(Montréal) Ce sont 6 millions de plus qui iront à des projets pour prévenir les violences sexuelles et la violence conjugale et familiale en milieux autochtones, a annoncé jeudi le gouvernement du Québec.

« Nous avons reçu un total de 61 projets » en réponse à un appel d’intentions lancé le 25 août dernier, a expliqué la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, en conférence de presse à Montréal.

Elle s’est réjouie de cette grande mobilisation, et a souhaité « permettre le financement du plus grand nombre de projets possible ».

Avec ce nouveau montant, l’enveloppe totale fait plus que doubler, pour atteindre 11,4 millions.

Les projets proposés seront faits « par et pour les Autochtones », a ajouté le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, qui « veut que ces projets soient bien adaptés » aux besoins. Parmi eux, « environ 50 % sont en milieux autochtones, et 50 % en milieu urbain », où les réalités peuvent être bien différentes.

Les propositions se déclinent en trois catégories : « Violence conjugale et familiale », « Violences sexuelles » et « Hommes et guérison ». Le ministre Lafrenière s’est dit « très heureux de voir que plusieurs projets visent aussi le volet Hommes et guérison, et ça démontre à quel point les hommes doivent faire partie de la solution ».

Des besoins criants

« L’annonce d’aujourd’hui représente pour l’association Femmes autochtones du Québec une excellente nouvelle pour assurer le bien-être et la sécurité des femmes et des filles autochtones, qu’elles soient en milieu urbain ou dans les communautés autochtones », a déclaré la présidente de l’organisme, Marjolaine Étienne, lors de la conférence de presse.

« S’il y a eu une bonification, c’est la preuve que les besoins sont présents partout sur le terrain, a-t-elle affirmé. Ce sont nos femmes, nos filles, nos sœurs autochtones qui sont disproportionnellement victimes de violence sous toutes ses formes. »

Des 18 féminicides qu’a comptés le Québec en 2021, trois victimes sont autochtones, a rappelé la ministre Charest.

D’après Mme Étienne, « l’isolement et le confinement des femmes autochtones dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 ont fait augmenter le nombre de cas de violence conjugale et de violence sexuelle ».

Si la crise sanitaire a eu cet effet partout dans la province, les Autochtones sont parmi les plus touchées, « de par les conditions socioéconomiques et la surpopulation des maisons dans les communautés », a-t-elle soutenu. « L’isolement géographique des communautés autochtones, ainsi que le manque flagrant d’accessibilité aux services, sont aussi des facteurs dans les cas de violences conjugales, familiales et sexuelles. »