(Ottawa) Mark Carney, longtemps présenté comme un potentiel candidat à la direction du Parti libéral du Canada, sera la semaine prochaine l’un des conférenciers invités au congrès de la formation.

Il s’agira d’une sorte d’entrée sur la scène politique pour l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre. Jusqu’à récemment, ses postes de direction l’obligeaient à éviter le moindre soupçon d’allégeance partisane.

Toutefois, il est de notoriété publique qu’il a flirté avec l’idée de se lancer en politique. Les libéraux fédéraux ont fait circuler son nom pendant au moins 10 ans.

En 2012, après avoir la pire raclée électorale de l’histoire du parti, M. Carney avait nié tout intérêt à le diriger. « Pourquoi deviendrais-je un clown de cirque ? », avait-il lancé de façon cinglante.

Il a quitté le pays peu de temps après pour prendre la tête de la Banque d’Angleterre, mais les spéculations sur son intérêt pour la politique fédérale se sont intensifiées une fois de plus après son retour au Canada et la publication récente de ses mémoires : « Value(s) : Building a Better World For All » ou « Valeur(s) : Construire un monde meilleur pour tous », en traduction libre.

Dans ce livre, Mark Carney explique comment il voit une reprise économique durable et plus inclusive en se fondant sur les leçons qu’il a tirées de la gestion de la politique monétaire au Canada pendant la crise financière de 2008 et en Grande-Bretagne pendant les suites tumultueuses de la sortie de ce pays de l’Europe.

Lorsque Bill Morneau a brusquement démissionné de son poste de ministre des Finances en août, son nom a été mentionné comme remplaçant possible. Le premier ministre a préféré nommer Chrystia Freeland, elle-même considérée comme une éventuelle candidate à sa succession.

Le nom de Mark Carney a refait surface avant l’élection partielle visant à remplacer M. Morneau dans la circonscription de Toronto-Centre. Finalement, il ne s’est pas présenté. C’est Marci Ien, qui coprésidera le congrès virtuel qui se déroulera du 8 au 10 avril, qui a été élue.

Depuis la sortie de son livre le mois dernier, M. Carney a été peu loquace sur ses ambitions politiques. Il a insisté sur le fait qu’il se concentrait sur son travail à titre d’envoyé extraordinaire des Nations Unies pour l’action climatique et la finance et de vice-président de Brookfield Asset Management, où il supervise l’expansion de la société mondiale vers les investissements environnementaux et sociaux.

Il n’a pas catégoriquement exclu un avenir en politique.

L’apparition de M. Carney au congrès libéral n’annonce peut-être pas un plongeon dans l’arène politique. Pour lui, c’est plutôt l’occasion de tester la température, une semaine avant la présentation du premier budget de Mme Freeland.

Parmi les autres conférenciers invités figurent deux vétérans de la campagne présidentielle américaine : Caitlin Mitchell, conseillère numérique principale pour le duo Biden-Harris et Muthoni Waambu Kraal, ancienne directrice politique et organisatrice nationale du Comité national démocrate.

Les libéraux entendront aussi Ben Rhodes, un ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale de l’ancien président américain Barack Obama.

Plus de 5000 libéraux se sont déjà inscrits pour participer à ce congrès entièrement virtuel, a indiqué le porte-parole du parti, Braeden Caley. Le chef Justin Trudeau prononcera samedi un discours.

Le congrès s’attaquera à quatre grands thèmes : la santé, la reprise économique, l’environnement, et la justice sociale, a ajouté M. Caley.