(Québec) Le président de la commission scolaire English-Montréal (CSEM), Joe Ortona, accuse Québec d’avoir orchestré « une attaque » contre la communauté anglophone en adoptant mercredi au Parlement une motion qui dénonce une récente résolution controversée de l’institution.

M. Ortona a récemment été exclu de l’équipe de candidats de l’aspirant maire de Montréal, Denis Coderre, après que la CSEM eut cité un professeur d’université qui nie l’existence de la nation québécoise. Cette citation figurait au préambule d’une résolution qui demande à Québec de retirer le projet de loi 96 réformant la Charte de la langue française.

Cette résolution a depuis été modifiée par la commission scolaire, qui a rappelé mercredi qu’elle reconnaît l’existence du peuple québécois. La CSEM dénonce plutôt l’utilisation de la clause dérogatoire dans le projet de loi du gouvernement Legault et demande à Ottawa de faire un renvoi devant la Cour suprême pour qu’elle se prononce sur sa légalité.

Mais à la fin de la période des questions, mercredi, le gouvernement est revenu à la charge et a déposé une motion sans préavis qui « dénonce catégoriquement les propos méprisants à l’égard de la nation québécoise soutenus par la commission scolaire English-Montréal », tout en déplorant « toute forme de Québec bashing et de québécophobie ». Cette motion a été adoptée à l’unanimité.

Pour Joe Ortona, cette motion est « une attaque contre nous, la commission scolaire, mais contre la communauté anglophone plus précisément ».

« On est déçus avec la position qui a été adoptée par tous les partis, incluant le Parti libéral du Québec. Je pense que certains députés auraient dû s’abstenir [d’appuyer] cette motion », a-t-il ajouté.

« On est tous Québécois »

En point de presse, le président de la CSEM a livré un plaidoyer sur le fait que les opposants au projet de loi 96 ou à la loi 21 sur la laïcité de l’État ne font pas de « Québec bashing » et ne sont pas moins Québécois que ceux qui soutiennent le gouvernement.

« On est tous des Québécois. L’opposition à la loi 21 ou l’opposition au projet de loi 96, ça ne vient pas d’Ottawa, du Manitoba ou de l’Alberta. Ça vient de Québécois comme moi et comme d’autres qui pensent que ces lois ne font pas avancer le Québec », a-t-il dit.

Pour M. Ortona, si une majorité de Québécois appuient un projet de loi, « ça ne fait pas de la minorité dissidente des anti-québécois, des francophobes ou des participants à du Québec bashing ».

« Je suis Québécois et j’en suis fier. Je suis né ici. J’ai vécu toute ma vie ici. Critiquer un projet de loi en soi n’est pas du Québec bashing », a-t-il ajouté.

Une réforme « modérée », répète Québec

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a répété mercredi que sa réforme de la loi 101 est modérée. Il a ajouté qu’elle protégeait les droits de la communauté historique anglophone du Québec, notamment en leur assurant la priorité dans les admissions aux cégeps de langue anglaise.

Le gouvernement entamera la semaine prochaine des audiences publiques sur l’étude du projet de loi 96. Déjà, deux visions de la protection du français s’opposent. Des démographes estimaient mercredi dans La Presse que Québec devait ajouter des mesures à sa réforme, comme restreindre le financement aux institutions anglophones, alors que plusieurs membres de la communauté anglophone ont exprimé des craintes au cours des derniers jours de voir l’accès aux services en anglais rétrécir au Québec.