(Ottawa) La presque totalité des députés de la Chambre des communes demande au premier ministre Justin Trudeau de tout mettre en œuvre pour éviter la tenue d’élections fédérales durant la pandémie.

Par un vote de 327 à 1, les députés libéraux, conservateurs, bloquistes, néo-démocrates et verts ont appuyé mardi la motion présentée par le Bloc québécois voulant qu’il incombe au gouvernement libéral de Justin Trudeau d’éviter la tenue d’un scrutin durant la crise sanitaire.

La motion bloquiste affirmait aussi que tenir des élections en temps de pandémie « serait irresponsable » alors que l’on commence à peine à lever certaines restrictions imposées à cause de la COVID-19.

Seul le député indépendant Derek Sloan, expulsé du caucus du Parti conservateur par le chef Erin O’Toole au début de l’année, a voté contre la motion.

« Il est démocratiquement essentiel que l’on puisse s’exprimer sur un enjeu aussi crucial et que nous puissions en arriver à une solution commune d’ici la fin de la session parlementaire », a relevé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Il est clair que les Québécois ne veulent pas d’élections à court terme et le gouvernement doit agir en conséquence.

Yves-François Blanchet, chef du Bloc québécois

Les libéraux égratignent le Bloc

Avant le vote, les libéraux de Justin Trudeau ont tout de même tourné au ridicule la démarche parlementaire du Bloc québécois.

Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Pablo Rodriguez, a rappelé que le chef bloquiste Yves-François Blanchet disait souhaiter il y a quelques mois à peine que les heures du gouvernement minoritaire libéral soient comptées. Et il était prêt aussi à déposer une motion de censure si le premier ministre Justin Trudeau, sa chef de cabinet, Katie Telford, et le ministre des Finances, Bill Morneau, ne quittaient pas leurs fonctions à la suite de l’affaire WE Charity (UNIS en français).

PHOTO SEAN KILPATRICK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Pablo Rodriguez, leader du gouvernement à la Chambre des communes

« À l’automne, le Bloc québécois voulait partir en élections sur le discours du Trône. Il fallait vraiment des élections. Et le chef du Bloc québécois disait, et je le cite : ‟Si ce Parlement a du courage, les jours du gouvernement en place sont comptés. Si certains d’entre nous avaient du courage, les heures de ce gouvernement seraient comptées.” Il est même allé aussi loin que traiter de peureux ceux qui ne voulaient pas d’élections. Alors qui dit vrai ? Le Bloc de l’automne dernier ou le Bloc aujourd’hui ? », a lancé M. Rodriguez.

Au cours des derniers mois, le premier ministre Justin Trudeau a dit qu’il ne souhaitait pas d’élections générales au printemps dans la mesure où son gouvernement minoritaire pouvait faire adopter les projets de loi qu’il juge importants. Il avait toutefois laissé entendre qu’il n’aurait d’autre choix que de faire appel au jugement des électeurs si le Parlement devenait dysfonctionnel.

Dans les rangs libéraux, on écarte maintenant la tenue d’élections au printemps. Mais on se prépare activement en prévision d’un scrutin qui pourrait avoir lieu à la fin de septembre ou au début d’octobre.