(Québec) Régis Labeaume s’est montré « cordial » et « généreux » mercredi au moment de rencontrer le maire désigné de Québec, qui a battu sa dauphine par quelque 800 voix, tout en passant un message ou deux sur le tramway.

Les deux hommes ont brièvement pris la pose pour les photographes de presse. Ils ont ensuite échangé lors d’une rencontre privée d’une heure dans le bureau que M. Labeaume s’apprête à quitter après 14 ans.

« C’était une rencontre d’une heure et quart, très cordiale, on a ri. M. Labeaume a été très généreux. On prépare la transition », a dit Bruno Marchand.

« Il m’a donné plusieurs conseils sur la suite des choses. Il y a plusieurs décisions à prendre, notamment sur le budget. Comment éviter les écueils, éviter un blocage de l’administration. »

Les deux hommes ont notamment discuté du tramway. Le nouveau maire a l’intention de réaliser ce chantier de 3,3 milliards. M. Marchand avait toutefois laissé entendre que le projet pourrait être bonifié.

La préoccupation de M. Labeaume, c’est que ce projet soit livré dans les délais. Il a dit qu’il comprenait qu’on souhaitait apporter des modifications. Mais [en même temps, il souhaite] que ce projet soit livré dans les délais.

Bruno Marchand, maire désigné de Québec, à propos du projet de tramway

Mais le maire sortant s’est montré « très respectueux », aux dires de Bruno Marchand. « Du genre “vous serez maire, vous déciderez, mais voici ce que je pense qui pourrait être le plus efficace”. Il n’était pas du tout dans une perspective politique. Il était dans une perspective de quelqu’un qui aime sa ville et a envie qu’elle continue à être bonne comme elle est. »

Une opposition « positive »

La bonne entente ne régnait pas qu’au bureau du maire mercredi. Sur le parvis de l’hôtel de ville, le nouveau chef de l’opposition a livré un plaidoyer pour la collaboration dans un conseil divisé.

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Claude Villeneuve, nouveau chef de l’opposition officielle à Québec

« On a entendu le message de main tendue de M. Marchand. Notre intention, c’est que la Ville de Québec aille bien, que le Conseil fonctionne et que notre ville continue de prospérer », a annoncé l’ancien chroniqueur Claude Villeneuve, nommé chef mardi soir.

Nous voulons être une opposition constructive, voire même positive.

Claude Villeneuve, nouveau chef de l’opposition officielle à Québec et conseiller du district Maizerets-Lairet

Cette nouvelle dynamique découle de la composition du conseil. Équipe Marie-Josée Savard, héritier d’Équipe Labeaume, détient 10 postes de conseillers parmi les 21 du conseil.

Le parti dirigé par Claude Villeneuve va d’ailleurs changer de nom. « Ce ne sera pas Équipe Villeneuve », a pris soin de préciser le nouveau chef.

Québec forte et fière (QFF) de Bruno Marchand a fait élire 6 conseillers. Québec 21 en a 4 et Transition Québec a fait élire sa première conseillère.

La « grande coopération » qui se profile à Québec est au goût des deux principaux partis. Claude Villeneuve estime que « Bruno Marchand doit être imputable de ce qu’il a fait miroiter ».

Mais selon le chef de l’opposition, le nouveau maire « souhaite l’intérêt supérieur de la Ville de Québec » et son programme « ressemblait beaucoup au bilan d’Équipe Labeaume ». « Ce ne sont pas des visions très différentes », admet Claude Villeneuve.

Une idée absurde ?

Il n’écarte d’ailleurs pas l’idée de siéger au comité exécutif si le maire le lui propose. Comment un chef de l’opposition officielle pourrait-il siéger au comité exécutif ?

La question n’est pas simple. Richard Bergeron, alors chef de l’opposition officielle, avait quitté Projet Montréal en 2014 pour siéger comme indépendant lorsqu’il avait accepté l’invitation de Denis Coderre à faire partie du comité exécutif.

Joint par La Presse, M. Bergeron estime que l’idée que le chef de l’opposition siège au comité exécutif est « absurde » et qu’elle « ne devrait même pas être discutée ».

« Il n’y a pas de règle écrite. Mais il faut être solidaire de l’administration quand on est au comité exécutif, note-t-il. Comment être solidaire du comité exécutif quand on est chef de l’opposition officielle ? »

Que M. Villeneuve ne ferme pas la porte à un rôle sur le comité exécutif « est une bonne nouvelle », se réjouit Bruno Marchand.

« On va ouvrir les discussions avec M. Villeneuve et voir ce qu’il en est. On a besoin de ça. Si on garde la joute politique comme elle est traditionnellement menée, les citoyens vont y perdre », croit M. Marchand.

Bruno Marchand estime même qu’il serait contre-productif d’imposer en entier le programme de son parti. « On est obligés de prendre acte des résultats. Il va falloir prendre des choses dans les plateformes des autres partis », note le prochain maire, qui prêtera serment dimanche.

« Mettons nos intérêts personnels de côté et mettons la Ville au centre », dit-il.