(Québec) Seul roi et maître des sondages d’opinion depuis des années, le premier ministre François Legault craint cependant devoir subir une baisse de popularité de son gouvernement, à l’approche de la prochaine échéance électorale.

Depuis des mois, les partis d’opposition martèlent, jour après jour, que le gouvernement a mal géré la première vague de la pandémie, alors que 4000 aînés sont décédés de la COVID-19 dans les CHSLD, souvent dans des conditions horribles. Les CHSLD, soutiennent-ils, ont été l’angle mort de la pandémie et à force de taper ce clou, leur message pourrait finir par percoler dans l’opinion publique.

Jusqu’à maintenant, le gouvernement s’en est tiré indemne. Mais jusqu’à quand ?

D’un sondage à l’autre, l’adhésion des électeurs à François Legault et à son parti, la Coalition avenir Québec (CAQ), ne semble pas vouloir fléchir. Elle atteint des sommets stratosphériques que doivent lui envier les partis d’opposition.

Si rien ne change, et si on se fie à toute une série de sondages passés, tout indique que le gouvernement Legault se dirige vers une victoire facile, éclatante, en octobre 2022.

Mais M. Legault dit refuser de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

L’écart entre les partis « va se resserrer dans les prochains mois », a-t-il prédit, vendredi, en conférence de presse, en marge de la fin de la session parlementaire, l’avant-dernière avant le prochain scrutin.

Il dit refuser de se montrer « trop optimiste », disant avoir « assez d’expérience en politique pour savoir que les sondages ça peut changer rapidement ».

« J’aime mieux regarder ce scénario-là, de regarder que ça peut changer. Je pense que ça peut se resserrer. Assurons-nous qu’on mérite la confiance des Québécois, comté par comté », a dit M. Legault, ajoutant qu’il ne voulait rien tenir pour acquis.

Sauf qu’avec de tels scores, il sera sans doute plus difficile de garder ses troupes mobilisées et motivées, la victoire paraissant à portée de main sans effort à fournir.

En 2018, la CAQ a pris le pouvoir avec 37 % du vote, formant un gouvernement majoritaire. Aujourd’hui, le parti irait chercher 46 % d’appuis. Chez les francophones, la base de l’électorat caquiste, l’appui des électeurs grimpe à 52 %, selon le dernier sondage Léger, effectué fin novembre, qui venait confirmer une tendance lourde.

Selon le site de projections QC125, dirigé par Philippe J. Fournier, François Legault irait chercher actuellement 97 des 125 sièges que compte l’Assemblée nationale, soit 22 de plus qu’actuellement. Aussi bien dire qu’il balaierait le Québec, sauf l’île de Montréal, en bonne partie libérale, laissant des miettes aux autres partis.

Une façon de garder la faveur populaire sera de se présenter devant l’électorat en ayant tenu ses promesses électorales.

On est encore loin du compte, cependant, et le temps commence à manquer pour le gouvernement, car il ne lui reste qu’une brève session, de février à juin, pour déposer et faire adopter les projets de loi qui lui tiennent à cœur, avant de devoir demander à la population un second mandat.

Aide médicale à mourir

Le premier ministre Legault a indiqué vendredi son intention d’aller de l’avant avec l’idée de légaliser les demandes anticipées d’aide médicale à mourir, pour les personnes ayant reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer.

« Je souhaite agir de ce côté-là » au cours de la prochaine session, a-t-il dit. C’est le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui aura la responsabilité de transformer en projet de loi les recommandations du rapport de la commission spéciale sur les soins de fin de fin de vie, déposé cette semaine.

« Je souhaite, parce que les Québécois le souhaitent, qu’on élargisse l’aide médicale à mourir », a-t-il ajouté, soucieux que le législateur s’assure des balises à ériger « pour éviter des dérapages ».

Statut de l’artiste

Lors de la campagne électorale de 2018, la CAQ s’était engagée à répondre à une demande pressante du milieu culturel : moderniser les deux lois sur le statut de l’artiste, de manière à tenir compte des réalités actuelles du monde du travail.

Trois ans et demi plus tard, la ministre de la Culture, Nathalie Roy, n’a toujours déposé aucun projet de loi.

Relancé vendredi, le premier ministre a réaffirmé sa volonté d’aller de l’avant. « Oui, je compte bien agir avant la fin du mandat », dans ce dossier, a-t-il assuré.

Autres lois à venir

Le menu législatif de la prochaine session s’annonce chargé car plusieurs projets de loi déposés, et pas des moindres, doivent encore franchir plusieurs autres étapes avant leur adoption.

C’est le cas notamment du projet de loi 96, qui propose une vaste réforme de la loi 101 et qui en est rendu à l’étape de l’étude article par article.

Il est parrainé par le ministre Simon Jolin-Barrette, tout comme le projet de loi 2, qui modifiera le Code civil, en dessinant un encadrement légal au recours aux mères porteuses, tout en revoyant les notions de sexe et de genre.

Parmi les autres projets de loi à surveiller l’hiver et le printemps prochain, notons le projet de loi 1, piloté par le ministre Mathieu Lacombe, qui modernisera l’encadrement des services de garde, et le projet de loi 15, parrainé par le ministre Lionel Carmant, qui visera à implanter une nouvelle approche à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), davantage centrée sur les besoins de l’enfant.