(Ottawa) Débarquée au ministère des Sports il y a trois jours, Pascale St-Onge ignore si elle ira aux Jeux olympiques de Pékin dans trois mois pour encourager les athlètes du Canada. Mais pour le Bloc québécois, l’affaire est entendue : il serait « indécent » qu’elle se rende en Chine.

La nouvelle ministre demande un peu de temps avant de dire si elle assistera ou pas à ce grand évènement. « Je suis arrivée en poste il y a à peu près 72 heures, alors il reste encore beaucoup de breffages à avoir, mais aussi beaucoup de discussions à avoir au Conseil des ministres et au caucus », dit-elle en entrevue.

Les Jeux de Pékin s’ouvriront le 4 février prochain, sur fond de controverse, alors que le régime de Xi Jinping est accusé de perpétrer un génocide contre la minorité musulmane des Ouïghours. En février dernier, les élus des Communes en ont unanimement reconnu l’existence lors d’un vote auquel les membres du cabinet Trudeau n’ont pas pris part.

L’élue de Brome–Missisquoi, qui est la seule nouvelle députée à avoir accédé au Conseil des ministres, n’y était pas. Dans une conversation avec La Presse, elle affirme qu’elle n’a « pas de position à annoncer pour le moment » sur sa présence dans la capitale chinoise, mais que les libéraux ont « toujours dénoncé le non-respect des droits de la personne ».

Mme St-Onge n’a pas voulu communiquer d’avis personnel sur la question. « Il y a sûrement plein d’informations que je n’ai pas en main en ce moment, donc je ne suis pas à l’aise de donner une position personnelle aujourd’hui, parce qu’il me manque encore beaucoup d’informations », plaide-t-elle.

Ce serait « complètement indécent », dit le Bloc

Le député bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe s’explique plutôt mal cette hésitation et la « non-réponse » de la nouvelle ministre. « Je comprends qu’elle vient d’arriver dans ses fonctions, tempère-t-il. Mais ce serait complètement indécent d’envoyer une délégation de diplomates canadiens à Pékin. »

Il rappelle que la motion adoptée aux Communes est assortie d’un amendement de son cru, qui « demande au Comité international olympique de déplacer les Jeux olympiques de 2022 si la République populaire de Chine continue ce génocide ». Ainsi croit-il que la décision devrait déjà avoir été prise.

« Que la ministre doive même y penser aujourd’hui, c’est inquiétant. » Et par ailleurs, si le gouvernement Trudeau, qui « se présente en costume de Superman des droits [de la personne] un peu partout sur la planète », envoie une délégation là où un génocide est en cours, ce serait une « nouvelle contradiction libérale », affirme M. Brunelle-Duceppe.

Le Canada a dépêché des ministres aux trois derniers Jeux olympiques. Ancienne athlète paralympique, la ministre Carla Qualtrough est allée à Tokyo, en 2021, et à Rio de Janeiro avant cela, en 2016, pour les Jeux d’été. L’ancienne ministre Kirsty Duncan a quant à elle assisté aux Jeux d’hiver de PyeongChang en 2018.

En 2008, l’ex-premier ministre Stephen Harper avait refusé de se rendre à la cérémonie d’ouverture des Jeux d’été de Pékin, ce qui avait été critiqué à l’époque par le camp libéral. Deux ministres de son gouvernement s’étaient toutefois déplacés afin de prendre part à l’évènement.