Le Code criminel est « très fort », a défendu vendredi le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, en promettant d’agir pour « renforcer les lois et les ressources frontalières » sur le contrôle des armes à feu, alors que Québec et Montréal accentuent la pression sur Ottawa dans la foulée du meurtre de Thomas Trudel.

« C’est une impression fausse. On a fait plus que n’importe quel gouvernement dans l’histoire canadienne pour les armes à feu », a laissé entendre M. Lametti en marge d’un point de presse vendredi à Laval, en rejetant ainsi les attaques des autres paliers de gouvernement, qui dénoncent le manque d’actions des autorités fédérales aux frontières.

Il affirme au contraire que le gouvernement Trudeau est très proactif en ce sens. « On a déjà fait une annonce pour interdire les armes d’assaut et on est en train d’étudier la question des armes de poing », a-t-il dit.

Depuis le meurtre du jeune Thomas Trudel dans le quartier Saint-Michel, dimanche, Québec et Montréal ont tous deux pressé Ottawa d’en faire plus pour contrôler la circulation des armes à feu.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Thomas Trudel, 16 ans, retournait chez lui dimanche soir après une sortie au parc lorsqu’il a été abattu à deux pas de sa maison, dans Saint-Michel.

Mercredi, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, avait appelé le fédéral à mieux protéger les frontières et à réviser le Code criminel pour que les peines liées aux armes illégales soient « conséquentes et dissuasives ».

« Le Code criminel est très fort, mais évidemment, on doit regarder comment gérer les armes à feu », a réagi le ministre Lametti à ce sujet vendredi, en soutenant qu’il s’agit d’une problématique « complexe ». « Il y a plusieurs aspects. Il faut notamment travailler pour éliminer les gangs de rue. Et il y a d’autres enjeux aux frontières. On travaille là-dessus », a-t-il insisté, sans donner plus de détails.

M. Lametti affirme que « comme Montréalais et comme Québécois », des tragédies comme le meurtre de Thomas Trudel lui font « beaucoup de peine ». « On ne veut pas voir ce qui se passe en ce moment. […] On travaille d’arrache-pied sur cet enjeu et on va collaborer avec les autres paliers de gouvernement pour trouver une solution », a-t-il encore promis devant les médias.

Plante : « Je n’ai pas le pouvoir »

Lors de son prestation de serment, jeudi soir, Valérie Plante n’a pas non plus mâché ses mots à l’égard du fédéral dans ce dossier. « Comme mairesse, je n’ai pas le pouvoir d’aller à la frontière et d’empêcher les armes d’entrer. Je ne suis pas découragée, mais je suis un peu frustrée de la situation, parce que je n’ai pas tous les outils pour légiférer contre les armes de poing », a-t-elle dit, avant d’ajouter : « Chaque palier de gouvernement doit prendre ses responsabilités, et actuellement, je ne crois pas que le fédéral prend ses responsabilités ».

Sur place, la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a notamment révélé que le gouvernement provincial s’apprête à faire une annonce au sujet de la sécurité à Montréal. « Il faut travailler sur la question de la prévention, et c’est un engagement que l’on prend, en travaillant avec la mairesse de Montréal », a-t-elle indiqué en entrevue.

« Il faut que le fédéral call la shot. On est d’avis qu’il faut aller plus loin dans l’interdiction et ne pas déléguer les responsabilités », avait de son côté soutenu la ministre Guilbault, en laissant aussi entendre que la position du gouvernement Trudeau sur les armes de poing est « mal ficelée » actuellement.

Une rencontre doit d’ailleurs avoir lieu au courant de la semaine prochaine entre Mme Guilbault et Mme Plante, au sujet de la question des armes à feu. Des annonces pourraient suivre en ce sens dans les jours qui suivront, ont confirmé des sources à La Presse vendredi.

Thomas Trudel, 16 ans, retournait chez lui dimanche soir après une sortie au parc lorsqu’il a été abattu à deux pas de sa maison, dans Saint-Michel. Les motifs demeurent inconnus et aucune arrestation n’a encore été rapportée, plusieurs jours après le drame. Il s’agissait du 31e meurtre à survenir à Montréal cette année.