En cette première journée d’une nouvelle session parlementaire, François Legault annonce de « grands chantiers de changement ». Dans une vidéo qui prend des airs d’une bande-annonce au discours qu’il prononcera mardi, le premier ministre trace la ligne de départ du dernier sprint avant le rendez-vous électoral de 2022. Mais dans cette course, les oppositions l’attendent de pied ferme.

(Québec ) « C’est le temps de se projeter vers l’avenir »

Le gouvernement caquiste a diffusé lundi sur les réseaux sociaux de François Legault une publicité mettant en valeur le premier ministre qui affirme que « les choses doivent changer ». Il place ensuite de grands thèmes qui marqueront ses priorités en cette année préélectorale. En santé, il dit que la « pandémie a montré les dysfonctionnements majeurs dans notre réseau », qu’il promet de corriger.

Il parle abondamment de fierté, tant en économie (« Il faut être plus autonomes ») que dans la défense des valeurs québécoises, qui préservent « notre cohésion nationale ». Dans son discours d’ouverture de la nouvelle session, mardi, le premier ministre dira que « c’est le temps de [nous] projeter vers l’avenir » et de lancer « des grands chantiers de changement », annonce sa publicité.

Mais où est l’environnement ?

La cheffe libérale Dominique Anglade trouve « sidérant » que François Legault n’aborde pas la crise climatique dans sa vidéo publicitaire. Alors que le premier ministre se rendra à la fin du mois au sommet des Nations unies sur le climat à Glasgow, elle se demande s’il y « vantera son troisième lien » routier entre Québec et Lévis. L’absence de l’environnement de la vidéo, « c’est très étonnant et très révélateur », renchérit le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire, lors d’une période des questions à l’Assemblée nationale

On peut bien parler de fierté, mais ça veut dire quoi, la fierté, si notre territoire est dévasté par les canicules, par les sécheresses, par les incendies de forêt et par l’érosion des berges ?

Gabriel Nadeau-Dubois, chef parlementaire de Québec solidaire

L’éducation a besoin d’attention

Le chef solidaire considère également que les écoles méritent « une opération massive pour ramener des professionnels » dans le réseau. Dans sa vidéo, François Legault – qui avait déjà fait de l’éducation une priorité de son mandat – affirme qu’il « faut tout faire pour aider [les jeunes] à réussir », alors qu’on « en doit toute une » à nos enfants pour avoir traversé des vagues successives d’infections à la COVID-19, qui ont bouleversé leurs habitudes scolaires.

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Dominique Anglade, cheffe du Parti libéral du Québec

Dominique Anglade constate pour sa part que « les gens s’arrachent les cheveux » dans les écoles du Québec, alors qu’ils sont confrontés, selon elle, « au pire ministre de l’Éducation qu’on n’a pas eu depuis longtemps ». Pour la prochaine année, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, souhaite que le gouvernement aborde de front la question de la santé mentale chez nos jeunes, qui a été, selon lui, « l’angle mort des derniers mois ».

« Un minimum de fierté »

Selon le chef péquiste, François Legault doit faire preuve d’un « minimum de fierté » et admettre que son approche fédéraliste donne peu de résultats.

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Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

Et si « on n’obtient que du mépris et de la négation [du gouvernement fédéral] envers nos demandes légitimes, [il faut choisir] notre liberté », clame M. St-Pierre Plamondon. Dominique Anglade trouve pour sa part que le premier ministre divise plus qu’il ne rassemble dans sa façon de parler de fierté en imposant ses valeurs comme celles de toute une nation. Son de cloche similaire du chef solidaire Gabriel Nadeau-Dubois, qui affirme que l’opération publicitaire lancée lundi n’est qu’une opération médiatique « largement préélectorale ».

Des attentes aussi élevées que les défis

Pour les oppositions, François Legault a le défi de répondre concrètement aux attentes des Québécois, confrontés à des crises exacerbées par la pandémie. Gabriel Nadeau-Dubois, de Québec solidaire, voit trois crises sur lesquelles le premier ministre sera jugé : « la crise climatique, la crise du logement et la crise des services publics ». La cheffe libérale Dominique Anglade déplore « des décisions sans vision » du gouvernement, comme lorsqu’il a baissé les seuils d’immigration. Combien de préposés aux bénéficiaires attendaient aux portes du Québec ? demande-t-elle. « Il faut sortir de la gouvernance à la pièce » et privilégier des mesures structurantes, exige pour sa part Paul St-Pierre Plamondon, du Parti québécois.