(Québec) Québec solidaire est rendu à une nouvelle « étape », celle de « se préparer à gouverner », a lancé le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois aux militants, à qui il a rendu des comptes pour la première fois comme chef parlementaire au premier jour du congrès du parti.

Il a passé le test sans trop de mal, bien que l’appui de l’aile parlementaire à la loi spéciale du gouvernement Legault sur les manifestations « en lien avec les mesures sanitaires » fasse grincer des dents.

Il y a un an, les leaders de Québec solidaire (QS) avaient reçu une volée de bois vert des membres qui les avaient accusés d’avoir été complaisants avec le gouvernement depuis le début de la pandémie.

Cette fois, la base militante avait un ton plus posé. Vendredi soir, de nombreux membres ont pris la parole, par l’entremise d’une plateforme virtuelle, à la suite d’une présentation de Gabriel Nadeau-Dubois et de la leader parlementaire Christine Labrie sur les batailles menées par les députés en Chambre.

« Au conseil national de l’automne 2020, il y avait eu quelques critiques sur le manque de visibilité de l’aile parlementaire dans le contexte de la COVID, et je pense qu’elles ont été bien entendues », a déclaré le militant Ludvic Moquin-Beaudry, qui a déjà travaillé dans les instances de Québec solidaire et qui était responsable des communications de la Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante au moment où M. Nadeau-Dubois en était le porte-parole.

« Non seulement on a joué notre rôle de deuxième opposition, mais on a l’impression depuis quelques mois qu’on est rendu la première opposition », a-t-il ajouté.

Désaccord autour du droit de manifester près des écoles

Néanmoins, l’aile parlementaire n’a pas échappé aux critiques. La militante Hélène Bissonnette, membre du Collectif Tendance marxiste internationale, a jugé inacceptable que Québec solidaire ait donné son appui à la loi spéciale interdisant les manifestations « en lien avec les mesures sanitaires » à moins de 50 mètres des écoles et d’autres établissements publics.

« L’adoption du projet de loi 105 crée un énorme précédent qui peut ouvrir la porte à d’éventuelles attaques contre les manifestations de la gauche et les luttes du mouvement ouvrier, étudiant et des groupes opprimés, a-t-elle affirmé. Nos députés ont voté en faveur de la loi malgré que ça va à l’encontre de l’article 4.5.6 de notre programme qui défend explicitement la liberté de manifester. »

Selon elle, cet appui « ne participe qu’à donner une couverture de gauche au gouvernement de la CAQ qui nous amène dans un cul-sac et qui malgré tout surfe encore sur une vague de popularité ». Elle a même accusé le gouvernement d’avoir fait une « gestion criminelle » de la pandémie.

Christine Labrie a répliqué que les députés de QS avaient estimé que « c’était une entrave minimale que de demander à ce que les manifestations se tiennent à plus de 50 mètres des établissements d’enseignement ». L’objectif était « simplement de s’assurer que les élèves puissent aller à l’école en toute quiétude », a-t-elle affirmé.

Mettre la pression

Dans sa présentation, Gabriel Nadeau-Dubois a fait valoir que le parti « a changé, a grandi » et qu’il doit maintenant « se préparer à gouverner ». Il doit « aller chercher » tous ceux qui « ne se reconnaissent pas dans la vision conservatrice de François Legault ». « Ce qu’on veut leur dire, c’est : Québec solidaire, c’est votre maison, c’est votre famille politique. »

En matière d’environnement, il faut être « les plus crédibles et les plus ambitieux », a-t-il ajouté, se félicitant de gains de son parti sur ce front. « Cet été, le gouvernement a annoncé la fin de GNL-Québec […], et au sujet du troisième lien, il commence à y avoir du mouvement. On a vu un gouvernement de la CAQ reculer, modifier son discours, et même modifier le projet lui-même. Ça démontre que notre pression commence à fonctionner. »

De son côté, la députée Émilise Lessard-Therrien a fait le bilan de son passage à la COP26 et en a profité pour vilipender le premier ministre François Legault. « Il est allé là pour faire des affaires. Il a vraiment assisté à la COP26 comme si c’était le nouveau sommet économique de Davos. Pour vrai, ça nous a vraiment répugné, j’ai envie de dire », a-t-elle laissé tomber. Avec sa « vision strictement économique », le premier ministre « est en train d’évacuer toute la dimension humaine de la crise climatique », selon elle.