Le monde municipal s’explique mal les bas taux de participation

(Québec) Scrutin après scrutin, le monde municipal se distingue par des taux de participation faméliques. L’UMQ et Québec appellent les électeurs à voter, mais cette année pourrait être particulièrement difficile.

Le maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) l’admet d’emblée : il a du mal à s’expliquer la faible participation des électeurs.

« Les municipalités ont gagné beaucoup de responsabilités dans les dernières années. On ne s’occupe plus seulement du réseau de distribution d’eau, des égouts et du ramassage des poubelles », note Daniel Côté.

« On est dans l’économie, les transports, les loisirs, la culture, le sport, le plein air. On est dans tout ce qui gouverne la vie de Monsieur, Madame Tout-le-Monde. Tout le monde devrait s’intéresser au municipal », dit-il.

Bon an, mal an, environ 45 % des électeurs votent pour élire leurs maires et conseillers. C’est beaucoup moins qu’aux autres ordres de gouvernement.

Aux dernières élections fédérales, le taux de participation a été de 62 %. Aux élections provinciales québécoises de 2018, 66 % des électeurs ont exercé leur droit de vote (il s’agissait de l’avant-dernier taux de participation de l’histoire depuis 1927).

La ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, dit en entrevue souhaiter « un bon taux de participation, malgré la pandémie ».

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

Si on veut avoir un impact direct sur sa qualité de vie, la qualité de nos services, il faut aller voter. C’est un geste simple. C’est très important. J’espère que le taux de participation sera très, très élevé.

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales

Mais un taux de participation « très, très élevé » serait surprenant cette année. Plusieurs éléments laissent craindre le pire, admet Daniel Côté.

« On sort d’une campagne fédérale. Alors ça se peut qu’il y ait une certaine fatigue », note le président de l’UMQ.

Un autre élément important : le vote itinérant, où les scrutateurs se déplacent par exemple dans des résidences pour personnes âgées, a été suspendu cette année à cause de la pandémie. Or, le vote itinérant affiche des taux de participation importants, entre 90 et 100 %, note Daniel Côté.

« Ces taux astronomiques là, on ne les aura pas cette année. Le vote postal est privilégié, mais c’est plus lourd et plus compliqué. Je ne m’attends pas à ce qu’il y ait un grand succès pour le vote postal. »

C’est sans compter les électeurs encore craintifs de se rendre au bureau de vote à cause de la COVID-19.

Des raisons d’espérer

Mais le portrait de la démocratie municipale n’est pas tout noir. Québec s’est attaqué à l’intimidation des élus, qui seront mieux encadrés sur cet enjeu central.

« Le gouvernement est derrière eux. On veut des candidats », lance Mme Laforest.

La ministre des Affaires municipales note aussi que le portrait des candidats est plus diversifié qu’avant.

« Cette année, on a plus de femmes. On a 35,5 % de candidatures féminines. En 2017, on en avait 31 %. On a aussi augmenté le nombre de jeunes », détaille Mme Laforest.

Plusieurs médias ont fait état d’une baisse d’intérêt des candidats pour la politique municipale. Mais l’UMQ a étudié les statistiques et elles pointent plutôt vers le statu quo.

« On va défaire un mythe. C’est similaire au passé », tranche Daniel Côté.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec

On a sorti les chiffres depuis les élections de 2005. On n’est pas loin des chiffres habituels pour les élus par acclamation et les postes laissés vacants. Il y a eu plus d’élus par acclamation en 2005 que cette fois-ci. Et les postes laissés vacants, c’est une centaine à chaque élection.

Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec

Le président de l’UMQ se dit toutefois conscient du travail à faire pour donner ses lettres de noblesse à la politique municipale. Ça commence par intéresser les citoyens à la chose municipale.

« Allez voter. Les enjeux sont extrêmement importants. Les transports en commun, les transports interurbains, le développement économique, les changements climatiques, la pénurie de main-d’œuvre, dit-il. Les municipalités sont aux premières loges. »

Taux de participation aux élections municipales

2017 : 44,8 %

2013 : 47,2 %

2009 : 44,8 %

2005 : 44,5 %