soutien financier sectoriel » mis sur pied par le gouvernement fédéral ne servent à financer les primes destinées aux employés ou aux dirigeants d’Air Canada

Au début de l’année 2020, les hauts dirigeants et 3200 gestionnaires avaient volontairement consenti à une réduction totale de 11,5 millions de dollars de leur salaire de base. Cette baisse pouvait être compensée par des droits à la plus-value d’actions, a indiqué la compagnie.

Mais le NPD croit qu’il faut malgré tout rappeler Air Canada à l’ordre.

« L’attitude permissive de votre gouvernement est directement responsable de ce qui arrive en ce moment. Si vous aviez conditionné dès le départ le versement de la subvention salariale d’urgence à l’interdiction de verser des bonis aux dirigeants, cet abus de fonds publics aurait pu être évité. D’ailleurs, votre dernier budget reconnaît la présence de cette échappatoire en exigeant, après la date du 5 juin, des entreprises bénéficiaires de la SSUC, le remboursement des augmentations de salaire aux dirigeants », affirment M. Julian et Boulerice dans leur lettre à la ministre Freeland.

« Si les dirigeants d’Air Canada profitent de ces échappatoires, il est de votre responsabilité d’y mettre fin en exigeant le remboursement de ces primes. »

Avec La Presse Canadienne