(Ottawa) Les députés conservateurs vaccinés contre la COVID-19 ne s’émeuvent pas devant la perspective que leurs collègues qui ne le sont pas seront privés d’un droit de vote.

Lundi, c’est l’élection du président de la Chambre des communes. Or, l’élection de celui qui arbitre les débats entre parlementaires se fait par vote secret, et en personne. Et à partir du 22 novembre, seules les personnes vaccinées pourront entrer en Chambre.

Le leader parlementaire conservateur Gérard Deltell, tout comme son collègue Alain Rayes, lieutenant québécois d’Erin O’Toole, ont eu un haussement d’épaules face aux limites imposées à leurs collègues non vaccinés.

« C’est leur choix personnel. Les règles sont claires et les gens qui entreront au parlement devront être doublement vaccinés », a lancé M. Rayes avant de s’engouffrer, jeudi matin, dans l’immeuble où les siens sont réunis pour une deuxième journée dans le but de préparer la reprise des travaux parlementaires.

À partir de lundi, cet immeuble, tout comme l’ensemble des édifices parlementaires à Ottawa, sera interdit aux non-vaccinés.

« La situation est claire. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, de surprenant. […] Nous respectons les règles et ceux qui peuvent assister à la Chambre doivent être vaccinés », a laissé tomber M. Deltell à son arrivée à la réunion de son caucus.

Son collègue Joël Godin, lui, se présente au poste de président de la Chambre. Jeudi matin, il espérait encore qu’il y aurait une façon d’accommoder ses collègues pour qu’il puisse faire le plein de votes conservateurs. Deux députés libéraux-le président actuel Anthony Rota et la Québécoise Alexandra Mendes-se disputent les votes des leurs.

« C’est important que tous les membres du Parlement puissent se prononcer sur la sélection du président ou de la présidente de la Chambre des communes. Maintenant, on verra comment ça va se réaliser. Jusqu’à lundi, il y a plein de choses qui peuvent se passer », a supposé le député Godin.

Jeudi, le greffier principal de la Chambre, Jeffrey LeBlanc, prévoyait encore que l’élection du président se fasse seulement en personne, « à moins que la Chambre en décide autrement ».

« Il y a toujours certains députés qui ne sont pas là […] pour toutes sortes de raison. Et je ne pense pas que ça pourrait être vu comme quelque chose qui contesterait la légitimité de l’élection », a répondu M. LeBlanc lors d’une séance d’information offerte aux journalistes.

Au dernier décompte de La Presse Canadienne, 36 députés conservateurs refusaient de dire s’ils sont vaccinés ou non. Au leadership conservateur, on refuse de donner le nombre de non-vaccinés. Jeudi matin, M. Deltell a dit tout simplement l’ignorer. Son chef a refusé une fois de plus, mercredi après-midi, de dire s’il connaît ou non ce nombre.

Les autorités des Communes ne sont guère plus transparentes. Impossible de savoir combien de députés n’ont pas encore présenté une preuve de vaccination. On a annoncé cependant que ce sont les effectifs du Sergent d’armes qui auront à s’assurer, à partir de lundi, qu’aucun élu non vacciné n’entre dans les édifices parlementaires.

« Les exigences en matière de présentation de la preuve vaccinale ont été communiquées aux députés et il est attendu que ces exigences seront respectées le 22 novembre », a offert, dans un courriel, Heather Bradley, du bureau de la Présidence de la Chambre.

Une fois les travaux parlementaires bien entamés-le discours du Trône sera lu mardi après-midi au Sénat-on s’attend à ce que libéraux et néo-démocrates se liguent pour faire adopter une motion qui permettra le retour de la forme hybride des réunions parlementaires. À partir de ce moment, les élus, qu’ils soient vaccinés ou pas, pourront participer aux débats en Chambre, tout comme en comités, à travers des écrans.

Les conservateurs et les bloquistes s’opposent au retour des réunions hybrides. Les 32 députés du Bloc québécois ont l’intention de se présenter tous en personne lorsque le Parlement siégera. Ils sont tous vaccinés ; les néo-démocrates aussi. Un seul élu libéral s’est prévalu d’une exemption médicale.

Le calendrier actuel prévoit quatre semaines de débats aux Communes avant un congé pour les fêtes de fin d’année à partir du 18 décembre.