(Québec ) Le thème de l’environnement a cédé sa place à celui de la santé au dernier jour du congrès des membres libéraux. À l’issue d’un vote serré, les militants ont adopté une résolution pour « dépolitiser » le système de la santé afin de rompre avec les « grandes réformes » comme celle de Gaétan Barrette qui « brisent le système ».

La proposition, poussée par l’aile jeunesse libérale, a suscité le débat dimanche. Les jeunes libéraux ont réussi à faire passer une résolution visant à créer un « organisme étatique indépendant » pour gérer le système de santé québécois. Les militants ont voté à 53 % en faveur, 46 % d’entre eux étaient contre.

« C’est de retirer le pouvoir politique pour que les réformes arrêtent de briser le système de santé parce que c’est ça qui se passe présentement. Aux quatre ans, on change de gouvernement et c’est malheureux », a fait valoir le conseiller de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, William Baril.

Il n’exclut pas la réforme controversée de l’ex-ministre de la Santé, Gaétan Barrette, dans son propos. « C’est ça le but que ce ne que ne soit pas simplement l’idée d’un homme ou d’une femme qui déroge de la prérogative établie de prime abord », a expliqué sans ambages le jeune militant de l’Abitibi-Témiscamingue.

Le principal intéressé n’a pas rejeté l’idée, mais estime que le moyen pour y arriver n’est pas le bon. « Ce n’est pas un mauvais thème, mais je ne pense pas que de la façon dont [la proposition est construite] au moment où l’on se parle mène à une dépolitisation », a réagi Gaétan Barrette en bon joueur.

Sa cheffe n’a pas « fermé la porte » à une telle mesure, mais a tempéré les attentes des jeunes libéraux. « La réalité, c’est que ça fait partie des 120 propositions que l’on a entendues », a-t-elle répété.

Voit-elle là un signal des militants de rompre avec l’ère Barrette ? « En matière de santé, on le voit aujourd’hui qu’on est la croisée des chemins. […] Ça va nécessiter une vraie réflexion quant à notre système de santé, il n’y a pas de doute », a-t-elle résumé en mêlée de presse, évitant de répondre directement à la question.

Un débat divisé

« Nous voulons un service de santé national et une deuxième révolution tranquille au Québec », a lancé en débat le président de la commission-jeunesse, Gabriel Ahmad.

« Ceci n’est pas une grande réforme centralisatrice des structures. Les structures en place restent les mêmes. On parle d’une réforme qui est unique en son genre parce qu’elle touche seulement le palier supérieur de la gestion », a-t-il plaidé avant le vote, évoquant « le pas de recul » que voulait prendre à l’époque Philippe Couillard.

Lors de la campagne électorale en 2018, Philippe Couillard avait ramené une idée évoquée en 2011 de confier la gestion du système de santé à une société d’État, indépendante du pouvoir politique, une fois la réforme Barrette complétée.

Un militant en défaveur de la proposition des jeunes libéraux a notamment exprimé de craindre que cela « s’attaque à la responsabilité ministérielle ». Un autre a affirmé que « ça semblait quasiment à une proposition péquiste ou solidaire ».

Selon le libellé de la proposition, cette nouvelle entité serait régie par un conseil d’administration, dont les membres seraient nommés par un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale. La composition devrait respecter une proportion du tiers de gestionnaires, du tiers des travailleurs de la santé et du tiers d’usagers.

Son mandat sera d’établir « les lignes directrices du système de la santé » et le de décentraliser « par la création de regroupements régionaux ». Cet organisme indépendant serait aussi responsable des « négociations avec les employés » du réseau de la santé et des services sociaux.