(Québec) La Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) craint que les visées constitutionnelles inscrites dans la réforme de la Charte de la langue française créent « un sentiment d’antipathie envers la francophonie » dans le reste du Canada.

Dans le projet de loi 96, dont les auditions publiques se terminent jeudi, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, prévoit enchâsser unilatéralement dans la Loi constitutionnelle de 1867 que les Québécois forment une nation dont la langue commune est le français. « Ce que nous comprenons de nos analyses initiales, c’est qu’effectivement, le Québec a le droit de modifier une partie de la Constitution », a déclaré au printemps dernier le premier ministre fédéral Justin Trudeau.

En commission parlementaire, jeudi, la présidente de la FCFA, Liane Roy, a souligné que les Acadiens et les francophones hors Québec reconnaissent la nation québécoise, tout comme sa capacité d’agir sur le plan constitutionnel, mais qu’ils craignent un « ressac » ailleurs au pays.

« On a trop vu dans le passé, quand on utilise un peu plus de force, disons, que ça éclaboussé un peu partout. Pour le cas de la constitution, c’est important de le faire en pensant aux autres régions et aux autres provinces et territoires », a-t-elle dit. La Fédération souhaite que Québec dialogue d’abord avec le fédéral avant d’agir unilatéralement dans la constitution.

Jolin-Barrette blâme Ottawa

Selon Simon Jolin-Barrette, le gouvernement fédéral est à blâmer pour ne pas protéger suffisamment la langue française à l’extérieur du Québec.

« C’est comme si on marchait sur des œufs [et qu’il] ne faudrait pas y aller trop fort parce qu’on pourrait choquer d’autres personnes dans la fédération canadienne. Ça me choque profondément parce qu’on perçoit que si le Québec veut protéger la langue française au Canada, on est sous la menace de représailles envers les communautés francophones dans le reste du Canada », a-t-il dit.

« Le rôle du gouvernement fédéral devrait être de protéger les minorités francophones et [acadiennes] partout [au Canada]. Le fait qu’au fil des années, ça n’a pas été fait et que les ressources n’aient pas été données par le gouvernement fédéral aux différentes communautés, ce n’est pas acceptable », a-t-il dit.