(Ottawa) Les craintes évoquées dans certains médias anglophones quant aux ramifications que pourraient avoir les modifications unilatérales à la Constitution souhaitées par le Québec sont injustifiées aux yeux de Justin Trudeau.

« Je ne partage pas cette interprétation », s’est contenté d’offrir le premier ministre en réponse à la question d’une journaliste qui lui demandait si la portée des amendements pourrait être non seulement politique, mais aussi juridique.

En exprimant telle divergence d’opinions, mardi, il semble aller à l’encontre de la lecture que fait le ministre Simon Jolin-Barrette de son propre projet de loi, le 96. Dans une entrevue avec Le Devoir, ce dernier a argué que ce volet de la mesure législative qui hérisse certains au Canada anglais serait plus que symbolique.

Car cette refonte proposée de la loi 101 « vient bien poser les jalons québécois du respect de l’autonomie québécoise, puis des droits collectifs associés à la nation québécoise », a plaidé le ministre de la Justice dans un article paru samedi dernier.

Certains constitutionnalistes ne partagent pas tout à fait cet avis.

Des commentateurs et analystes politiques du Canada anglais ont reproché au premier ministre Trudeau de plier l’échine face au Québec en réaction à l’ouverture qu’il a communiquée par rapport à la démarche du gouvernement québécois.

À Québec, mardi, le premier ministre François Legault a fait écho aux propos de son ministre responsable de la langue responsable de la Langue française lorsqu’on lui a demandé de dire ce qu’il pensait de la levée de boucliers dans le « ROC » (Rest of Canada).

« Ce n’est pas seulement symbolique. Nous nous attendons à ce que grâce à ces changements, nous puissions accroître l’usage du français au Québec », a-t-il soutenu en conférence de presse.

La semaine dernière, à Ottawa, Justin Trudeau a plaidé que selon les analyses du fédéral, le gouvernement du Québec pourrait modifier la Loi constitutionnelle de 1867 afin d’y inscrire que les Québécois forment une nation et que le français est la langue officielle du Québec.

« Ce que nous comprenons de nos analyses initiales, c’est qu’effectivement, le Québec a le droit de modifier une partie de la Constitution », a-t-il lancé.

Il a ajouté que les « constats » du gouvernement québécois étaient partagés par le gouvernement fédéral, « c’est-à-dire que le Québec constitue une nation et que c’est une province où la langue officielle, c’est le français ».

Le premier ministre Trudeau a néanmoins signalé que le gouvernement fédéral allait tâcher de s’assurer du respect des protections prévues « ailleurs dans la Constitution, particulièrement pour les anglophones au Québec ».

Tous les autres partis d’opposition à Ottawa ont appuyé la démarche du gouvernement Legault.

Le Bloc québécois a décidé de mettre à l’épreuve la volonté des députés.

La formation compte déposer cette semaine une motion visant à officialiser l’appui de l’ensemble des députés de la Chambre des communes.

Le chef bloquiste Yves-François Blanchet a avancé que si Justin Trudeau avait envoyé un signal positif, c’était à des fins partisanes — le premier ministre ne peut se permettre de perdre des appuis électoraux au Québec, a-t-il suggéré en conférence de presse, la semaine passée.