(Québec) L’étude environnementale fédérale du troisième lien Québec-Lévis est un gaspillage de fonds publics, croit le premier ministre François Legault.

« Moi, je préfèrerais qu’on ne dédouble pas les évaluations environnementales. Mais là c’est l’équipe de M. Trudeau qui semble vouloir continuer à faire du dédoublement, ce qui gaspille l’argent des contribuables », a dit M. Legault vendredi lors d’un point de presse dans le Bas-Saint-Laurent diffusé sur les ondes de RDI.

« C’est sûr que je trouve que le gouvernement de M. Trudeau est très centralisateur. Il veut dédoubler toute la gestion du réseau de la santé. Il n’y a pas un, mais deux ministres de la Santé au fédéral alors que c’est un champ de compétence des provinces […] Le Québec fait de bonnes études environnementales. Je ne vois pas pourquoi il faudrait dédoubler le travail.

Il réagissait à la sortie de son homologue Steven Guilbeault, le nouveau ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, qui a indiqué qu’Ottawa mènera sa propre évaluation environnementale du projet de tunnel autoroutier entre Québec et Lévis.

« Ce n’est pas dans le cadre d’une conversation sur le coin de la table qu’on va décider si c’est un bon ou un mauvais projet d’un point de vue écologique », s’est justifié M. Guilbeault.

La réplique de Québec n’a pas tardé. « Le gouvernent fédéral n’a pas à s’immiscer sur ces enjeux la quant à nous », a expliqué de son côté le ministre de l’Environnement Benoit Charette en mêlée de presse à l’Assemblée nationale. « Il ne faut pas dédoubler les évaluations environnementales. Au Québec, clairement, on a les évaluations environnementales les plus complètes. Dans le cas du troisième lien, on l’a dit dès le départ, on va couvrir tous les aspects de ses impacts environnementaux », a dit le ministre.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Le ministre québécois de l’Environnement, Benoit Charette

C’est contreproductif. C’est contre-intuitif. Le Québec a les meilleures procédures d’évaluation environnementales.

Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement

Son adjoint parlementaire, le député de Bourget Richard Campeau, n’était toutefois pas du même avis. Ce dernier a indiqué aux médias que « c’est aussi le rôle d’Ottawa » de procéder à ce genre d’étude. Questionné à savoir si la décision de M. Guilbeault allait de soi, il a répondu par l’affirmative. « Je le pense aussi, c’est un projet tellement majeur », a-t-il dit.

Contradiction

Il est « confiant » que le troisième lien passera le test de l’Agence d’évaluation d’impact du Canada. « On va voir ce qui va arriver. Il faut bien faire notre travail de notre côté, bien faire les représentations, mais j’ai confiance », a-t-il dit.

Il ne pense surtout pas que la décision d’Ottawa est une revanche contre François Legault, qui a appuyé le parti conservateur d’Erin O’Toole en pleine élection. « Quand on projet est gros comme ça, qu’il a de l’impact sur un tas de monde, j’ai de la misère à croire qu’une prise de position, qu’une parole dite une journée a de l’influence ad vitam aeternam et quasiment ad nauseam. J’ai de la misère à croire ça », a-t-il dit.

Du côté de l’opposition, le Parti québécois dénonce l’intervention d’Ottawa, qui n’a « rien à faire dans les évaluations environnementales qui touchent le Québec ». « J’ai été contre l’évaluation environnementale pour le projet Laurentia à Québec, j’ai été contre l’évaluation environnementale concernant GNL Québec, je suis contre l’évaluation fédérale pour le troisième lien », a dit le député Sylvain Gaudreault, qui souligne toutefois que le PQ s’oppose au projet autoroutier.

Le mégaprojet de 10 milliards qui doit relier les villes de Lévis et Québec est sous les projecteurs, avec la participation imminente de François Legault au sommet des Nations unies sur le climat, la COP26. La veille, le premier ministre a reconnu qu’il n’était pas en « en ligne avec les objectifs » verts du Québec. Le chef parlementaire de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois le mettait au défi de vanter « son autoroute à six voies sous le fleuve Saint-Laurent comme un projet vert » lors de son discours à la COP26, à Glasgow, en Écosse.

Vendredi, M. Legault a répliqué. « Les gens qui chialent activement ne proposent rien, pourtant il y a congestion, il y a un problème de circulation entre Lévis et Québec », a-t-il déploré.